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Vive la Catalogne libre - Carles Puigdemont à Genève : la visite qui fait « grincer les dents » en Espagne

jeudi 15 mars 2018, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 15 mars 2018).

Carles Puigdemont à Genève : la visite qui fait « grincer les dents » en Espagne

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Luis Lema
Publié mercredi 14 mars 2018 à 21:23
modifié jeudi 15 mars 2018 à 09:41

L’ex-président de la Catalogne est l’invité du festival des droits de l’homme à Genève. Une tribune offerte au politicien ?

On l’avait surnommée « Opération Playmobil ». S’il était articulé depuis longtemps, le nom de Carles Puigdemont, l’ancien président du gouvernement catalan, ne devait pas (trop) apparaître publiquement. « Nous attendons encore des garanties, tout cela est très compliqué », murmurait-on encore mardi soir à Genève, entre deux projections, au sein du Festival du film et forum international sur les droits humains (FIFDH).

L’opération Playmobil a pourtant abouti : Puigdemont – l’une des figures centrales du psychodrame qui secoue l’Espagne sur la question de l’indépendance de la Catalogne – assistera bien aux débats organisés dans le cadre du FIFDH. Bien plus : il en sera le point d’orgue, puisque c’est autour de lui que se déroulera la dernière soirée du festival, ce dimanche.

Aucune mesure particulière prévue

Pour l’ex-président catalan, l’intérêt politique est évident, d’apparaître ainsi, à Genève, au sommet d’un festival consacré aux pires horreurs qui font trembler la planète. Actuellement « exilé » en Belgique, Carles Puigdemont a vu se faire emprisonner en Espagne ses coreligionnaires, au premier rang desquels Jordi Sanchez, appelé à devenir son successeur à la tête de la Catalogne.

Cette escapade genevoise doit durer plusieurs jours, puisque le héraut de l’indépendance catalane doit aussi donner une conférence le mercredi suivant, au sein du Graduate Institute. Cette présence au bout du lac s’ajoute à celle d’Anna Gabriel, une ex-députée catalane d’extrême gauche, dont les tribulations à Genève ont mis en émoi une bonne partie de l’Espagne.

Aucune mesure de protocole particulière n’a été prévue pour Carles Puigdemont, dont le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) souligne le caractère « privé » de la visite en Suisse. Le communiqué du DFAE – qui dément par ailleurs une « garantie » quelconque donnée au FIFDH – a de quoi faire rosir de satisfaction les joues des autorités de Madrid : qualifiant Puigdemont de « politicien espagnol » (et non catalan), le DFAE « rappelle » aussi que « la question de la Catalogne est une affaire de la politique intérieure de l’Espagne » et que cette question doit être traitée « dans le cadre de l’ordre constitutionnel espagnol ». Une formule que ne renierait pas le premier ministre espagnol Mariano Rajoy.

« Une blague »

Hors micro, les officiels espagnols ne le cachent pas : la décision du FIFDH provoque chez eux un « grincement de dents ». « La présence de Puigdemont dans ce festival, par ailleurs profondément respectable, est une blague. Place-t-on le problème catalan, en termes de respect des droits de l’homme, au-dessus de la Syrie, de l’Irak ou de la Palestine ? Cela nous laisse songeurs. » La même source, au sein de la diplomatie espagnole, insiste : « Le problème, ce n’est pas tant la présence de Puigdemont que le manque de contradicteur. Tout cela ne sert qu’à lui accorder une tribune où il pourra à son aise jouer la victime. »

Aux côtés de l’ex-président catalan sont pour l’instant annoncés le professeur Nicolas Levrat, acquis au bien-fondé de la cause de l’indépendantisme, ainsi que Micheline Calmy-Rey. L’ancienne conseillère fédérale est en quelque sorte disqualifiée par les autorités de Madrid du fait de son empressement, il y a dix ans, à reconnaître l’indépendance du Kosovo, l’entité ex-serbe qui n’est toujours pas reconnue par l’Espagne.

« Il y aura une contradiction. Toutes les positions seront représentées », répond Philippe Mottaz, responsable éditorial du FIFDH, qui insiste aussi sur la pertinence d’un tel débat : « Il ne fait absolument aucun doute qu’il s’agit d’une discussion, hautement politique, qu’il faut avoir aujourd’hui. Elle engage le droit des Etats et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. C’est une question très directement liée aux droits humains. »

Risque d’esclandre ?

Le FIFDH court-il le risque d’un esclandre, tant les passions sont brûlantes autour de cette question ? La police fédérale pourrait-elle intervenir en cas de demande impromptue de l’Espagne ? Folco Galli, porte-parole de l’Office fédéral de la justice développe la même argumentation que lorsqu’il s’agissait d’expliquer le statut en Suisse de la parlementaire Anna Gabriel : « Toute extradition pour des délits politiques est exclue », rappelle-t-il, en insistant toutefois sur le fait que la Suisse devrait « examiner en profondeur » une éventuelle demande en ce sens venant de l’Espagne.

Une telle demande a été suspendue par l’Espagne à l’égard de la Belgique en décembre dernier. Et sa réactivation paraît d’autant plus improbable qu’il faudrait ici (soit hors de l’Union européenne) activer le mécanisme prévu par Interpol, et non pas seulement un mandat d’arrêt européen. L’« Opération Playmobil » devrait donc se dérouler sans encombre.

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