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Stratégie et tactiques des Gilets jaunes

jeudi 20 décembre 2018, par Robert Bibeau (Date de rédaction antérieure : 20 décembre 2018).

Un mouvement populaire spontané

Le mouvement populaire spontané des Gilets jaunes marque le début d’un temps nouveau en politique contemporaine, un renouveau à la fois antisystème capitaliste et antiréformiste ; ce courant de pensée ayant contaminé aussi bien la « gauche » racoleuse et rafistoleuse des pots cassés du capital, que les « Indignés – Nuit debout – Occupy Wall Street » et autres frasques de petits-bourgeois offusqués du peu de considération que lui accorde le grand capital et ses laquais politiciens de toute obédience.

Le mouvement militant des Gilets jaunes émergeant spontanément de la base prolétarienne – ceux « d’en bas » – rejette à la fois – la gauche – le centre – et la droite bourgeoise –. Ce mouvement répudie les polichinelles de tout bord qui se partagent le pouvoir politique depuis un siècle, en alternance de collaboration de classe sous les ordres des patrons, les vrais maitres du pouvoir économique, politique et médiatique. Voilà ce qui est nouveau et donne un indice de l’avance de la conscience de classe prolétarienne sur « l’avant-garde » gauchiste ou droitiste (fasciste ou populiste). Cette conscience de classe immanente est le fruit des expériences vécues par les prolétaires du monde entier depuis les balbutiements du mouvement ouvrier autour de la Première, de la 2e, puis des 3e et 4e Internationales ; à l’occasion des deux grandes guerres ; en Mai-68 et lors des soulèvements populaires arabes plus récents. Expérience de lutte en ce temps-là toujours « encadrée » par les organisations de la gauche et/ou de la droite traditionnelle, pseudo représentants de la classe, et qui se sont chargés chaque fois d’aménager une voie de sortie permettant aux larbins du système de négocier au nom de leurs patrons une sortie en tromperie côté cour ou côté jardin.

Le subconscient de la classe prolétarienne est tellement imprégné de ces souvenirs amers que l’unanimité se fait aujourd’hui parmi les prolétaires en gilets jaunes pour refuser toute organisation, toute représentation, toute délégation de pouvoir, ce que le régime décrie avec véhémence et que la petite-bourgeoisie infiltrée dans le mouvement tente de contrer. Espérons que ce que l’avant-garde n’a pas encore compris la classe prolétarienne se le tiendra pour dit.

L’appel des petits-bourgs et des politiciens professionnels pour transformer le Mouvement en organisation politique, ou de congédier l’Assemblée nationale, ou de convoquer une Constituante, d’initier le Référendum d’Initiative Citoyenne (RIC-sic), ou de participer aux mascarades électorales bourgeoises qui n’ont rien donné depuis un siècle passé, n’ont pas trouvé d’échos auprès des militants prolétariens engagés… Ces propositions démocratico-démagogiques n’appâtent que les bobos et leurs sous-fifres qui aimeraient ainsi reprendre la main sur le Mouvement afin d’en monnayer l’enlisement. Quelle forme prendra éventuellement l’organisation des gilets jaunes en colère, nous ne le savons pas, mais nous savons toutefois que la base devra absolument s’assurer de conserver en tout temps la haute main sur ses porte-paroles et de ne jamais permettre le vedettariat parmi ses porte-paroles.

Cet article est disponible en cinq langues sur le webmagazine http://www.les7duquebec.com

L’unique objectif stratégique du Mouvement

Le mouvement est né autour d’un objectif stratégique qui a fait consensus dans son expression militante même s’il parut confus au début. Il est sain que de nombreux militants formulent leurs récriminations et participent ainsi à l’élaboration du plaidoyer commun qui malgré l’aspect cacophonique du début s’unifie au fur et à mesure de la lutte concrète. Les revendications « réformistes » ont été peu à peu balayées sous le tapis pour ne laisser qu’un seul objectif stratégique différemment formulé.

L’objectif stratégique des Gilets jaunes est de défendre le pouvoir d’achat des salariés étranglés par le système de profit anémié. En d’autres termes, leur objectif stratégique est de maintenir, sinon d’augmenter, la valeur et le prix de leur force de travail. C’est d’emblée une revendication de résistance de classe prolétarienne même si les prolétaires qui animent le mouvement ne savent pas l’exprimer en ces termes, ce qui importe peu, sauf pour les gauchistes dogmatiques. Cet objectif stratégique est par essence révolutionnaire, puisque la crise économique systémique du capitalisme rend sa satisfaction impossible. Chaque euro d’augmentation du salaire devra être pris dans la caisse des profits du capital en perdition. En ces temps de grave crise économique où le système capitaliste s’apprête à imploser, une telle revendication salariale est potentiellement insurrectionnelle, car le capital ne bénéficie d’aucune marge de manœuvre, ce que Macron le thuriféraire des banquiers est venu confirmer mardi dernier à la télévision française par des promesses creuses et trompeuses. Si le prolétariat français sent que le moment est propice, de telles promesses bidon l’amèneront à durcir ses positions et à maintenir ses revendications légitimes puisque c’est sa survie physique en tant que classe sociale qui en dépend. Les ouvriers militants le disent carrément « On ne vit plus avec ces salaires de misère, on survit à peine ».

Une variété de tactiques de lutte

Un objectif stratégique de cette importance se décline selon une variété de tactiques de combat. Examinons quelques-unes des tactiques de guerre de classe qu’instinctivement le Mouvement a mises en œuvre spontanément.

Première tactique inédite : Blocage des voies de circulation dans l’objectif de bloquer l’économie, c’est-à-dire la circulation du capital et donc de bloquer sa profitabilité. Contrairement aux sempiternelles marches-parades de carnaval où l’on supplie le suzerain de l’État des riches de daigner porter attention à ses ouailles affamées, cette tactique est potentiellement insurrectionnelle en s’attaquant directement au capital, à ses profits, la sève qui le maintient en vie. Rappelez-vous cette procession des serfs russes allant implorer la charité du tsar, le Petit père des peuples, et qui furent massacrés par milliers. Le mythe réformiste-rédempteur à la vie dure parmi la go-gauche soi-disant marxiste. À l’époque, les bolchéviques menaient la cérémonie sacrificielle, aujourd’hui c’est la CGT/CFDT/FO/SUD qui mènent ce bal intemporel.

L’été dernier, les cheminots lors de leur grève partielle avaient tâté de cette tactique de blocage des transports des travailleurs et du fret, indice que la tactique insurrectionnelle de bloquer l’économie faisait son chemin dans le subconscient de la classe prolétarienne française, la plus militante du continent européen.

Les manifestations de résistance radicale

Une tactique complémentaire s’est vite imposée pour renforcer et radicaliser la tactique de blocage de l’économie. Contrairement aux manifestations de types « parades-processions-manifestations d’immolation » débilitantes qui répandent le pessimisme dans le mouvement et le démobilise, les manifestations de résistance, très militantes des Gilets jaunes, à Paris et en province, ont l’utilité de démontrer la pugnacité des militants, leur détermination et surtout de galvaniser les troupes prolétariennes sur les barrages après chaque « Acte » insurrectionnel spontané. Sans compter que ces casses permettent de peaufiner l’expérience de guérilla urbaine prolétarienne. Cependant, le blocage de l’économie – de la circulation des marchandises et donc des profits – est la tactique de lutte décisive sur le front économique de la lutte de classe et devra être renforcé. Le blocage des transports de marchandise et de travailleurs ainsi que des raffineries de pétrole mettra l’État terroriste bourgeois à genoux en même temps que ses patrons du grand capital.

La grève générale arme ultime du prolétariat

Un lecteur de notre webmagazine réplique : « La grève générale est l’arme ultime des travailleurs sur le front économique de la lutte de classe » ce qui est tout à fait exact. La grève générale stoppe la circulation générale du capital et étrangle l’accumulation sectorielle des profits. Mais de nos jours, où leur économie est tellement dépendante du transport des marchandises et de la circulation des travailleurs salariés (le capital variable) il existe différentes façons d’amorcer une grève générale. En bloquant les transports de marchandises (biens et services) et la circulation des travailleurs vers les lieux d’exploitation de la force de travail salariée on obtient le même résultat que par la grève d’ateliers, d’usines et de chantiers avec la perte de salaire en moins pour les paumés des autoroutes bloquées et de la SNCF paralysée. Si les cheminots n’étaient pas paralysés par leurs bureaucraties syndicales, ils pourraient relancer leur mouvement de grève – mais en continuité et illimitée cette fois –, avec les Gilets jaunes finis l’innocuité des grèves larvées.

Alors que quelques gilets jaunes égrènent la litanie de leurs revendications réformistes, les ministres du gouvernement Macron savent eux que leur gouvernement fantoche est en sursis. Qui ne sait pas mâter la plèbe ne mérite pas de gouverner pensent les gouverneurs du grand capital international.

La ministre Penicaud, dans une novlangue indescriptible, vient de jeter de l’huile sur le feu, sur LCI : ’’Un coup de pouce au SMIC, on sait que ça détruit des emplois, donc ce n’est pas la bonne méthode » déclame-t-elle à l’encontre de son patron. Tout est dit par ceux-là mêmes qui sont chargés de la maintenance du système en déroute. Le système économique capitaliste est incompatible avec la survie de la classe prolétarienne. Sous ce mode de production déclare la ministre lucide : « si vous augmentez les salaires et accordez assez aux ouvriers pour survivre, vous détruisez leurs emplois et les enfoncés dans la misère ». Alors, messieurs dames de la go-gauche, la question se résume donc à ceci : « faut-il sauver le système capitaliste ou faut-il sauver le prolétariat français ? » Quand tout aura été dit et que tout aura été consommé, les Gilets jaunes, par eux-mêmes, sans l’aide d’une avant-garde de la go-gauche ou de la droite « fasciste ou populiste » comprendront que la défense de leur pouvoir d’achat (du prix de vente de leur force de travail) les mène directement à la confrontation antagoniste avec le capital pour leur survie individuelle et collective. Rendue au paroxysme de cet affrontement insurrectionnel deux voies s’ouvriront au prolétariat – celui du réformisme petit-bourgeois – et quelques avantages éphémères seront concédés comme au temps du CNR – que le capital reprendra aussitôt – ; ou alors la Révolution prolétarienne détruira définitivement ce mode de production moribond et créera les conditions de l’édification d’un nouveau mode de production sans salariat, sans monnaie, sans profit et sans prolétariat.

La répression et les rafles de lycéens à Mantes-la-Jolie

Cette ignominie a un nom, elle s’appelle une « rafle policière et politique », l’étape répressive où le pouvoir des riches vacille et où la flicaille de l’État de droit bourgeois, sans le savoir, recrute des militants résistants en faveur de l’insurrection populaire. (1) Il ne reste qu’à dénoncer cette infamie sans nom contre les adolescents de l’insurrection populaire. Nous approchons du point de retournement où le pouvoir bourgeois empêtré dans ses contradictions insolubles basculera dans la répression sauvage contre-insurrectionnelle. Tout ceci fait dire à un camarade que le temps est venu après tant de rafles réactionnaires, de détentions arbitraires et d’arrestations politiques, de réclamer la libération des prisonniers politiques en gilets jaunes. « Pas de rencontre ni de discussion avec le gouvernement tant que nos camarades sont en détention ! » « Libérez nos camarades » (2)

Les mots d’ordre des petits-bourgeois

Comme à l’habitude, un mouvement hétéroclite voit les petits-bourgeois frustrés de ne pas accéder à la notoriété avancer leurs pions et revendications. Et voici que fusent : « Macron démission », « Convoquons les États généraux » « Constituante républicaine », « refondons la République capitaliste nationaliste », « En avant pour le RIC » et cent autres fadaises réactionnaires. Le prolétariat sait bien lui que si demain Sarkozy, Juppé, Hollande, Mélenchon ou une autre potiche des riches était appelée aux affaires rien ne changerait aux « affaires ». Le grand capital a voulu ce thuriféraire de chez Rothschild qu’il se démerde avec ce valet jupitérien. Le prolétariat ne négocie pas avec une porte-mallette, il veut débattre avec le patron, qu’il sorte de sa réunion de conseil d’administration.

Les « casseurs » sont des nôtres

Ne vous laissez pas berner par la propagande policière et politique à propos des soi-disant « casseurs » diffusée par les médias à la solde du grand capital. Les soi-disant « casseurs » sont des Gilets jaunes qui sont à bout – qui en ont ras le bol (les gens incarcérés suite aux rafles policières le prouvent). Il n’y a qu’une sorte de Gilets jaunes - des prolétaires exaspérés qui en ont assez et qui résistent au matraquage répressif de l’État terroriste. Les petits-bourgs qui ont peur de la violence devraient rester à domicile, on n’a pas besoin d’eux dans les manifs de résistance. Et que les bobos effrayés cessent d’argüer que le prolétariat français rejette les gilets jaunes qui résistent au matraquage et qui « cassent », car c’est faux. Les prolos sans gilet jaune soutiennent les prolos en gilet jaune qui combattent l’État policier. La violence du patronat on la vit chaque jour en usines, dans les ateliers et sur les chantiers.

NOTES

1. https://web.facebook.com/philippe.b…

2. http://www.les7duquebec.com/7-daill…

4 Messages de forum

  • Stratégie et tactiques des Gilets jaunes 20 décembre 2018 07:28, par Les pieds dans les prés

    La photo c’est pas un peu trop grand ou haut, non ?
    C’est "Occupy The Site" baby bob, si tu prends tout l’espace de mon écran, c’est pour dire que tu as raison ou pour faire de la pub ?
    Merci.

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  • Le diable est sorti de sa boite au milieu d’un nuage de confetti ! Le répugnant RIC est repris presque partout comme revendication principale du mouvement qui a miraculeusement oublié ses propres objectifs qui étaient strictement économiques, donc clairs et précis ! Donc : ce mouvement est fini ! Les honnêtes de Commercy qui voulaient créer des assemblées citoyennes (soviets) partout sont vaincus ! Survivront ils ? Sous quelle forme ? C’est désormais le seul enjeux !

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