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Colombie - 18 juin 2018 - La droite populiste revient au pouvoir

mardi 19 juin 2018, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 19 juin 2018).

Son opposant, l’ex-guérillero et ancien maire de Bogota Gustavo Petro, a obtenu 41,8% des suffrages avec son mouvement Colombie Humaine, ce qui représente un score jamais vu pour la gauche en Colombie.

Le nouveau président colombien a beau n’avoir que 42 ans, il compte parmi ses soutiens nombre de politiciens notoirement connus comme les plus corrompus du pays ou leurs alliés, qui appartiennent à un large spectre de la droite colombienne incluant les partis chrétiens, les Eglises évangélistes, les conservateurs, une partie du Parti libéral et évidemment la droite dure uribiste.

La droite populiste revient au pouvoir en Colombie

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Publié lundi 18 juin 2018 à 20:42

Ivan Duque, dauphin de l’ancien président Alvaro Uribe, a remporté l’élection à la magistrature suprême. Son rival, Gustavo Petro, obtient cependant un score historique pour la gauche

C’est donc le jeune président de bientôt 42 ans Ivan Duque, représentant la droite la plus conservatrice et la plus extrémiste, qui a été élu dimanche en Colombie avec 53,9% des voix. Son opposant, l’ex-guérillero et ancien maire de Bogota Gustavo Petro, a obtenu 41,8% des suffrages avec son mouvement Colombie Humaine, ce qui représente un score jamais vu pour la gauche en Colombie. La participation proche de 54%, à peine moins élevée qu’au premier tour du 27 mai, constitue un record pour une élection présidentielle dans le pays.

Un quasi néophyte devenu président

Inconnu il y a quatre ans à peine et quasi novice en politique, l’avocat Ivan Duque a été propulsé sur le devant de la scène par l’ancien président Alvaro Uribe (2002-2010) sous le mandat duquel, au nom d’une politique dite de « sécurité démocratique », ont été commises les pires exactions du conflit colombien. Alvaro Uribe, qui fut aussi un des présidents les plus populaires de Colombie pour avoir considérablement affaibli – mais à quel prix ?­ – la guérilla des FARC, a d’abord invité Ivan Duque à faire partie de la liste de son parti le Centre Démocratique (CD) aux élections sénatoriales de 2014, avant de le désigner comme son favori aux primaires du parti pour la présidentielle de 2018. Ivan Duque venait de passer une dizaine d’années à la Banque interaméricaine de développement (BID) à Washington et avait servi d’assistant à Alvaro Uribe pour plusieurs missions. Mais mis à part ses quatre années comme sénateur, il n’a jamais eu de charge politique ou de poste dans l’administration publique colombienne.

Le nouveau président succède à Juan Manuel Santos qui, après huit ans de gouvernement et la récompense du Prix Nobel de la paix 2017, laisse un pays extrêmement changé, notamment du fait de l’accord de paix signé en novembre 2016 avec l’ancienne guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie, devenue le parti Force alternative révolutionnaire de Colombie (FARC). Pour le gouverner, Ivan Duque devra composer avec une opposition sérieuse et renouvelée, menée par Gustavo Petro, qui – comme le prévoit la Constitution – deviendra d’emblée sénateur. C’est la première fois de l’histoire colombienne qu’un candidat de gauche parvient au second tour et atteint un tel score. L’opposition n’aura cependant pas la tâche facile étant donné que le Congrès est depuis mars dernier en majorité acquis à la droite.

La lutte contre la corruption

A l’annonce des résultats, Ivan Duque, que ses détracteurs appellent communément « el que dijo Uribe » (celui qu’a désigné Uribe), a « remercié Dieu et le peuple colombien » pour cette victoire. Il a affirmé, entouré de sa femme, de ses trois enfants, de sa mère, de sa vice-présidente Marta Lucia Ramirez et de son équipe de campagne, qu’il gouvernerait pour « tous » les Colombiens. Appelant « à la réconciliation », il a assuré que son gouvernement, « symbole d’une nouvelle génération », lutterait contre « la corruption et le clientélisme », fléau de la vie politique colombienne depuis des décennies.

Or, le nouveau président colombien a beau n’avoir que 42 ans, il compte parmi ses soutiens nombre de politiciens notoirement connus comme les plus corrompus du pays ou leurs alliés, qui appartiennent à un large spectre de la droite colombienne incluant les partis chrétiens, les Eglises évangélistes, les conservateurs, une partie du Parti libéral et évidemment la droite dure uribiste, qui s’est farouchement opposée ces huit dernières années au président Santos et à l’accord de paix. Sans compter les enquêtes de justice qui visent régulièrement Alvaro Uribe, que ce soit pour un scandale d’écoutes illégales lorsqu’il était président, pour des accusations sombres de manipulations de témoins ou, pire, pour ses liens avec les mafias et les paramilitaires. Son frère Santiago Uribe est aussi accusé d’être lié au sinistre groupe paramilitaire « Los 12 Apóstoles » (les douze apôtres).

Un avenir flou

Dans ces conditions, une fois à la présidence, Ivan Duque restera-t-il « le pantin d’Uribe », comme le surnomment aussi ses critiques, ou prendra-t-il ses distances avec le mentor auquel il doit tout ? L’avenir de l’accord de paix avec les FARC, vilipendé par le Centre démocratique et son chef, les négociations de paix en cours avec l’Armée de libération nationale, la deuxième guérilla colombienne, que Duque ne souhaite pas poursuivre en l’état, la réforme de la justice souhaitée par Alvaro Uribe sont autant de sujets cruciaux pour la destinée d’un pays qui reste l’un des plus inégalitaires de la région. D’autant que la violence des groupes armés, notamment liés aux cartels de drogue, a repris dans certaines régions.

Ivan Duque a affirmé dans son discours de victoire que les priorités de son gouvernement seront « la sécurité, la justice et l’incitation aux investissements privés ». Il a aussi précisé qu’il apporterait des « corrections » à l’accord de paix, dont la mise en œuvre a déjà pris beaucoup de retard. Le conseil politique du nouveau parti FARC s’est félicité de la tenue de ces élections si pacifiques et a d’ores et déjà « assuré de sa disposition à se réunir avec le président élu » pour exposer son point de vue.

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