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USA - La guerre, et non la réforme économique, est l’avenir le plus probable de l’Amérique

dimanche 1er juillet 2018, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 1er juillet 2018).

Combien de temps la Réserve fédérale peut-elle éviter l’inévitable ?

https://reseauinternational.net/com…

27 juin 2018

Paul Craig Roberts

traduction : Evanis pour Réseau International

Quand les multinationales américaines et Wall Street vont-elles s’asseoir avec le président Trump et lui expliquer que sa guerre commerciale n’est pas avec la Chine mais avec elles. La plus grande partie du déficit commercial de l’Amérique avec la Chine est la production délocalisée des multinationales américaines. Lorsque les multinationales introduisent sur le marché des consommateurs américains les produits fabriqués en Chine, c’est considéré comme des importations en provenance de Chine.

Il y a six ans, alors que j’écrivais « The Failure of Laissez Faire Capitalism » [l’Echec du Capitalisme « Laissez Faire »], j’ai conclu que la moitié des importations américaines en provenance de Chine provenait de la production délocalisée de sociétés américaines. La délocalisation est un avantage substantiel pour les sociétés américaines en raison des coûts de main-d’œuvre et de conformité beaucoup moins élevés. Les bénéfices, les primes des dirigeants et les gains en capital des actionnaires bénéficient d’une forte impulsion grâce à la délocalisation. Les coûts de ces avantages pour quelques-uns tombent sur le grand nombre – les anciens employés américains qui avaient autrefois un revenu de la classe moyenne et les projets pour leurs enfants.

Dans mon livre, j’ai cité des preuves que pendant la première décennie du 21e siècle « les Etats-Unis ont perdu 54.621 usines, et l’emploi manufacturier a chuté de 5 millions d’employés. Au cours de la décennie, le nombre de grandes usines (celles employant 1 000 employés ou plus) a diminué de 40%. Les usines américaines employant 500-1 000 travailleurs ont diminué de 44% ; ceux qui employaient entre 250 et 500 travailleurs ont diminué de 37% et ceux qui employaient entre 100 et 250 travailleurs ont diminué de 30%. Ces pertes sont nettes des nouvelles entreprises. Toutes les pertes ne sont pas dues à la délocalisation. Certains sont le résultat de faillites d’entreprises »(p.100)

En d’autres termes, pour le dire le plus simplement et le plus clairement, des millions d’Américains ont perdu leur emploi de classe moyenne non pas parce que la Chine fût déloyale, mais parce que les sociétés américaines trahissaient le peuple américain et exportaient leurs emplois. « Make America Great Again » [Rendre l’Amérique belle à nouveau] signifie traiter avec ces sociétés, pas avec la Chine. Quand Trump apprendra cela, à supposer que quelqu’un le lui dise, va-t-il laisser la Chine tranquille et affronter les multinationales américaines ?

La perte d’emplois dans la classe moyenne a eu un effet désastreux sur les espoirs et les attentes des Américains, sur l’économie américaine, sur les finances des villes et des États et par conséquent, sur leur capacité à remplir leurs obligations de retraite et à fournir des services publics, en réduisant la base d’imposition pour la sécurité sociale et l’assurance-maladie, menaçant ainsi ces éléments importants du consensus américain. Bref, l’élite corporatiste cupide s’est enrichie à un coût énorme pour le peuple américain et pour la stabilité économique et sociale des États-Unis.

La perte d’emplois due à la délocalisation a également eu un impact énorme et terrible sur la politique de la Réserve Fédérale. Avec la baisse de la croissance des revenus, l’économie américaine a calé. La Réserve fédérale d’Alan Greenspan a substitué une expansion du crédit à la consommation à la croissance manquante des revenus des consommateurs afin de maintenir la demande globale des consommateurs. Au lieu d’augmenter les salaires, Greenspan s’est appuyé sur une augmentation de la dette des consommateurs pour alimenter l’économie.

L’expansion du crédit et la hausse conséquente des prix de l’immobilier, ainsi que la déréglementation du système bancaire, en particulier l’abrogation de la loi Glass-Steagall, ont provoqué la bulle immobilière, la fraude et les dérivés adossés à des hypothèques qui ont mené au crash financier de 2007-2008.

La Réserve fédérale a réagi au crash non pas en renflouant la dette des consommateurs, mais en renflouant la dette de ses membres – les grandes banques. La Réserve fédérale a laissé les petites banques faire faillite et être rachetées par les grandes banques, augmentant ainsi la concentration financière. L’augmentation de plusieurs milliards de dollars dans le bilan de la Réserve fédérale s’est fait entièrement au profit d’une poignée de grandes banques. Jamais auparavant, dans l’histoire, une agence du gouvernement des États-Unis n’avait agi de façon aussi décisive au nom de la classe des possédants.

La façon dont la Réserve fédérale a sauvé les grandes banques irresponsables, qui auraient dû faire faillite et être démantelées, a été d’augmenter les prix des actifs toxiques dans les livres des banques en abaissant les taux d’intérêt. Pour être clair, les taux d’intérêt et les prix des obligations évoluent dans des directions opposées. Lorsque les taux d’intérêt sont abaissés par la Réserve fédérale, ce qu’elle réalise en achetant des titres de créance, les prix des obligations augmentent. A mesure que les divers risques liés à la dette évoluent ensemble, la baisse des taux d’intérêt fait augmenter les prix de tous les titres de créance, même en difficulté. L’augmentation des prix des titres de créance a produit des bilans solvables pour les grandes banques.

Pour atteindre son objectif, la Réserve Fédérale a dû abaisser les taux d’intérêt à zéro, ce que même la faible inflation rapportée a réduit à des taux d’intérêt négatifs. Ces faibles taux ont eu des conséquences désastreuses. D’une part, les taux d’intérêt bas ont provoqué toutes sortes de spéculations. D’autre part, les faibles taux d’intérêt privés réduisent les intérêts de leur épargne-pension, les obligeant à entamer leur capital, réduisant ainsi l’épargne des 90%. Le taux d’inflation a été sous-estimé ce qui a également empêché d’ajuster la sécurité sociale au coût de la vie pour les retraités, les forçant à dépenser leur capital de retraite. Les faibles taux d’intérêt ont également encouragé les conseils d’administration à emprunter de l’argent pour racheter les actions de leur société, augmentant ainsi le prix et par conséquent les primes et options d’achat des dirigeants et des administrateurs. En d’autres termes, les entreprises se sont endettées au bénéfice à court terme des dirigeants et des propriétaires. Les entreprises qui ont refusé de participer à cette escroquerie ont été menacées par Wall Street de prises de contrôle.

Par conséquent, aujourd’hui, la combinaison de la délocalisation et de la politique de la Réserve Fédérale nous a laissé une situation dans laquelle tous les aspects de l’économie sont endettés : les consommateurs, le gouvernement à tous les niveaux et les entreprises. Une récente étude de la Réserve Fédérale a conclu que les Américains sont tellement endettés et si pauvres que 41% de la population américaine ne peut pas rassembler 400 $ sans emprunter à la famille et aux amis ou vendre des biens personnels.

Un pays dont la population est endettée n’a pas de marché de consommation. Sans consommateurs, il n’y a pas de croissance économique sauf les faux chiffres présentés par le gouvernement américain qui sous-estiment le taux d’inflation.

Sans croissance économique, les consommateurs, les entreprises, les gouvernements étatiques, locaux et fédéraux ne peuvent honorer leurs dettes et s’acquitter de leurs obligations.

La Réserve Fédérale a appris qu’elle peut maintenir à flot le système de Ponzi qu’est l’économie américaine en imprimant de l’argent avec lequel soutenir les prix des actifs financiers. La prétendue hausse des taux d’intérêt par la Réserve fédérale ne veut pas dire que les taux d’intérêt réels augmentent. Même le taux d’inflation sous-estimé est plus élevé que la hausse des taux d’intérêt, ce qui fait que le taux d’intérêt réel baisse. Si le marché boursier essaie de se vendre, avant que beaucoup de dommages puissent être faits, la Réserve Fédérale intervient et achète des futures de Standand & Poor’s, augmentant ainsi les prix des actions. Normalement, la création de monnaie par la Réserve fédérale, surtout en conjonction avec un niveau d’endettement aussi élevé du gouvernement des États-Unis et des gouvernements locaux et étatiques, des consommateurs et des entreprises, entraînerait une chute du taux de change du dollar américain. Pourquoi cela n’est-il pas arrivé ?

Pour trois raisons. La première est que les banques centrales des trois autres monnaies de réserve – la banque centrale japonaise, la banque centrale européenne et la Banque d’Angleterre – impriment également de l’argent. Leur assouplissement quantitatif, qui continue encore, compense les dollars créés par la Réserve fédérale et empêche le dollar américain de se déprécier.

Une deuxième raison est que lorsque la suspicion sur la valeur du dollar fait monter le prix de l’or, la Réserve Fédérale ou ses banques d’investissement vendent des contrats à terme sur l’or avec des contrats nus. Cela fait baisser le prix de l’or. Dave Kranzler et moi-même avons publié de nombreux articles sur mon site Web qui prouvent que c’est le cas. Cela ne fait aucun doute.

La troisième raison est que les gestionnaires de fonds, les particuliers, les caisses de retraite, tout le monde et tout les autres aussi, préfèrent faire de l’argent que le contraire. Par conséquent, ils sont complices du système de Ponzi. Les personnes qui n’en ont pas bénéficié au cours de la dernière décennie sont celles qui ont compris qu’il s’agissait d’un stratagème de Ponzi mais n’ont pas réalisé la corruption qui sévissait obligeant la réserve fédérale et la banque centrale à continuer à nourrir la pyramide de Ponzi.

Comme je l’ai expliqué précédemment, le système de Ponzi s’effondre lorsqu’il devient impossible de continuer à soutenir le dollar aussi lourdement grevé que le dollar par les niveaux d’endettement et l’abondance des dollars qui pourraient être sous-évalués sur les marchés des changes.

C’est pourquoi Washington est déterminé à conserver son hégémonie. C’est l’hégémonie de Washington sur le Japon, l’Europe et le Royaume-Uni qui protège le système américain de Ponzi. Au moment où l’une de ces banques centrales cesserait de soutenir le dollar, les autres suivraient, et le système de Ponzi s’effondrerait. Si les prix de la dette et des actions américaines étaient réduits à leur valeur réelle, les États-Unis n’auraient plus leur place dans les rangs des puissances mondiales.

L’implication est que la guerre, et non la réforme économique, est l’avenir le plus probable de l’Amérique. Dans une colonne ultérieure, j’espère expliquer pourquoi aucun des partis politiques américains n’a la conscience et la capacité de traiter les vrais problèmes.

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