Le Point ecrit cette semaine l’histoire extraordinaire de Catherine Hutin-Blay, la belle-fille de Pablo Picasso, qui a peut-être perdu jusqu’à 258 œuvres peintes par le maître.
Depuis la mort de sa mère, Jacqueline Roque, deuxième épouse de Pablo Picasso, Catherine Hutin-Blay gérait l’une des collections privées d’œuvres d’art les plus impressionnantes : des centaines d’œuvres peintes par son beau-père de renom.
Cependant, en 2011, Blay a contracté une entreprise de transport d’art pour déplacer et cataloguer certaines des œuvres. Quelque temps plus tard, elle a commencé à réaliser que certaines des œuvres ont peut-être disparu.
Blay a déposé une plainte auprès des autorités françaises qui ont arrêté un certain nombre de suspects, dont Olivier Thomas, et le marchand d’art suisse Yves Bouvier. Bouvier a par la suite été frappé par un procureur de Paris qui a reçu des accusations criminelles qui incluaient la réception de biens volés.
Plus extraordinaire encore, deux des œuvres que Blay alléguait lui avoir été volées, furent découvertes plus tard dans la collection d’un autre riche collectionneur, qui les avait achetées de bonne foi par l’intermédiaire de Bouvier.
Ces œuvres ont été retournées à Blay en 2015 mais le mystère a continué.
Cette semaine, il est apparu que l’ampleur des vols pouvait être monumentale, y compris jusqu’à 258 œuvres. Les enquêteurs croient maintenant que les travaux ont été volés dans un entrepôt loué par l’entreprise de transport. Un travail minutieux de catalogage des œuvres restantes a définitivement établi que ce sont en fait 258 qui ont été perdues.
Le reportage de Le Point décrit un casting coloré de personnages qui peuvent être impliqués, y compris non seulement Yves Bouvier et Olivier Thomas, mais aussi un médecin appelé Herbert Pfeffer, qui est marié à un galeriste parisien, et qui aurait vendu certaines œuvres. Spécialiste des estampes modernes et contemporaines, sa femme, Annette, gère une vitrine, la galerie Belle et Belle.
Bien sûr, l’affaire Blay n’est que l’un des scandales récents sur le marché de l’art, bien que ce soit certainement l’un des plus importants. En effet, Yves Bouvier est actuellement impliqué dans trois des 10 plus grands scandales du marché de l’art. Bouvier aurait trompé les grands collectionneurs du monde entier en leur vendant des œuvres d’artistes célèbres à plus du double du prix de leur valeur réelle.
Dans le premier cas, Bouvier est accusé d’avoir fraudé la famille Rybolovlev basée à Monaco en relation avec la vente de tableaux de Modigliani, Picasso et Leonardo Da Vinci, ainsi que d’autres artistes. Les représentants de la famille estiment les pertes à 1 049 465 009 dollars.
Cela signifie qu’il a payé le double du prix de sa collection. L’affaire est devant le tribunal.
Consortium de commerçants
Un deuxième cas concerne la peinture "Sauveur du Monde (Salvator Mundi)" de Léonard de Vinci vendue en 2013 à Yves Bouvier par le consortium de commerçants d’art composé de Warren Adelson, directeur de la galerie Adelson, et des marchands d’art new-yorkais Alexandre Perish et Robert Simon, via la maison Sotheby’s pour 80 millions de dollars. Bouvier vendit immédiatement le tableau à Rybolovlev pour 127,5 millions de dollars. L’œuvre a été initialement achetée par Alexander Perish en 2005 pour 10 000 dollars, en tant que produit de l’un des étudiants de Da Vinci. Les experts de la maison Sotheby’s ont alors conclu que le tableau n’appartenait pas à l’un des étudiants mais à Da Vinci lui-même. L’affaire est devant les tribunaux, le consortium cherchant à obtenir une compensation pour la perte de revenu de sa revente à Rybolovlev à un prix plus élevé.
Le troisième cas est bien entendu celui de Catherine Hutin-Blay, qui reste devant les tribunaux français.