Bonjour, camarade
La question de la Guerre d’Espagne n’a qu’un rapport très indirect, à priori, avec les restes du stalinisme en Mai 68…
De plus il me semble avoir déjà abordé cette question avec toi, ici même…
Comme je te l’ai dit, et paradoxalement, mon approche de la question est plutôt celle des anars et communistes libertaires que j’ai fréquenté à l’époque de la dissolution de VLR, première manière… Et parmi eux, des anciens de cette cause, qui en avaient transmis la mémoire aux générations actives de l’époque. Et donc encore un certain réalisme, même si le discours était politiquement orienté « anti-stalinien ». Il en ressortait qu’il n’y avait pas réellement de prime d’exemplarité de comportement d’un côté ou de l’autre.
Dans une guerre civile ou la moindre faction est dotée d’armes, les différents de toutes sortes, et pas forcément « idéologiques », se règlent plus facilement à coups de fusils qu’à coups d’arguments.
Plutôt que de détailler les responsabilités de tel ou tel crime ou massacre, il me paraît plus utile de cerner le contexte qui crée une telle situation et de comprendre les impasses qui en découlent, leurs causes et les solutions à trouver pour ne pas retomber dans ce genre de piège qui a assuré la victoire des fascistes.
Le « rôle de Staline » là dedans n’est pas forcément à négliger, mais à relativiser, à moins de considérer qu’un seul homme fait le cours de l’histoire par lui-même et que tous les autres en dépendent et sont directement manipulés par lui, ce qui est évidemment non seulement une conception idéaliste de l’histoire, mais tout simplement une absurdité, quant au fond.
En tous cas, d’un point de vue dialectique, il faut considérer la situation dans sa globalité, en commençant par la situation interne de l’URSS, qui concernait certainement Staline en premier lieu, et c’était déjà une situation de lutte difficile pour la construction du socialisme dans des conditions d’isolement et déjà, en grande partie, d’encerclement, et sous la pression de la montée du nazisme. L’aide matérielle que l’URSS pouvait apporter à l’Espagne était donc nécessairement limitée, sans même parler des conditions d’acheminement.
Quoi qu’il en soit, et contrairement à une légende assez établie en France, et même et surtout à gauche, on ne voit pas l’intérêt que l’URSS aurait pu avoir à une défaite de la République Espagnole.
Le fait qu’il aurait pu y avoir une contradiction entre ligne diplomatique et politique communiste ne tient pas non plus si l’on prend la peine d’étudier sérieusement l’ensemble des situations similaires auxquelles s’est trouvée confrontée l’URSS stalinienne. Au bout du compte on constate que ce sont les dirigeants opportunistes locaux qui prennent le plus souvent ce prétexte pour esquiver leur propre responsabilité dans les échecs et/ou les reculades de leurs partis.
https://tribunemlreypa.wordpress.com/doctrine-jdanov-les-bonnes-feuilles-commentees-selon-eduscol-du-rapport-jdanov-de-1947/
Là encore le concept idéaliste d’un Staline omnipotent par dessus les frontières est d’un grand secours à tous les indigents de la pensée pseudo-« marxiste »…
La vraie cause de l’échec de la Révolution espagnole est plus évidente si on la compare avec la Révolution bolchévique :
Manque d’unité autour d’un programme précis, manque de direction unifiée et centralisée, surtout sur le plan militaire, mais qui ne peut exister sans unité politique…
Cela pose le problème du choix des objectifs et des étapes pour y parvenir. Pour atteindre chacun des objectifs il faut unifier le maximum de forces pour y aboutir avant de passer à l’étape suivante, à l’objectif suivant, en unifiant toujours le maximum de forces possibles, mais qui ne sont plus forcément les mêmes.
Des éléments de collectivisation étaient peut-être possible dans le cadre de l’unité, notamment dans le cas d’entreprises abandonnées, ou dont les responsables sont passés à l’ennemi, comme cela s’est fait également au Donbass, à partir de 2014-15, mais à condition de ne pas rompre, précisément, l’unité du front.
Je n’ai pas une connaissance détaillée suffisante de chaque cas d’espèce durant cette période 1936-39, mais il semble que les causes de divisions internes du camp républicain ont été multiples et certainement pas à mettre toutes du côté des « staliniens », ou supposés tels.
Les causes essentielles de cet échec sont à chercher dans la structure et l’histoire interne de ce mouvement et non pas du côté de Moscou…
La Révolution bolchévique, quant à elle, a triomphé dans des conditions au moins aussi difficiles, face, également, à un interventionnisme étranger massif, et surtout et de plus, sans aucune aide extérieure réellement conséquente, et donc, par ses propres forces, en fin de compte.
Luniterre
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