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Et vous, pouvez-vous marcher sur l’eau ? (vidéo 2’31)

samedi 20 mai 2017, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 20 mai 2017).

http://sciencepost.fr/2017/05/pouvez-marcher-leau/

Par Yohan Demeure

20 mai 2017, 11 h 24 min

L’eau et la Maïzena donnent un mélange plus solide que liquide. Comment fonctionne le mécanisme en question ? La réponse est donnée par des physiciens français !

Pourquoi ne pas tenter l’expérience ? Mélangez de l’eau tiède et de la Maïzena (amidon de maïs) dans un bol jusqu’à obtenir un résultat homogène. Cette matière, davantage solide que liquide, a des propriétés plutôt étonnantes. En effet, lorsque l’on y enfonce doucement un doigt, celui-ci y pénètre facilement. En revanche, si l’on tape assez violemment sur le liquide, celui-ci affiche une certaine résistance au choc.

Il s’avère qu’il existe des fluides qui changent leur résistance en fonction de l’intensité de la force exercée et le mélange eau-Maïzena en fait partie. Les scientifiques, depuis longtemps passionnés par le sujet, ont donné un nom à la science étudiant ce phénomène : la rhéologie.

Des scientifiques du CNRS et de l’Université Aix-Marseille pensent avoir entièrement compris le mécanisme régissant le « rhéoépaississement » qu’ils expliquent dans une publication dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences le 1er mai 2017 et relayé dans un communiqué du CNRS.

« Jusqu’à présent, plusieurs explications étaient évoquées pour expliquer ce phénomène. Mais il fallut attendre 2013 et une série d’articles théoriques pour qu’émerge un nouveau scénario impliquant l’existence de forces répulsives », indique Bloen Metzger qui a codirigé de l’étude.

Le secret se trouverait dans les forces répulsives de courte portée et le frottement entre les particules. À la base, les particules restent à distance, mais après avoir accusé un choc, ces dernières se rapprochent et se frottent entre elles puis changent la structure du liquide en le rendant plus solide (voir schéma ci-dessous).

Image du CNRS

Et pourtant, selon les chercheurs, « rien ne distingue un grain de maïzena d’un grain de semoule ou de sable, si ce n’est sa taille ». En effet, la différence se trouve principalement dans sa physico-chimie de surface capable de générer des forces répulsives. La taille est également importante puisqu’à cette échelle, ces mêmes forces sont suffisantes pour maintenir la distance et éviter tout contact.

Côté application, il y a la piscine sur laquelle il est possible de se déplacer en marchant dessus (voir vidéo), mais il est possible de penser à d’autres usages. Pourquoi ne pas imaginer une veste de moto souple qui se durcirait sous l’effet d’un choc et protégerait le pilote ? Il s’avère que l’armée américaine étudie déjà le fluide dans le cadre de la confection de gilets pare-balles également efficaces contre les armes blanches. Ce fameux gilet est composé non pas de Maïzena, mais de billes de silice ayant les mêmes propriétés.

En 2014, un fluide du même type avait fait sensation à Kuala Lumpur lors d’un événement public :

Vidéo du 7 janvier 2014

Cliquer sur l’image pour voir la vidéo.

1 Message

  • Quand les liquides se bloquent : le mystère de la fécule de maïs élucidé

    http://www2.cnrs.fr/presse/communique/5019.htm

    Paris, 4 mai 2017

    Certaines suspensions de particules, comme des grains d’amidon dans l’eau, liquides au repos, deviennent brusquement solides lorsqu’elles sont soumises à un écoulement rapide ou à un choc. Ce comportement fascinant, appelé rhéo-épaississement, permet par exemple de « marcher sur l’eau » ou de concevoir des vestes légères et souples mais très résistantes en cas de choc. Des chercheurs de l’Institut universitaire des systèmes thermiques industriels (Aix-Marseille Université/CNRS) ont montré expérimentalement que ce comportement vient d’une transition qui implique le frottement entre les particules et la présence de forces répulsives à courte portée (d’origine électrostatique ou physico-chimique). Cette étude est publiée dans la revue PNAS, le 1er mai 2017.
    Comment certains fluides peuvent-ils brutalement devenir solides ? L’origine de ce phénomène est longtemps restée incomprise. Les chercheurs de l’Institut universitaire des systèmes thermiques industriels (CNRS, Aix-Marseille Université) se sont appuyés sur un modèle théorique très récent (Seto et al PRL 2013, Wyart et Cates PRL 2014). L’idée est la suivante : à faible contrainte et en présence de forces répulsives à courte portée, les particules dans une suspension rhéo-épaississante sont maintenues à distance et par conséquent ne se touchent pas. L’absence de contact solide fait que les particules ne frottent pas les unes avec les autres : la suspension coule alors facilement (cf. figure 1). En revanche, sous l’effet d’un choc, ou à forte vitesse les particules sont poussées au contact solide. Les particules qui frottent alors les unes contre les autres produisent un milieu fortement dissipatif : la suspension se transforme soudainement en solide.

    Pour mettre en évidence cette transition frictionnelle, c’est à dire le comportement frottant ou non-frottant des particules, les chercheurs de l’IUSTI ont étudié les angles d’avalanche, les propriétés de compaction sous vibration et enfin les effets de dilatation de différentes suspensions de particules. Ils ont ainsi pu démontrer que les particules au sein des fluides rhéo-épaississants se comportent effectivement comme des grains non-frottants lorsqu’ils sont soumis à une faible contrainte. En diminuant la portée de la force répulsive entre les grains dans une suspension rhéo-épaississante modèle de particules de silice, ils ont aussi montré que cet état non-frottant disparait et que la suspension recouvre alors un comportement rhéologique standard.

    Ces résultats, qui lient pour la première fois les propriétés microscopiques de surface, la friction et le comportement rhéologique macroscopiques des suspensions, confirment que le rhéo-épaississement résulte d’une transition frictionnelle. La mise en évidence du rôle crucial de la friction dans les suspensions devrait permettre de mieux comprendre et donc d’améliorer la formulation des bétons modernes qui incorporent des polymères afin de contrôler leur propriétés d’écoulement. Plus généralement, cette avancée devrait aussi contribuer à la formulation de suspensions aux propriétés rhéologiques contrôlées, avec des applications médicales ou sportives (attelles ou protections souples autorisant les mouvements lents mais protectrices en cas de choc).

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