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Lord Energy : Lutte contre le financement du terrorisme, mythe ou réalité ?

vendredi 8 juin 2018, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 7 juin 2018).

Les autorités des pays occidentaux mettent elles tout en œuvre pour étrangler financièrement l’islam radical ou regardent-elles ailleurs ?

« Si vous voulez comprendre quelque chose à l’organisation et la structuration des organisations armées de l’Islam radical… suivez l’argent, mais méfiez-vous parce que l’argent, c’est comme l’eau, ça coule où ça peut… et souvent ça se perd dans les sables ! »

Cette phrase a été prononcée à la fin des années 1990 par Georges Kardouche qui était, à l’époque le président de l’Association des banquiers arabes de Londres. L’histoire du financement de l’islam radical n’est donc pas récente, même si les gouvernements font mine de la découvrir, trente ans plus tard.

Le journaliste, Richard Labévière, spécialiste du Proche et Moyen-Orient raconte qu’au début des années 1990 avec une équipe de la Télévision suisse romande (TSR), ils avaient vu des mallettes d’argent quitter Genève et Lugano en direction du Groupe Islamique Armés (GIA), des milices qui ont ensanglanté l’Algérie pendant près d’une décennie. Ils avaient alors tenté d’en suivre la trace.

Après l’attentat de Louxor en 1997, où une soixante de touristes, dont 35 ressortissants suisses, avaient trouvé la mort, leur enquête avait fini par aboutir par l’implication d’une société financière nommée Al-Taqwa (la piété en arabe), basée à Lugano. Cette société apparaissait comme une vitrine de l’une des banques des Frères musulmans.

Il faudra attendre la catastrophe du 11 septembre 2001, pour que le PDG de cette structure, Youssef Nada, soit inscrit sur la liste noire des Etats-Unis et des Nations-Unis, il était soupçonné d’avoir financé Al-Qaïda. Le nom du financier de l’ombre sera finalement retiré de toutes ces listes en 2015, faute de preuve…

Mais qu’est devenu ce groupe ?

Après toutes les accusations portées contre elle, Al-Taqwa a fermé ses portes, mais ce groupe est-il vraiment mort pour autant ? Non, si l’on en juge la société Lord Energy, basée, elle-aussi à Lugano. Cette société a recyclé les enfants des dirigeants d’Al-Taqwa. Le fils de Youssef Nada, prénommé Hazim est le CEO de Lord Energy, et son secrétaire Youssef Himmat, est le rejeton d’Ali Ghaleb Himmat, cofondateur d’Al-Taqwa. Jusqu’à l’année dernière, un autre « fils de » travaillait à leurs côtés. Il s’agit de Omar Nasreddin, dont le père Idriss a été la cheville ouvrière de tous les financements opaques du groupe mis au ban de l’ONU et des Etats-Unis. Lord Energy est spécialisé dans le trading de ciment ensaché et revendique une très bonne place dans le domaine puisqu’elle ferait transiter un cinquième du volume transporté en Méditerranée. Lord Energy est également active dans le pétrole et le gaz et commercerait avec des pays aussi éthiques que la Libye post-Kadhafi.

Comment suivre la trace de ses circuits financiers ?

Avec des parents qui ont expérimenté toutes les places offshores, des Iles Vierges Britanniques aux Bahamas, les enfants sont allés à bonne école. Depuis la fin des années 90, les circuits financiers se sont complexifiés encore un peu plus, mais dans le même temps, les réglementations se sont durcies.

Sauf que même avec une législation pointilleuse rien ne se fait sans volonté politique. Et c’est là où le bât blesse, car il ne suffit pas de se gargariser de belles paroles ou de grandes conférences comme le rappelle Richard Labévière.

Lorsque son équipe et lui avaient identifié Al-Taqwa comme une courroie de transmission du financement du terrorisme, il s’en était entretenu avec Carla Del Ponte, alors Procureur de la Confédération helvétique. « Allez-vous ouvrir une instruction contre cette société » lui avait-il demandé ? Et la magistrate rebelle de répondre : « Mais vous êtes fou, mon boulot n’est pas de détruire la place bancaire helvétique, parce que si je fais cela des milliards de dollars quitteront immédiatement Lugano, Genève et Zurich dans l’heure qui suit »

Trente ans plus tard, le monde a-t-il vraiment changé ?


Ci-dessous, les articles en liens par ordre d’apparition.


Les nouveaux enjeux de la lutte contre le financement du Terrorisme

http://www.lareference-paris.com/80

Richard Labévière

السبت 31/مارس/2018 - 01:21 ص

Il s’agit de toiletter une vieille question - celle du financement du terrorisme -, qu’il faut aujourd’hui doubler d’un constat nécessaire : celui de nouvelles évolutions et de nouveaux enjeux !

Depuis qu’elle se pose de manière récurrente, la question a bougé, s’est reconfigurée et, peut-être, même a-t-elle disparu, du moins, dans sa formulation classique. Etudiant de Michel Foucault, je me souviens de son insistance répétée à nous dire : d’où parlez-vous, lorsque vous abordez une problématique - qui, la plupart du temps - a toujours déjà commencé…

En l’occurrence, nous sommes quelques-uns en Europe, à avoir essayer de comprendre ce qui s’est joué en Algérie entre 1988 et 1998, la « décennie sanglante », qui a fait quelque 200 000 morts.

Et on ne répétera jamais assez que cette guerre civile algérienne a été le laboratoire de l’Islam radicalisé ou du moins des factions qui — à l’époque — s’en sont revendiqué ; laboratoire en termes de discours, de modes opérationnels et moyens de financement.

A l’époque - au début des années 1990 - avec mon équipe de la Télévision suisse romande (TSR) - on voyait des mallettes d’argent liquide quitter Genève et Lugano, en Suisse Italienne, en direction des maquis algériens des GIA (Groupes islamiques armés) et d’autres factions armées.

On a décidé d’en suivre quelques-unes pour différencier - déjà - trois niveaux : un financement par le haut partant de banques, de sociétés fiduciaires et d’ONGs ayant pignon sur rue.

Un financement par le bas, émanant de collectes effectuées dans certains lieux de cultes et organisations dites culturelles ou caritatives derrière lesquelles on retombait invariablement sur la Confrérie des Frères musulmans.

Un troisième mode de financement impliquait déjà l’interface petite/moyenne délinquance et violence armée.

L’amont et l’aval

A la suite de l’attentat de Louxor, en novembre 1997, une soixantaine de touristes occidentaux dont 35 ressortissants suisses sont assassinés sur les marches du temple d’Hadchepsout dans la vallée des rois. L’enquête finira par aboutir à l’implication d’une société financière du nom d’At-Taqwa (la piété), devanture de l’une des banques des Frères musulmans installée à Lugano et à Nassau au Bahamas (Etats-Unis).

Et lorsqu’à l’époque, on demandait à Madame Carla del Ponte - qui était à ce moment-là Procureure de la Confédération helvétique - si elle allait ouvrir une instruction contre cette société… elle nous répondait un peu gênée et hors caméra bien-sûr : « mais vous êtes fou, mon boulot n’est pas de détruire la place bancaire helvétique, parce que si je fais cela des milliards de dollars quitteront immédiatement Lugano, Genève et Zurich dans l’heure qui suit… »

Quelques temps après, interviewant feu Georges Kardouche — paix à son âme — qui était le président de l’Association des banquiers arabes de Londres, celui-ci nous disait : « si vous voulez comprendre quelque chose à l’organisation et la structuration des organisations armées de l’Islam radical… suivez l’argent, mais méfiez-vous parce que l’argent, c’est comme l’eau, ça coule où ça peut… et souvent ça se perd dans les sables ! »

Du début des années 1990 et jusqu’aux attentats du 11 septembre 2001, on a vu monter en puissance une menace terroriste émanant de l’Islam radical sunnite, directement attribuable à la mouvance d’Oussama Ben Laden à partir de 1998. Et d’ores et déjà, on pouvait tirer quelques conclusions qui sont toujours, plus ou moins pertinentes.

Le financement du terrorisme à proprement parler, c’est-à-dire de la phase opérationnelle, du passage à l’acte n’est pas vraiment la question : les attentats du 11 septembre 2001 ont coûté moins de 500 000 dollars, celui de Louxor, le prix de quelques Kalashnikov et hachoirs. Les budgets des attentats plus récents survenus en France, en Grande Bretagne, en Suède ou en Allemagne sont eux-aussi parfaitement dérisoires !

De fait, la question du financement du terrorisme se recompose essentiellement en deux corollaires : le financement « en amont » et le financement « en aval ».

Avec le financement en amont, on touche à des sommes autrement plus conséquentes parce qu’elles concernent le recrutement, l’endoctrinement et la formation des activistes avant le passage à l’acte. Par conséquent, on entre ici plus précisément dans le financement de la production d’idéologies radicales, d’un enseignement à partir d’écoles, d’instances de formation, de production de discours (écrits, sonores, mis en images et numérisés), de diffusion et de distribution.

Avec le financement en aval, nous touchons au service après-vente - après le passage à l’acte - à la prise en charge des familles et des proches, dans le cas particulier des attentats suicides -, d’opérations de chirurgie plastique effectuées au Brésil ou au Liban, lorsque les survivants doivent changer de visage, d’identité et d’adresse. Et là, on touche aussi à une économie générale de recyclage qui nécessite des moyens importants.

Un financement territorialisé

En effet, à partir des années 2012/13/14, l’émergence de Dae’ch – Organisation Etat islamique – modifie quelque peu la donne avec une entité terroriste qui dispose d’un support territorial.

C’est-à-dire qu’aux rationalités de financement en amont et en aval, s’ajoute un financement endogène, territorialisé qui recourt aux trafics de pétrole brut, de coton et d’antiquité. S’ajoute – à la marge - l’impôt islamique circonstancié qu’on prélève sur des populations passablement insolvables, sinon exsangues…

Momentanément vaincu en Irak et en Syrie, Daech va vraisemblablement se redéployer au Caucase, dans le Xynkiang chinois, dans la bande sahélo-saharienne - des côtes de Mauritanie, jusqu’à la Corne de l’Afrique déjà passablement affecté par un « terrorisme de razzia » qui rapporte beaucoup d’argent. Daech se reconfigurera aussi en Europe et dans d’autres pays occidentaux et d’Asie centrale.

Plus récemment, la mise en examen de deux cadres du cimentier français Lafarge illustre une nouvelle ruse du financement du terrorisme. On pourrait en dire tout autant de certains aspects de la « diplomatie économique » chère à l’ancien ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, notamment lorsqu’on étudie certains contrats signés avec l’Arabie saoudite pour ne citer que cette grande démocratie !

Ces différents rappels m’amenaient à écrire - dans un petit livre qui date de l’année dernière - Terrorisme face cachée de la mondialisation -, après une trentaine d’années d’enquêtes, de recherches et de reportages de terrain sur la question, que le terrorisme et ses financements s’étaient quelque peu banalisés et normalisés, allant jusqu’à disparaître dans les rouages normaux et normés de la mondialisation économique, commerciale et financière !

Dans un essai fulgurant qui date de 1957 - La Part maudite - Georges Bataille, étudiant les sociétés pré-colombiennes, explique que tout phénomène d’expansion économique détient sa face d’ombre, son revers nécessitant un incompressible gaspillage qu’il appelle la « consumation ». Et lorsqu’on étudie précisément les logiques financières du terrorisme, comme celles du contre-terrorisme, force est de reconnaître qu’on est bien en présence d’autant d’économies politiques dont les mécanismes se généralisent et se normalisent par, grâce et à travers à une part de consumation… donc de destruction et de crimes !

Dans cette perspective, le terrorisme et ses financements ne doivent plus être analysés comme des pathologies, des moments extraordinaires de crise, de surchauffe ou de fièvre passagère, mais bien comme de nouvelles logiques normales, normatives et globales.

Pour ne pas conclure, arrêtons-nous deux secondes sur les dernières révélations des Panama-Papers et Paradise-Papers avec à la clef un scoop mondial : l’argent du crime organisé et du terrorisme transite par … des places off-shore !!! Merveilleuse découverte !

Extraordinaire révélation ! Mais lorsque vous osez rappeler que la majorité de celles-ci se trouvent sous pavillons britanniques ou américains, vous passez pour le dernier des mal-pensants…

En fait, il se peut que notre modeste discussion repose sur une vraie fausse question ou sur une fausse vraie question.

Une essence disparaissante

En définitive, le financement du terrorisme, c’est comme l’esprit de Hegel.

A la fin de son introduction à La Phénoménologie de l’esprit , le philosophe d’Iéna écrit de l’esprit qu’il est « une essence disparaissante », c’est-à-dire une substance qui se dilue et finit par disparaître, absorbée par la vie quotidienne des hommes enfin libérés des obligations de la substance et de la reproduction.

Des maquis algériens aux attentats de Paris, de Londres et d’ailleurs, des versements de Lafarge à des groupes armés à l’exonération fiscale des opérations immobilières des princes du Qatar, le financement du terrorisme est certainement devenu l’essence disparaissante de notre modernité mondialisée.

Pour faire avancer le débat et la compréhension, disons que le lien entre le djihadisme et le wahhabisme est avéré depuis plus de deux siècles - à quatre reprises depuis l’expédition Bonaparte en 1798 - avec cette constante que la tribu des Saoud instrumentalise régulièrement le salafisme violent au service de ses intérêts mais échoue systématiquement à en contrôler les développements et effets pervers et ne trouve son salut que dans l’intervention armée de puissances étrangères, en général non arabes et non musulmanes, qui doivent ensuite supporter le poids militaire et financier de cette intervention, la responsabilité morale et la culpabilité de ses conséquences, le soupçon sans cesse recommencé de mener une croisade contre l’Islam.

Alors, on peut faire semblant de regarder ailleurs pour des raisons d’opportunité économique ou diplomatique comme on l’a fait pendant des années pour le Qatar. Je n’ai pas à en juger, c’est le problème de nos dirigeants élus. Mais il serait dangereux d’ignorer ou de nier le phénomène. Et il serait totalement vain dans ces conditions de prétendre inventer des martingales infaillibles pour neutraliser la violence djihadiste - et surtout ce qui y conduit- en ne s’attaquant même pas à ses véritables financements que l’on ne veut pas voir.

Dernière précision, en août dernier, devant la conférence des ambassadeurs de France, le président de la République a annoncé la tenue à Paris d’une conférence internationale consacrée au « financement du terrorisme ».

Cette conférence devrait réunir une cinquantaine de pays le 26 avril prochain à Paris. Pour l’instant - et compte tenu des dernières évolutions de la guerre en Syrie – la tenue de cette conférence n’est toujours pas confirmée !


La vie secrète de Youssef Nada, ambassadeur de l’ombre des Frères musulmans

https://www.letemps.ch/opinions/vie…

Sylvain Besson
Publié mercredi 20 novembre 2002 à 01:24

Principal inculpé dans l’enquête ouverte par la Suisse après les attentats du 11 septembre, le banquier égyptien s’est confié à la chaîne arabe Al-Jazira. Il admet avoir occupé de hautes fonctions au sein de la confrérie qui est la mère de tous les mouvements islamistes modernes

Une atmosphère presque romanesque entoure la villa de Youssef Nada, à Campione, enclave italienne située en face de Lugano. Après avoir roulé longuement dans un immense parc, le visiteur parvient à un mur percé d’un interphone d’où sort la voix d’une vieille dame chargée de tenir à distance les importuns. N’entre pas qui veut chez Youssef Nada, ce septuagénaire qui fut, à la tête de la banque « de la piété » (Al-Taqwa), basée à Lugano avant sa dissolution à la fin de 2001, l’un des financiers les plus puissants du mouvement islamiste international.

Jusqu’à aujourd’hui, la vie de Youssef Nada, âgé de 71 ans, était demeurée un mystère. En août dernier, pourtant, le banquier a levé un coin du voile sur son étonnante carrière. Au cours d’un entretien de près de dix heures diffusé par la télévision Al-Jazira, Youssef Nada, qui s’exprime dans un arabe populaire fortement teinté d’accent égyptien, a expliqué n’être « qu’une ligne dans la grande encyclopédie des Frères musulmans ». C’est déjà un aveu rare pour un membre de cette organisation – qu’il définit comme « un grand mouvement islamiste modéré » – fondée en Egypte il y a 70 ans, qui est la matrice de tous les groupes islamistes actuels.

Durant presque toute son existence, Nada a été au service des Frères : enrôlé pendant son adolescence dans la lutte contre le colonialisme britannique, il a été jeté en prison par le régime de Nasser, avec des milliers d’autres militants, entre 1954 et 1956. Il s’est ensuite exilé en Libye, puis en Tunisie, avant d’être accueilli à la fin des années 60 par les dirigeants de la junte des colonels en Grèce : à l’époque, les Frères musulmans, anticommunistes, étaient soutenus par l’Occident.

Sur la chaîne arabe, Youssef Nada a pour la première fois reconnu que son rôle chez les Frères dépassait celui de simple banquier : en fait, l’homme d’affaires a longtemps été le « délégué aux relations internationales » de l’organisation. Cet ambassadeur de l’ombre, bien introduit auprès de dirigeants arabes tels que le président tunisien Bourguiba ou l’ancien roi Fayçal d’Arabie saoudite, semble être intervenu dans presque toutes les crises traversées par le Proche-Orient depuis les années 60. Ainsi, en 1990, il rencontrait Saddam Hussein à Bagdad pour lui proposer un plan de paix incluant le retrait de l’armée irakienne du Koweït et son remplacement par des troupes de pays musulmans comme la Malaisie ou le Pakistan. Quelques années plus tard, à Lausanne, il rencontrait le roi Fahd d’Arabie saoudite pour négocier le retour dans leur pays de prisonniers iraniens accusés d’avoir fomenté des troubles à La Mecque.

Grâce à ses contacts politiques et son flair commercial – il a fait fortune dans le ciment au cours des années 60 et se dit encore milliardaire –, Youssef Nada peut aussi revendiquer le titre de père fondateur de la finance islamique (lire ci-contre). En 1977, le banquier est retourné au Caire après plus de vingt ans d’exil. Il y fonde alors la Faisal Islamic Bank, première banque à tenter de concilier la gestion financière moderne avec les préceptes du Coran. Sa création reflétait le virage idéologique de l’Egypte, qui avait rompu son alliance avec l’Union soviétique et se rapprochait de l’Occident. Autrefois persécutés, les islamistes devenaient des alliés contre la menace communiste.

Le président de la Faisal Islamic Bank était un prince saoudien, Mohammed al-Fayçal al-Saoud, fils du roi Fayçal qui fut le premier mécène des Frères musulmans dans les années 60. Eduqué à l’occidentale, cet aristocrate à la silhouette puissante appartient cependant à l’aile la plus religieuse de la famille royale. L’un de ses anciens employés le décrit comme « un idéaliste, qui rêvait de mettre la finance islamique au service du développement des pays musulmans ». Sa présence à la tête de la banque créée par Youssef Nada reflète le nouveau rôle de l’Arabie saoudite à la fin des années 70. « Il y a eu, à cette époque, une alliance entre l’Arabie saoudite et les Frères musulmans contre le communisme, avec l’appui des Américains », explique un ancien banquier arabe.

La finance islamique ne tarda pas à s’étendre à de nouveaux territoires. Une deuxième banque, appelée également Faisal Islamic Bank, dont Youssef Nada était actionnaire et qui était présidée par Mohammed al-Fayçal, fut fondée au Soudan. En 1978, Genève accueillit Shari’a Investment, toujours présidée par le fils de Fayçal et qui devint plus tard Faisal Finances. A cette structure s’ajouta en 1981 une société de services, Dar-al-Maal al-Islami (« La maison de l’argent islamique », DMI), installée dans un tour de verre près de l’aéroport de Genève et contrôlée par un trust des Bahamas (lire ci-dessous). Son président, jusqu’en juin 2000, était Mohammed al-Fayçal.

Dès 1979, Youssef Nada organisa le soutien économique de la République islamique d’Iran, alors très isolée internationalement. Mais l’Arabie saoudite se méfiait du régime de l’ayatollah Khomeyni, qui incarnait une version chiite, révolutionnaire et anti-occidentale du mouvement islamiste. Dans les années 80, un Frère musulman résidant en Suisse, Ibrahim Salah, a tenté d’amener chez DMI près d’un milliard de dollars de capitaux iraniens, mais l’affaire ne s’est pas faite. En 1988, Youssef Nada créa sa propre entreprise, Al-Taqwa, dont l’infrastructure principale fut installée à Lugano : c’est une « société de services », liée à une banque nommée aussi Al-Taqwa et installée, aux Bahamas, dans le bureau d’avocat Arthur Hanna, qui domicilie le trust DMI.

Depuis un an, la situation de Youssef Nada est devenue de plus en plus difficile. Sa fortune a été bloquée par les autorités de plusieurs pays après le 11 septembre 2001, et le richissime financier se plaint aujourd’hui de n’avoir pas de quoi s’acheter un kilo de farine. Le Ministère public de la Confédération l’a ensuite inculpé de « soutien ou participation à une organisation criminelle ». Al-Taqwa a été mise en liquidation en décembre 2001, laissant derrière elle des centaines de millions de dollars de pertes.

Le 22 octobre dernier, Youssef Nada a été interrogé à Milan par des agents américains qui enquêtent sur le financement de l’organisation terroriste Al-Qaida. Ils ne sont pas les seuls à s’intéresser à lui : Youssef Nada fait aussi l’objet d’enquêtes en Suisse, en Italie et en Egypte. Depuis le 11 septembre 2001, Youssef Nada a été soumis à un feu roulant de questions : les Etats-Unis accusent en effet Al-Taqwa d’avoir entretenu des relations avec les Groupes islamiques armés (GIA) algériens et le Hamas palestinien, qui aurait confié 60 millions de dollars à sa banque. Le banquier d’origine égyptienne a rejeté ces accusations « invraisemblables » et démenti tout lien avec Al-Qaida, en dépit des accusations portées en ce sens par des islamistes détenus en Egypte. « Sous la torture, a-t-il expliqué à Al-Jazira, on peut faire dire n’importe quoi à n’importe quel prisonnier. J’en ai fait l’expérience. » Selon Youssef Nada, les Frères musulmans, et non Al-Qaida, sont la « véritable cible des enquêteurs américains ».

Malgré ces démentis, les enquêteurs suisses du Ministère public fédéral disposeraient désormais de suffisamment d’éléments contre Youssef Nada pour transmettre le dossier Al-Taqwa à un juge, ce qui serait la dernière étape avant un procès en bonne et due forme. Selon le procureur général adjoint Claude Nicati, « il est possible que ce dossier soit transmis à un juge d’instruction en 2003 ».

Les enquêteurs helvétiques semblent particulièrement intrigués par le voyage de Youssef Nada en Afghanistan, en 1989. Le banquier ne cache pas qu’il a soutenu la lutte contre les Soviétiques dans les années 80, pas plus qu’il ne fait mystère de ses affinités idéologiques avec l’islamiste radical afghan Gulbuddin Hekmatyar, un ancien protégé de la CIA. Il affirme que le but de sa visite sur place était de participer à des négociations entre les différentes factions afghanes. Son bras droit au sein d’Al-Taqwa, Ghaleb Himmat, a également visité l’Afghanistan quelques années plus tard. Lors d’une audition menée le 2 octobre à Berne, le Ministère public fédéral a questionné Himmat sur ses rencontres, lors de ce séjour, avec des proches d’Oussama Ben Laden. « Mon client s’est rendu en Afghanistan pour participer à des pourparlers de paix, assure son avocat, John Rossi. Bien sûr, il a croisé des gens là-bas, mais pour l’instant, aucune accusation concrète de soutien à un mouvement terroriste n’a été évoquée. » Ces interrogatoires à répétition semblent laisser de marbre Youssef Nada. « Je n’ai jamais enfreint la loi, a-t-il affirmé à Al-Jazira. Ils ne peuvent rien prouver. Je les mets au défi de prouver quoi que ce soit. »


Stumbling down the money trail

http://edition.cnn.com/2005/WORLD/e…

Nada case shows complexity of tracking terror finances

By Henry Schuster
CNN = Sunday, June 19, 2005 Posted : 0459 GMT (1259 HKT)

Editor’s Note : Henry Schuster, a senior producer in CNN’s Investigative Unit and author of "Hunting Eric Rudolph," has been covering terrorism for more than a decade. Each week in "Tracking Terror," he reports on people and organizations driving international and domestic terrorism and efforts to combat those.

(CNN) — If you want to understand why it is difficult to investigate financial links to terrorism, consider the case of Youssef Nada.

His home, Villa Nada, perches hundreds of feet above Lake Lugano in southern Switzerland. Worth millions, the mansion is a testament to Nada’s success as a businessman and banker. It’s a long way from the poverty of his native Egypt.

But the United Nations wants to seize the house from its owner, whom it has designated as a terrorist financier.

No less than President Bush, in a November 7, 2001, speech, singled out Nada’s companies for funding al Qaeda.

"Ours is not a war just of soldiers and aircraft," Bush said two months after the September 11 attacks. "It’s a war fought with diplomacy, by the investigations of law enforcement, by gathering intelligence and by cutting off the terrorists’ money."

The U.S. Treasury Department put Nada on its list of "specially designated global terrorists" that same day, freezing his assets and blocking him from entering the United States.

The Swiss have been investigating him since then.

Until last week that is, when the probe of Nada and his companies was halted.

"We had enough elements to open that investigation. We had enough elements to lead that investigation. We [had] too many elements to close the case earlier. But we didn’t have enough elements to go to trial," said Jurg-Mark Wiedmer of the Swiss Justice Ministry.

The ordeal has caused strain and consternation in Washington and Bern as well as inside Nada’s palatial home.

"It is a disaster. It is sad and bad," Nada said by phone this week.

Nada denies accusations

I visited him there more than three years ago, a few months after Bush’s speech and after Swiss and Italian police had raided his house and office, seizing thousands of files.

He was a gracious host, ready to talk. Yes, he said with pride, he was deeply involved in the Muslim Brotherhood, the oldest of Islamist fundamentalist groups. He added that he handled the group’s foreign contacts for 25 years.

But he strongly denied the allegations against him and his companies.

Nada says the accusations surfaced publicly in Italian newspaper Corriere della Sera in the late 1990s. The reports said Nada-al Taqwa, his Lugano, Switzerland-based management company — along with other banks and financial companies in Switzerland, Lichtenstein, Italy, the Bahamas and elsewhere — was sending money to the likes of al Qaeda and Hamas through charitable fronts. (Nada says he is suing the newspaper for libel.)

Of particular interest, a Bahamas bank — Bank al Taqwa, which is controlled by Nada-al Taqwa — included several bin Laden family members among its shareholders. The bank went out of business in 2000, but not before charitable contributions (the Islamic term is zakat) from some of its shareholders allegedly had been siphoned off to terrorist groups.

Then and now, Nada denies the accusations. The bin Laden link is overblown, he says, given that the relatives involved in the bank had cut off all relations with the al Qaeda leader in the early 1990s. "The bin Laden family is not [the same] as Osama bin Laden. Their business is not his," he says.

Nada insists money did not go to terrorist organizations, tying the bank’s collapse to large losses during the mid-1990s Southeast Asian economic slump.

As he served tea during my 2002 visit, Nada expressed confidence that he would be absolved after Swiss, Italian and U.S. investigators pored through the mountains of documents.

U.S. officials said the opposite — they were optimistic they could make a winning case against him in a Swiss court.

In late 2003, Nada’s situation was highlighted in a U.N. report on al Qaeda. When the world body named him a terrorist financier, the Swiss government froze his assets.

Since then, he’s claimed to be broke, while living in his luxurious villa.

Stuck in legal limbo

Fast forward to last week. As the Swiss Justice Ministry explains it, a decision was due : Charge Nada or end the investigation after 3 1/2 years.

While careful to give Nada the presumption of innocence, Wiedmer says the investigation is "suspended" but could be revived if new evidence arises.

Wiedmer says that even with all the documents the Swiss government has, it still doesn’t have the records it needs from the Bahamas.

The U.S. Treasury Department still suspects Nada funded terrorists. The Swiss decision, a U.S. statement says, "does not in any way affect the designation of Youssef Nada as a supporter of terrorism or the freezing of his assets. The U.S. has a strong evidentiary basis for the designation."

That assessment leaves Nada in legal limbo. The Americans don’t believe him, but apparently neither they nor the Swiss can prove a case.

Nada, 74, suffers from kidney and prostate problems, not to mention anxiety from the continuing scrutiny. He says he wants to know who misled President Bush and the U.S. Treasury, and he’s willing to testify before Congress to clear his name.

Michael Chandler, who used to track terrorist financing for the United Nations, says he finds what’s happened in Nada’s case disappointing for those trying to follow the money in terrorism cases.

"If means can’t be found to get at terrorist finance effectively, then it will pull the bottom out of the sanctions business," Chandler says.

In the meantime, Nada sits in his beautiful home, wondering if it will remain his.


Les services secrets suisses ciblent des islamistes pro-Qatar

https://www.letemps.ch/suisse/servi…

Sylvain Besson
Publié vendredi 5 janvier 2018 à 13:50
Modifié mercredi 6 juin 2018 à 12:1

Des agents du SRC ont échangé des informations avec un riche Saoudien au sujet de deux Qataris accusés de soutien au terrorisme. L’affaire relie des exilés libyens en Suisse, une ONG genevoise et le salafiste bernois Nicolas Blancho

Le Service de renseignement de la Confédération (SRC) vient d’examiner durant des mois les connexions suisses d’islamistes basés au Qatar et accusés de soutien à Al-Qaida par plusieurs pays du Golfe, a appris Le Temps de sources bien informées.

L’un des personnages qui intéressent le service, Abdulrahman al-Nuaimi, est le cofondateur de l’ONG Alkarama, basée à Genève et vouée à la défense des droits de l’homme dans le monde arabe. Un second, Ali Abdullah al-Suwaidi, préside l’Internationaler Islamischer Rat, une organisation musulmane basée à Berne avec le salafiste Nicolas Blancho, responsable du très controversé Conseil central islamique suisse (CCIS).

Les deux hommes figurent sur une liste de soutiens supposés du terrorisme remise cet été au Qatar par une alliance de pays conservateurs du Golfe. Ces derniers accusent Doha de financer en sous-main des organisations islamistes, en particulier les Frères musulmans. Le Qatar a rejeté les accusations mais fait depuis l’objet d’un blocus de la part de ses voisins, Arabie saoudite et Emirats arabes unis en tête.

Le SRC ne s’exprime jamais sur ses activités opérationnelles et refuse tout commentaire sur ce cas. Mais son intérêt pour les islamistes liés au Qatar et leurs réseaux connexes a été confirmé au Temps par plusieurs interlocuteurs ayant eu des liens étroits avec le service.

Informateur saoudien

Ces derniers mois, des informations ont notamment été remises au SRC par la riche et influente famille Obaid. Ces Saoudiens installés à Genève sont réputés proches de l’ancien roi Abdallah d’Arabie saoudite, décédé en 2015, et du prince Turki al-Faisal, ancien chef des services secrets du royaume. Historiquement liés à la famille royale, ils ont compté plusieurs ministres dans leurs rangs et acquis une immense fortune grâce notamment à des contrats publics passés avec l’Etat saoudien. Ils ont aussi représenté plusieurs sociétés suisses dans le royaume.

La famille a déjà rendu de discrets services à la diplomatie helvétique, exfiltrant notamment le fils d’un employé de l’ambassade de Suisse à Riyad accusé de trafic de cocaïne en 2014 (lire ci-dessous). Rendez-vous secrets

Selon des personnes proches du dossier, un membre de la famille, Tarek Obaid, a rencontré à plusieurs reprises des agents du SRC lors de rendez-vous secrets organisés dans des hôtels impersonnels et des locaux du service à Zurich et environs. L’affaire a été traitée au plus haut niveau du service de renseignement helvétique. Son directeur actuel par intérim, Paul Zinniker, s’est impliqué directement.

Tarek Obaid. DR

Les informations échangées concernaient la liste d’islamistes dressée par l’Arabie saoudite et ses alliés. Mais aussi un groupe de militants libyens exilés en Suisse depuis les années 1990.

Les noms d’une cinquantaine d’entre eux, pour la plupart proches des Frères musulmans mais dont quelques-uns ont été estampillés « djihadistes » par la Libye, ont été remis au SRC à cette occasion. Certains de ces militants seraient toujours actifs et en contact avec des membres de l’ancien Groupe islamique combattant libyen, désormais dissous mais autrefois considéré comme proche d’Al-Qaida.

L’intérêt du service pour les exilés islamistes libyens en Suisse remonte à une dizaine d’années au moins. Selon nos informations, le SRC continue de mener des opérations actives sur ce milieu réputé très méfiant et fermé.

Intellectuels de l’islamisme

On ne parle pas ici de djihadistes de bas étage ou de jeunes fanatisés devant leur ordinateur. Mais d’intellectuels de l’islamisme radical, bien connectés à l’international, y compris en direction de groupes armés. Le but du SRC, à travers ses contacts avec Tarek Obaid, était d’identifier des acteurs de cette mouvance pouvant transiter par la Suisse ou l’utiliser comme lieu de réunion.

« Les Suisses essaient de savoir qui entre et sort de chez eux, commente une source proche du dossier. Ils ont mis beaucoup de temps pour comprendre que Nuaimi, notamment, était souvent en Suisse. »

Abdulrahman al-Nuaimi à Genève en 2010, lors de la remise du prix pour les droits de l’homme de la fondation Alkarama. DR

Le SRC a voulu savoir quelles informations ont mené à la désignation par les pays du Golfe des Qataris Nuaimi et Suwaidi comme soutiens du terrorisme. Abdulrahman al-Nuaimi est un ancien directeur de l’association caritative Eid al-Thani, qui finance notamment la construction de centaines de mosquées à travers le monde. Ali Abdullah al-Suwaidi est le dirigeant actuel de cette fondation.

Selon la liste des pays du Golfe, les deux Qataris auraient participé au financement de la branche d’Al-Qaida en Syrie, le Front Al-Nosra. Le Département du trésor américain avait désigné Abdulrahman al-Nuaimi comme « supporter d’Al-Qaida » et « terroriste global » en 2014 déjà.

En Suisse, Ali Abdullah al-Suwaidi préside trois organisations musulmanes dont le Conseil islamique international, basé à Berne. Son vice-président, Nicolas Blancho, est la figure de proue du Conseil central islamique suisse (CCIS), principale organisation salafiste du pays. Ni Nicolas Blancho ni Qaasim Illi, porte-parole du CCIS, n’ont répondu aux sollicitations du Temps concernant leurs liens avec Al-Suwaidi, la fondation Eid al-Thani ou le Qatar.

Nicolas Blancho. PETER KLAUNZER

Muhasini, le troisième homme

Quant à Ali Abdullah al-Suwaidi, il s’est défendu de tout soutien « conscient » au terrorisme : « En aucune circonstance notre fondation [Eid al-Thani, ndlr] ne soutiendrait financièrement ou autrement des organisations qui ont été désignées comme terroristes par le Qatar ou les Nations unies », ce qui comprend notamment le Front Al-Nosra en Syrie, a-t-il déclaré.

Il n’empêche. Le SRC est particulièrement intrigué par les liens supposés des deux Qataris avec un troisième homme, le flamboyant djihadiste saoudien Abdullah al-Muhasini. Ce chef spirituel du Front Al-Nosra figure aussi sur la liste de suppôts du terrorisme dressée par les pays du Golfe.

Abdullah al-Muhasini (voile blanc), chef spirituel du front al-Nosra. DR

Selon les informations remises au SRC, Muhasini serait lié aux Qataris Nuaimi et Suwaidi. Mais comment ? Cela reste flou, même si le Trésor américain a déjà fait état de transferts financiers entre Nuaimi et le Front Al-Nosra. « L’épaisseur de ces liens reste à étayer », commente une source qui connaît bien le SRC.

Cet automne, le Ministère public de la Confédération a renvoyé en jugement trois membres du CCIS pour avoir diffusé une interview d’Abdullah al-Muhasini réalisée en Syrie en 2015. Le Front Al-Nosra a depuis changé de nom et officiellement rompu avec Al-Qaida.

n/a Florent Collioud

Reste le cas singulier de l’ONG genevoise Alkarama. Cofondée par Abdulrahman al-Nuaimi, elle est depuis des années dans le collimateur des pays conservateurs du Golfe, notamment des Emirats arabes unis. Sa présence en Suisse aurait d’ailleurs conduit à un sérieux coup de froid dans les relations entre Berne et les Emirats.

Réputation sulfureuse

Interrogé à ce sujet, le Département des affaires étrangères confirme qu’un de ses diplomates de haut rang, Wolfgang Amadeus Brülhart, n’a pas été reçu par le ministre des Affaires étrangères émirati lors d’un récent voyage à Abu Dhabi. Officiellement en raison d’un conflit d’agenda. La rencontre devrait avoir lieu en 2018. Pour le reste, les relations entre les deux pays seraient « intensives et bonnes » malgré des positions parfois « différentes ».

Selon des informations remises au SRC par la famille Obaid, le Qatar aurait encouragé l’ONG britannique islamiste CAGE et Alkarama à mener campagne contre l’intervention armée des Emirats dans la guerre civile au Yémen.

L’accusation n’est pas anodine, car CAGE a une réputation sulfureuse dans le monde du renseignement. Cofondée par d’anciens détenus de Guantanamo, elle a admis en 2015 avoir été consultée par l’islamiste Mohammed Emwazi avant que ce dernier ne devienne « Jihadi John », le sinistre égorgeur de l’Etat islamique en Syrie.

Dénigrement

Contacté par Le Temps, le directeur d’Alkarama, Mourad Dhina, indique connaître CAGE « au même titre que de nombreuses autres organisations de plaidoyer qui traitent des droits civils et politiques ». Il dément en revanche avoir travaillé avec cette ONG sur le Yémen. Selon lui, l’accusation est « un coup fourré des Emirats », qui n’ont pas apprécié que son organisation dénonce des cas de violations des droits de l’homme dans ce pays choyé par les Occidentaux. Alkarama ferait même l’objet d’une « campagne de dénigrement systématique » de la part des Emirats et de l’Arabie saoudite, qui utilisent l’accusation de soutien au terrorisme pour accabler leurs ennemis intérieurs et extérieurs.

Rachid Mesli, directeur juridique de la fondation Alkarama. L’ONG se dit persécutée par les Emirats et l’Arabie saoudite. Eddy Mottaz

Mourad Dhina explique que son organisation a pris ses distances avec Abdulrahman al-Nuaimi depuis sa désignation comme financier du djihad par le Trésor américain en 2014. « Il n’est donc plus impliqué dans notre financement ou travail », écrit-il dans un courriel adressé au Temps.

Selon lui, Nuaimi n’est pas un islamiste radical, plutôt un opposant passionné à l’invasion américaine de l’Irak en 2003 – ce qui expliquerait que Washington ait une dent contre lui. Rachid Mesli, le directeur juridique d’Alkarama, le décrit comme « très militant », « plutôt révolutionnaire qu’islamiste » et ayant peut-être eu, par « naïveté », des contacts avec des « personnes suspectes » au cours de son long engagement politique.

Patriotisme

Au final, on ignore ce que le SRC a fait des informations remises sur ces divers sujets par Tarek Obaid. Le service passe pour relativement inexpérimenté en matière de lutte contre l’islamisme radical. Ce qui peut expliquer son intérêt pour des sources bien introduites dans le Golfe, comme la famille Obaid.

« C’est leur rôle de rencontrer des gens comme ça, c’est légitime », commente une personne qui connaît bien le service. Mais dans ce dossier, le SRC serait apparu divisé, entre certains agents déterminés à récolter des informations de manière offensive et une hiérarchie beaucoup plus prudente, complète une autre source.

Dernier mystère : pour quelles raisons la famille Obaid a-t-elle parlé aux services secrets suisses ? Par patriotisme helvétique – certains de ses membres possèdent le passeport à croix blanche ? Par désir d’avancer l’agenda saoudien contre le Qatar ? Ou par besoin de gagner la bonne volonté des autorités fédérales au moment où l’un de ses membres, Tarek Obaid, est visé par l’enquête suisse sur le scandale financier 1MDB ? Sa société Petrosaudi est accusée d’avoir prêté la main au siphonnage de 700 millions de dollars au profit du premier ministre malaisien et de son homme d’affaires favori, Jho Low.

Interrogé sur ces points, l’avocat genevois de la famille Obaid, Jean-François Ducrest, s’est refusé à tout commentaire.

Riyad 2014 : cocaïne à l’ambassade

Le scandale est demeuré inaperçu. En juin 2014, le fils d’un employé de l’ambassade de Suisse à Riyad est arrêté par les autorités saoudiennes pour trafic de cocaïne. En sa possession, l’équivalent de quelque 25 000 dollars de poudre blanche.

L’affaire est grave, car le trafic de drogue peut être passible de la peine de mort dans le royaume. Au minimum, le ressortissant suisse, qui dispose d’un passeport diplomatique, risque plusieurs années de prison.

Exfiltration

Mais l’affaire n’atteindra jamais la justice saoudienne. Informé de l’incident, le gouverneur de Riyad à l’époque, le prince Turki bin Abdallah, avertit son ami proche Tarek Obaid. Ce dernier contacte l’ambassadeur helvétique en Arabie saoudite, Peter Reinhardt. Le ressortissant arrêté est ensuite discrètement évacué vers la Suisse. L’épisode ne fera l’objet d’aucune publicité jusqu’à aujourd’hui.

Contacté par Le Temps, le Département fédéral des affaires étrangères confirme l’affaire en ces termes : « Il y a bien eu un incident en 2014 auprès de notre représentation à Riyad. Cet incident [concernait] le fils d’un employé subalterne. Le DFAE a dénoncé l’affaire au Ministère public suisse compétent pour que les autorités judiciaires en Suisse se chargent d’instruire le dossier. » Le Département ne précise pas quelle suite la justice suisse a donnée à l’affaire.

Les Frères musulmans refont surface au Tessin

On l’a presque oublié en Suisse, mais le canton du Tessin et l’enclave italienne voisine de Campione ont servi jusqu’en 2001 de base arrière discrète à la branche internationale des Frères musulmans.

Matrice historique de l’islamisme, cette organisation politico-religieuse obsède notamment l’Arabie saoudite et Israël. Ces pays la voient comme une menace sournoise et tentaculaire, qui encourage la sédition et le terrorisme sous couvert d’un discours en apparence modéré. Le soutien du Qatar aux Frères est un motif majeur de la crise qui oppose le petit émirat à ses voisins depuis l’été dernier.

Leaders historiques

S’ils se sont faits très discrets ces dernières années, les réseaux historiques des Frères en Suisse n’ont pas entièrement disparu. On en retrouve des traces à Lugano chez une société de négoce de gaz et de pétrole, Lord Energy.

Son fondateur et directeur, Hazim Nada, est le fils du banquier de l’ombre des Frères, Youssef Nada. Le secrétaire de Lord Energy, Youssef Himmat, est le fils d’un proche associé de Youssef Nada. Un troisième homme, Omar Nasreddin, était employé de Lord Energy jusqu’à il y a un an. Son père est toujours considéré comme un homme d’affaires attitré des Frères musulmans.

Islamiste italien

Cette nouvelle génération a parfois gardé des activités militantes. Le secrétaire de Lord Energy, Youssef Himmat, est ainsi président de la Femyso (Forum des organisations de jeunesses musulmanes et étudiantes européennes), basée à Bruxelles et considérée comme proche des Frères musulmans. L’islamiste italien Davide Piccardo, lui aussi proche des Frères, travaille depuis plusieurs années pour Lord Energy.

Contacté par Le Temps, le directeur de Lord Energy, Hazim Nada, ne dément pas ces informations, mais affirme que son entreprise n’a aucun lien avec les Frères.

« Je ne suis pas membre des Frères musulmans, je ne l’ai jamais été et je ne partage pas nombre de leurs vues », écrit-il dans un courriel. Ni lui ni sa société n’auraient d’orientation politique ou religieuse particulière. Ses employés fils, filles ou proches des Frères musulmans auraient été embauchés uniquement « sur la base de leurs capacités et de leur expérience ». Et pas en raison de leur idéologie, ni pour servir de couverture à d’éventuelles activités politiques. C’est notamment le cas de Davide Piccardo dont les activités politico-religieuses en Italie ne seraient « ni soutenues ni approuvées » par Lord Enery.

Selon Hazim Nada, il est naturel que des enfants ayant grandi ensemble dans le même milieu finissent par devenir collègues. Sans forcément partager les idées de leurs parents. Il conclut : « Notre business, c’est de faire de l’argent, pas d’apprendre aux gens qui prier ou comment structurer un gouvernement. »

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Cet article a été modifié après publication pour préciser le statut de Davide Piccardo au sein de Lord Energy.


Lord Energy SA : Les réseaux financiers des Frères musulmans en Suisse perdurent…

https://blogs.mediapart.fr/guillaum…

23 mai 2018
Guillaume Petits Blog
https://blogs.mediapart.fr/guillaum…

Dès le milieu du siècle dernier, la Suisse a été choisie par les Frères musulmans comme le pays qui serait sa base pour opérer sa stratégie secrète en Europe. L’argent étant le nerf de la guerre, en parallèle de ce réseau politique, s’est développé un circuit financier opaque pour sponsoriser l’organisation.

Longtemps les autorités suisses n’ont rien vu, ou rien voulu voir, et ont laissé se tisser une toile d’araignée. A l’heure où le terrorisme étant ses tentacules partout dans le monde, le Service de Renseignement de la Confédération (SRC) s’inquiète et enquête. Selon le quotidien le Temps, les services ont examiné pendant des mois les connexions suisse d’islamistes basés au Qatar qui sont accusés de soutien à Al-Qaida par plusieurs pays du Golfe. L’affaire pourrait connaître des rebondissements très prochainement.

La société Lord Energy SA dans le viseur des services secrets

La société Lord Energy SA, basée à Lugano, est une entreprise tout à fait à part, non pas pour son objet social tout à fait semblable à nombre de sociétés de négoces en matières premières mais pour la qualité de ces dirigeants.

Son fondateur et CEO, Hazim Nada, et son secrétaire Youssef Himmat, ainsi que Omar Nasreddin employé par la compagnie jusqu’en 2017, sont des enfants de personnalités reconnues pour être des proches et des financiers des Frères musulmans.

Peu après le 11 septembre 2001, les patriarches ont été mis sur les listes noires de l’ONU et des Etats-Unis, ils étaient soupçonnés de financer l’organisation terroriste Al-Qaida. Une décennie plus tard, faute de preuve, ils ont été retirés des fichiers, néanmoins l’accusation a laissé des traces.

Selon l’adage bien connu, les enfants ne sont pas responsables des fautes de leurs parents, ce n’est donc pas leurs ascendances qui rendent les dirigeants de Lord Energy SA « troubles » aux yeux des autorités, mais les liens qu’ils continuent à garder avec la galaxie des Frères musulmans en Europe. Des liens qui laissent à penser que les enfants perpétuent l’œuvre de leurs pères.

La nébuleuse

Youssef Himmat est le Président du Forum of European Muslim Youth and Student (FEMYSO), un organisme basé à Bruxelles, qui est une émanation directe de la Confrérie. Le lien avec les Frères musulmans ne peut donc pas être nié.

Par ailleurs, Youssef Himmat et Hazim Nada sont amis avec Davide Piccardo, un islamiste italien qui bénéficie des largesses de Lord Energy SA et utilise, par exemple, un téléphone au nom de la compagnie.

Plus curieuse et inquiétante encore est la présence au sein du Conseil d’administration de Lord Energy SA de Fatima Imama qui fut Secrétaire de la Malaysian Swiss Gulf and African Chamber (MIGA). Cette société fut, elle aussi, suspectée par les Nations Unies et les Etats-Unis d’être un pourvoyeur de dollars pour Al-Qaida, elle fut également placée sur liste noire.

Idriss Nasreddin, le père d’Omar a longtemps été Président de MIGA. Fatima Imama a également dirigé une autre société qui a été placée sur la liste noire de l’ONU pour ses liens supposés avec Al-Qaida, il s’agit de Motherland Holding SA, une compagnie, basée, elle aussi, à Lugano. Cette ville de Suisse italienne apparaît comme une place forte de la galaxie financière des Frères musulmans.

La présence de Fatima Imama au sein de Lord Energy, prouve, s’il en était encore besoin, que la deuxième génération met ses pas dans ceux de ses pères.


LORD ENERGY SA : Les services secrets pistent les bailleurs de fonds des Frères Musulmans

http://nordnewsvigilence.nordblogs….

04 juin 2018

Nord News Vigilence

La justice française décidé le 24 mai dernier de maintenir Tariq Ramadan en prison. Les accusations portées contre lui sont lourdes, le prédicateur ne s’en relèvera pas. Les Frères musulmans perdent leur plus efficace tribun en Europe. Pour autant, si la Confrérie est battue par les flots, elle ne sombre pas, car ses réseaux sont puissants et ses ressources nombreuses. Selon le journal Le Temps, les services secrets suisses suivent la trace des financiers des Frères et s’intéressent de près à société, Lord Energy SA.

Les Frères musulmans ont tissé des réseaux partout de par le monde, telle une toile d’araignée. Non seulement ils sont très puissants mais ils sont aussi très secrets. Suivre les méandres de leur organisation n’est pas chose facile. Une source proche du Service de Renseignement de la Confédération (SRC) avouait la difficulté au journal Le Temps « Les Suisses essaient de savoir qui entre et sort de chez eux. Ils ont mis beaucoup de temps à comprendre. » Dans le cas de Lord Energy SA pourtant, l’affaire est sibylline.

Un cas d’école

Lord Energy SA, est une société basée dans le Tessin à Lugano. Elle œuvre dans le domaine très stratégique du négoce du pétrole et du gaz et du ciment. Compte tenu des tensions géopolitiques liées aux matières premières et à toutes les possibilités de prévarications qui existent dans ces secteurs, le seul objet social de cette entreprise nécessite de garder au moins un œil entrouvert. Mais lorsque l’on s’intéresse aux dirigeants de Lord Energy, alors il faut maintenir les deux yeux grands ouverts. En effet, ils sont tous connectés de près ou de loin avec l’organisation théologique née en Egypte au début du siècle dernier, mais supportée idéologiquement et financièrement par le petit émirat gazier du Qatar.

Prenons, par exemple, le secrétaire de cette société, Youssef Himmat, qui cumule sa fonction dans Lord Energy et le poste de Président de la FEMYSO, une institution liée directement aux Frères musulmans, basée à Bruxelles, qui regroupe un réseau de 42 organisations nationales et internationales chargées de porter la voix de la jeunesse islamique en Europe. Pour parler trivialement : c’est du lourd ! D’autant plus chargé que l’homme fait commerce de pétrole et de gaz…

S’il était le seul lien avec la Confrérie au sein de Lord Energy, on pourrait penser qu’il a été choisi parce qu’il possède de redoutables compétences qui font de lui un secrétaire indispensable, irremplaçable, pour le business. Mais il n’en est rien. Au conseil d’administration siège Fatima Imama, une femme qui dans le passé a dirigé des compagnies, comme la MIGA et Motherland Holding SA, sociétés restées longtemps dans le collimateur de l’ONU et des USA pour financement du terrorisme.

Quant à son PDG, Hazim Nada, s’il n’a aucune fonction officielle au sein de l’organisation des Frères musulmans, il a grandi au sein de cette galaxie. Son père, Youssef Nada, d’origine égyptienne, domicilié à Lugano a longtemps été considéré comme « l’ambassadeur de l’ombre » de la Confrérie.

En faut-il plus aux autorités suisses pour garder les yeux grands ouverts tant sur le business de Lord Energy que pour ceux qui travaillent en son sein ? Certes, non…


Lord Energy : the mysterious company linking Al-Qaeda and the Muslim Brotherhood

https://lordenergy.wordpress.com/2018/06/06/lord-energy-sa/

June 6, 2018 by lordenergy

Lugano may well be one of the most exquisitely European towns : nestled on the Swiss-Italian border, it is sheltered by the Prealps and overlooks its namesake lake, in which pastel neoclassical facades reflect the glory. Tourists walk around with gelato, and three children of Muslim Brotherhood sympathisers and suspected Al-Qaeda supporters go about their business on the top floor of a discreet office building.

Yes, that’s right : the company in question is called Lord Energy SA. It was founded by Hazim Nada, Youssef Himmat and Osman Nasreddin, and it is based in Lugano.

Hazim Nada’s father has been described as the “foreign minister” of the Muslim Brotherhood with ties to Al-Qaeda, according to US intelligence.

In 1988, his father, Youssef Nada, founded banking group Al Taqwa together with Ali Ghaleb Himmat, Ahmed Idris Nasreddin and Swiss banker Francois Genoud. The bank’s clients included former head of the Muslim Brotherhood Mohammed Akef and two of Osama bin Laden’s siblings, Ghaleb and Huda.

Following the 9/11 attacks, former president George W Bush personally announced the freezing of Al Taqwa’s assets, saying : “Al Taqwa is an association of offshore banks and financial management firms that have helped Al-Qaeda shift money around the world.”

Al Taqwa was, however, later cleared of funding the 9/11 terrorist attacks due to lack of evidence against the secretive Muslim Brotherhood financial system.

In addition to his position at Lord Energy, Youssef Himmat is also the chairperson of the Forum of European Muslim Youth and Student Organisation (Femyso), which acts as an umbrella organisation for youth associations of the Brotherhood in Europe.

And another board member, Pakistani-born US citizen Fatima Imama, who lives at the same Lugano address as Osman’s brother Omar Nasreddin, also serves on the boards of two companies with links to Al-Qaeda : Motherland Holding SA, formerly Iksir Limited Holding, and Miga (Malaysian Swiss, Gulf and African Chamber). Iksir was listed as a defendant in one of the 9/11 lawsuits because of its links to Omar’s father, Ahmed Idris Nasreddin, while Miga has been identified by both the US and UN as a hub for Al-Qaeda finance.

Last but certainly not least, one of Europe’s most visible members of the Muslim Brotherhood, Italian Davide Piccardo, also has a company phone registered to Lord Energy, even though he has no work permit for the Swiss canton, suggesting he uses it as a trading address for independent business. His father, Hamza, was formerly the head of Ucoii, which is currently building 43 new mosques in Italy, and headed the Italian branch of the European Muslim Network.

Officially, the company says it deals in bagged cement. Reports from shipping companies, however, indicate that instead of sending cement across Europe, Lord Energy trades in oil from North Africa. A report by news agency Reuters dating 3 February 2017 shows Lord Energy offering crude oil from Algeria. The 270,000 barrels were shipped via Hellenic Shipping on 19 September to the East Spar offshore terminal in Australia. Other shipments by Lord Energy have left Libya.

In the heart of one of Europe’s most picturesque towns, a perilous business is sprawling.


La société Suisse Lord Energy SA dans le collimateur des autorités suisses ?

https://nouw.com/terrorwatch/la-soc…

Mercredi 23 mai 2018, 17 h:02

Financement du terrorisme

Les 24 et 25 avril dernier, se tenait une conférence internationale intitulée, No Money For Terror dédiée au financement du terrorisme international. Plus que d’aboutir à des mesures concrètes, ce grand raout avait surtout vocation à afficher la volonté de Paris et des Etats invités à combattre les bailleurs des groupes terroristes internationaux. A n’en pas douter, ils ont encore de gros efforts à faire.

En effet, les informations recueillies sur la société suisse Lord Energy SA démontrent à quel point, les structures actuelles de contrôle et de surveillance des mouvements financiers sont nécessaires.

Lord Energy SA est une entreprise suisse créée en 2008, dont le siège se trouve à Lugano. Elle est spécialisée dans le trading des matières premières, pétrole, gaz, charbon, mais elle est active également dans les céréales et dans le ciment.

En 2015, Lord Energy SA se targuait de transporter un cinquième du volume de ciment expédié par voies maritimes en Méditerranée. Jusque-là, tout va bien, cette entreprise ressemble à toutes les autres qui œuvrent dans les mêmes secteurs. Sauf que…

Etranges enfants de…

Cette société n’a rien d’anodin compte tenu du pedigree de ses dirigeants. S’agit-il d’une simple affaire de népotisme ou d’une entreprise en lien avec la controversée confrérie des Frères musulmans ? La question mérite d’être posée à la lecture de ces bien étranges CV…

Hazim Nada, fondateur et PDG de Lord Energy SA, est le fils de Youssef Nada, homme d’affaires et stratège financier des Frères musulmans. Le père est aussi le fondateur du groupe Al-Taqwa, basé également à Lugano.

Après les attentats du 11 septembre 2011, ce groupe a été soupçonné par le gouvernement américain d’avoir financé Al-Qaeda. En novembre 2001, la propriété italienne de la famille Nada a été perquisitionnée et le patriarche a été mis sur la liste noire des Etats-Unis et des Nations Unies.

L’ONU le retirera de cette liste en 2009, faute de preuves, mais il faudra attendre 2015 pour que les autres Etats agissent de la même manière.

Youssef Himmat secrétaire de Lord Energy SA, est également Président du Forum des organisations de jeunesses musulmanes étudiantes européennes (FEMYSO), un groupement proche des Frères musulmans. Youssef est le fils d’Ali Ghaleb Himmat, cofondateur du Groupe Al-Taqwa.

Jusqu’à l’année dernière Omar Nasreddin était employé par Lord Energy SA. Il est le fils d’Ahmed Idriss Nasreddin également cofondateur d’Al-Taqwa a longtemps été considéré comme un des hommes d’affaires des Frères musulmans. Par ailleurs, lorsqu’il était PDG du groupe Nasco, il a été accusé par Georges Bush junior d’être un financier d’Al-Qaeda au Nigéria.

Dans le sillage de Lord Energy, se retrouvent d’autres personnages comme Davide Piccardo, italien d’origine, réputé également proche des Frères musulmans, selon la presse italienne, il utiliserait un numéro de portable suisse au nom de l’entreprise.

Des doutes, et de nombreuses questions…

A minima, tout ce petit monde travaillant dans une seule société, interroge. Le quotidien suisse a questionné Hazim Nada, le PDG de Lord Energy SA. Ce dernier se défend de tous liens avec les Frères musulmans et si les enfants des proches de la Confrérie ont été embauchés, c’est uniquement « sur la base de leurs capacités et de leur expériences » et non en raison « de leur idéologie ni pour servir de couverture à d’éventuelles activités politiques. » Soit, avoir été au jardin d’enfants crée des liens…

Néanmoins, compte tenu de leur background et de leurs négoces en Méditerranée, notamment en Libye, il est normal, en ces temps où les bailleurs du terrorisme sont surveillés comme le lait sur le feu, que les services secrets helvètes enquêtent.

C’est ce que fait le Service de renseignement de la Confédération (SRC) qui a visiblement laissé s’installer sur son sol toute une mouvance très discrète liée aux Frères Musulmans.

Et, ce n’est sûrement pas la mise au ban de Tariq Ramadan dans une prison française qui affaiblira cette organisation clandestine mais efficace, elle a énormément de ressources.


La Svizzera indaga Piccardo « Strani contatti col Qatar »

http://www.confessioni-elvetiche.ch…

11 gennaio 2018

STE­FA­NO PIAZ­

L’attivista islamico italiano ha un cellulare intestato a una società elvetica gestita da personaggi inseriti nelle liste nere di Arabia Saudita ed Emirati.

L’estate scorsa i governi di Arabia Saudita, Emirati Arabi Uniti, Egitto e Bahrein hanno diffuso un elenco comprendente 59 persone e 12 istituzioni che sarebbero legate ad « attività terroristiche sostenute dal Qatar ». Il Qatar respinse da subito, definendole « infondate », le accuse agli emiri della famiglia Al Thani del Qatar, ritenuti colpevoli di finanziare i gruppi terroristici. Da quel momento, i quattro paesi arabi hanno interrotto ogni relazione diplomatica con il governo di Doha. Ad accompagnare la « lista nera », un documento che spiega come « le persone e le organizzazioni elencate in questo documento sono collegate al Qatar e sono al servizio di un programma politico sospetto del Qatar ». JIHAD E INGIUSTIZIE Passati alcuni mesi dalla diffusione del documento cominciano ad arrivare i primi contraccolpi anche in Svizzera e, sorpresa, nella storia c’è anche il nome di un noto islamista italiano, Davide Piccardo. I servizi segreti della Confederazione elvetica e di altri Paesi hanno acceso i riflettori su diversi nominativi inseriti nella lista, come Abdul Rahman bin Omair al-Nuaimi, co-fondatore della Ong Alkarama che sostiene di « voler combattere le ingiustizie nel mondo arabo dal 2004 » da Ginevra. Piccolo dettaglio, per il governo Usa al-Nuaimi dal 2013 è un terrorista globale e un supporter di Al Qaeda. Approfondimenti anche su Ali Abdullah al-Suwaidi che presiede tre enti in Svizzera, l’Internationaler Islamischer Rat, il Forum Islamischer Denker e l’Internationale Islamischer Prediger. In due di questi, al-Suwaidi figura nel board insieme a Ferah Uluçay segretaria del Consiglio Centrale islamico svizzero, organizzazione guidata da Nicolas Blancho che tra i suoi finanziatori può contare su un ricco uomo d’affari di Doha dal cognome importante : Al-Thani. Il quotidiano della svizzera francese Le Temps ha pubblicato un’inchiesta che svela la rete islamista-finanziaria in Svizzera sulla quale il Servizio di Informazioni della Confederazione starebbe indagando anche grazie a confidenze raccolte da fonti qualificatissime. Il dossier è talmente delicato che se ne occupa il direttore ad interim del SIC, Paul Zinniker. Nelle carte della nuova Islamic Swiss Connection, riferisce Le Temps, spunta anche una vecchia conoscenza del jihad, il saudita Abdullah al-Muhasini, leader spirituale del Fronte al Nusra.

È lo stesso terrorista al quale Naim Cherni, documentarista del gruppo di Blancho dedicò un’intervista rilanciata su tutte le piattaforme web del gruppo, realizzata in Siria nel 2015. Alkarama, come tutte le altre associazioni citate nella vicenda, è ideologicamente contigua ai Fratelli Musulmani e in Svizzera conta parecchio. Di loro si parla pochissimo ma oggi la loro forza economica e la rete internazionale vede protagonisti le nuove generazioni e qualche convertito attivo nella sinistra politica. Oggi i Fratelli Musulmani controllano numerose moschee elvetiche e possono contare su nomi nuovi e con solidi legami con il passato come quello di Youssef Himmat, figlio di Ghaleb, presidente della FEMYSO (Forum delle organizzazioni giovanili e degli studenti musulmani europei) con sede a Bruxelles. A Lugano c’è la Lega dei musulmani in Ticino, vicina alla Fratellanza diretta dall’imam Samir Jelassi e più volte visitata dalla polizia cantonale a causa dei suoi frequentatori, dei quali l’imam fatica però a ricordare nomi e passaggi. Secondo Le Temps l’italiano Davide Piccardo, presidente del CAIM, il Coordinamento Associazioni Islamiche di Milano, avrebbe a propria disposizione un’utenza telefonica cellulare di una società che da Lugano si occupa a livello internazionale di petrolio e gas, la Lord Energy. Fatto curioso è che Piccardo non ha un permesso di lavoro valido per il Canton Ticino e non ci abita. Ma allora a che gli serve un’utenza telefonica ? È un consulente ? Per le autorità svizzere e quelle italiane, qual è il suo ruolo ? Piccardo, contattato telefonicamente da Libero « non conferma e non smentisce » di avere una scheda telefonica intestata a Lord Energy. Sul resto del contenuto dell’articolo di Le Temps « non ha dichiarazioni da rilasciare ». Comunque in Ticino Piccardo vi si è recato l’ultima volta la mattina del 6 novembre 2017 per incontrare i seguaci turchi del predicatore Adnan Oktar capitanati da Oktar Babuna presso l’hotel Swiss Diamond di Morcote.

L’OMBRA DI AL TAQWA

Per tornare alla Lord Energy, il suo fondatore e direttore, si chiama Hazim Nada, ed è il figlio di Youssef Moustafa Nada, già fondatore della banca Al Taqwa, finita nel 2001nel mirino dei giudici italiani e svizzeri per finanziamento al terrorismo in un’inchiesta poi conclusa con il proscioglimento degli indagati ; il segretario della Lord Energy è Youssef Himmat, figlio di Ghaleb, stretto collaboratore di Nada e anch’egli sospettato in passato, pur senza alcun esito, di aver finanziato Al Qaeda. C’è poi Omar Nasreddin, che fino a un anno fa lavorava presso la Lord Energy e ha un padre molto importante fra i Fratelli Musulmani, Ahmed Idris, cittadino etiope e italiano, anch’egli vecchio socio di Nada e Himmat e insieme a loro risultato innocente. Ma ora l’inchiesta di Le Temps mette nuovamente la Svizzera di fronte alla propria incapacità di controllare le immense risorse delle quali dispongono le organizzazioni islamiche, ma ciò che è peggio è l’inazione politica.

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