La classe ouvrière française n’est pas telle qu’on la rêve
Elle n’a évidemment jamais été tout fait comme on l’aurait voulue, mais il faut bien se rendre à l’évidence : elle évolue dans le mauvais sens.
En 1986, les ouvriers de la SNCF ont fait une grève très dure basée sur une coordination. Les sabotages étaient monnaie courante, et les trains redémarraient gratuitement. La grève avait bien sûr lieu tous les jours, 24 heures sur 24, et s’appuyait sur d’énormes manifs. Du coup, le projet gouvernemental de grille des salaires "au mérite" fut remisé au placard.
En 1995, les ouvriers de la SNCF ont fait un grève dure, mais la CGT a réussi a empêcher la base de s’auto-organiser en coordination. Malgré tout, la grève avait lieu tous les jours 24 heures sur 24. Il y avait d’énormes manifs de soutien tous les jours à laquelle participait une grande partie de la population, et la sécu avait pu être sauvée.
En 2018, les ouvriers de la SNCF ont fait un grève molle, car la CGT a non seulement réussi à empêcher la base de s’auto-organiser en coordination ; mais, en plus, elle a réussi a faire en sorte que la grève n’ait lieu que deux jours par semaine. Ce qui permettait à l’ennemi de souffler pendant que les cheminots s’essoufflaient. Et la grève s’est étouffée petit à petit jusqu’à sa fin dont on a à peine parlé. On a tout de même appris que les cheminots avaient fait au total 36 jours de grève. Si ça avait été 36 jours d’un seul coup, au lieu d’être deux jours par semaine, ils auraient gagné, et sauvé leur statut. Et ce même avant les 36 jours. Merci la CGT.
Ces exemples ne sont pas séparés les uns des autres, ils se suivent dans l’ordre, et montrent un affadissement progressif de la réaction de la classe ouvrière face aux attaques du patronat — 1986, grève très dure ; 1995, grève dure ; 2018, grève molle. Ils montrent que la classe ouvrière est de moins en moins indépendante, de moins en moins capable de déborder les organisations qui veulent la diriger.