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Eurêka, je parle le macron !

lundi 23 avril 2018, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 23 avril 2018).

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17 avril 2018

Aline de Diéguez

Comme je craignais de finir par m’impuissanter dans une vie de méditation et de travail intellectuel, j’ai pivoté vitement en direction du business model. Cette initiative salvatrice m’a permis de découvrir la magie et la sublime efficacité de la culture invented here. Mon coeur s’est dilaté et mes yeux se sont ouverts. J’ai enfin compris le merveilleux avenir qui attendait une France devenue une start up nation.

En même temps, avec humilité, j’ai pris conscience de la faiblesse de ma participation à un projet aussi grandiose . Heureusement, un petit groupe de helpers de la team love de mon président bien aimé s’est précipité à mon secours . Mais, arrivés à ma hauteur, bardés du poignard d’une langue vipérine et de l’arrogance de ceux-qui-savent face au package de la masse informe dont je suis issue, ils ont commencé par m’accabler du mépris propre à des élus aux ongles acérés et aux dents pointues.

O pauvre verminière, seras-tu un jour à la hauteur de la silver economy, soupira le helper très aimé, le grand favori, celui qui dirige la cordée vers les sommets himalayens de la réussite économique et des matins qui chantent. Il siège comme il se doit à la droite de dieu sur un coussin de velours cramoisi. Il ajouta, condescendant : "Tu n’as sur toi corde ni cordillon pour apprécier à sa juste valeur les prodiges sonnants et trébuchants de la green tech. Va te cacher que Jupiter ne te voie."

Devant ma mine déconfite, un helper secourable, animé par l’esprit de bienveillance qui est censé auréoler tous les membres de la cour jupitérienne, s’est détaché du groupe arrogant et intercéda en ma faveur. Bien que je ne puisse faire état de la moindre serpe, ni serpillon, grade, ni gradillon , brevet, ni brevillon, ma bonne volonté devait être prise en compte argumenta-t-il. La civic tech, voilà la branche du business model adaptée à la modestie de mes compétences.

A donc, mettant un genou à terre, j’ai gentement mercié le helper secourable grâce auquel je peux désormais nager dans le lait de chamelle importé à grands frais de l’Arabie heureuse de nos très chers amis aussi barbus qu’enchiffonnés, et me nourrir du miel et de l’ambroisie des élus du pouvoir.

Depuis lors, intégrée dans la team love qui entoure et cajole jour et nuit notre dirigeant adoré et légèrement insomniaque, je me gave, mais en cachette, du lard et de la chair crue de mes anciens condisciples trop mous du bulbe pour avoir mérité la grâce offerte par la nouvelle Pentecôte.

Je regrette seulement, mais juste un tout petit peu, de voir, au fil de nos rencontres, qu’ils deviennent de plus en plus maigrichons.

Que ferons-nous, couinent en chœur les nouveaux apparatchiks du business model quand, à force de grignoter les muscles et le gras de ceux qui ne-sont- rien, nous arriverons aux tendons, puis à l’os ? Le peuple des pas-grand-chose est décidément bien contrariant, alors que nous sommes si bons et si intelligents et que notre pro-je-e-e-et est si bien conçu..

C’est notre pro-je-e-e-et et il est mirobolant chante la team love à la fin des réunions secrètes tenues sous les ors du palais olympien à l’heure où les illettrés ronflent sous la couette !

Et voilà comment, par la grâce du souffle d’un Esprit particulièrement facétieux, j’ai, en un clin d’œil, ajouté au capital des six langues dans lesquelles je peux m’exprimer, la connaissance d’une septième langue étrangère, le macron. Je ne regrette pas de débarrasser ma cervelle des vieilleries grecques et latines et de les remplacer par l’idiome macronique invented here, le plus précieux, le plus gratifiant, le plus bankabel de toutes les langues de la terre , celui qui permet de côtoyer avec délectation ceux qui-ont-tout, de humer le délicieux parfum de réussite et de dollars des golden boys rothschildiens qui accompagne chacun de leurs pas et de m’approcher si près du paradis sur la terre que je peux presque le toucher du bout des doigts.

Ut palea. Traduction en macronien : tout le reste est carabistouille, galimatias et poudre de perlin pimpin. Alléluia .

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