Quelques points importants à rappeler pour comprendre les enjeux du CNR, à l’époque et encore aujourd’hui :
Le programme du CNR, négocié en 1943, comprenait bien réellement les avancées sociales qui lui confèrent encore aujourd’hui une aura dans ce domaine.
Cependant, même s’il proposait des nationalisations assez extensives, il n’y était nullement question de socialisme. Ce mot et ce but n’y figurent pas (pas plus que dans le « remake » initié par le PRCF en 2014 !).
Le programme du CNR instituait bien les Comités Départementaux de Libération, comme organes locaux exécutifs du programme, mais expressément et uniquement à titre provisoire, dans la période de reconstitution des institutions « républicaines » classiques, strictement copiées et reprises de la 3e République.
Les représentants du PCF et de la CGT ont donc entériné la reconstitution de l’Etat français dans sa forme ancienne et avec ses superstructures basées sur des rapports de production capitalistes tels qu’ils étaient à la base de l’impérialisme français, dont ils ont également cautionné la reconstitution.
>>>Dès le 8 Mai 1945, des milliers de morts en Algérie, à partir de Sétif :
https://tribunemlreypa.wordpress.com/2019/05/14/le-8-mai-1945-a-setif-kateb-yacine-se-souvient/
A la libération un grand nombre des CDL ont tenté de se constituer comme alternative politique, mais du fait de leur légitimité « provisoire », cette tentative était donc vouée à l’échec. Il en a été de même pour les organisations de masse du PCF, qui, à la base, ont tenté la même démarche.
C’est principalement en ce sens que le programme du CNR était un accord de Kollaboration de classe : il prévoyait dès le départ la liquidation de la Résistance au profit de la reconstitution de l’Etat impérialiste français.
Ce n’est donc pas vraiment le refus de rendre les armes qui est à l’origine des concessions sociales faites par le pouvoir. Par contre, les dirigeants du PCF et de la CGT avaient réellement signé un accord, avec ce programme, pour entériner la liquidation de la Résistance en tant que force politique et armée indépendante.
C’est là que git le lièvre de la « trahison » apparente, mais qui était un engagement inclus dans le CNR lui-même, qui ne devrait donc pas avoir une telle aura, et même devrait effectivement avoir une aura négative, d’un point de vue ML.
L’aura mythique vient de la propagande effrénée faite à l’époque par le groupe dirigeant thorezien, et encore aujourd’hui par ses clones à la « gauche » du PCF et par ses groupuscules « dissidents », genre PRCF.
L’un des tout derniers combattants de la Résistance prolétarienne indépendante, René Camphin, est mort en 1954, vraisemblablement assassiné par les thoreziens. C’était, en tout cas, l’avis de sa mère, Eugénie Camphin, décédée en 1987, elle même grande résistante et également mère de deux autres grands résistants, tout deux assassinés par les nazis. Ses trois fils sont donc morts pour la cause, à laquelle elle a également consacré sa vie.
Yalta n’a effectivement rien à voir avec le CNR et ce qui s’y est joué. L’URSS, dès le début de la guerre, préconisait un front de résistance avec la bourgeoisie nationale, contrairement au PCF qui se contentait de renvoyer « dos à dos » pétainistes et gaullistes, espérant négocier avec le mieux placé, et en l’occurrence, directement avec les nazis, pour la reparution légale du journal l’Humanité. Négociations auxquelles il a été mis fin à l’initiative des Kollabos d’extrême droite, qui se croyaient ainsi doublés…
Un paradoxe de l’histoire : dans le cas contraire, le PCF n’aurait certainement pas survécu comme force politique organisée durant la guerre et ensuite…
https://tribunemlreypa.wordpress.com/2018/02/11/mounette-dutilleul-ou-la-memoire-effacee-comment-appeler-les-choses-par-leur-nom/
La politique pour le moins « erronée » du PCF a été violemment critiquée d’un point de vue ML lors de la première réunion du Kominform, en 1947 :
https://tribunemlreypa.wordpress.com/doctrine-jdanov-les-bonnes-feuilles-commentees-selon-eduscol-du-rapport-jdanov-de-1947/
Dans diverses entrevues entre Staline et les dirigeants du PCF il est clairement fait mention, de la part de Staline, que le PCF doit se tenir prêt au combat. Lorsque le rapport de force est défavorable, Staline explique carrément que les armes doivent être cachées, et non pas rendues… Il demande également si le PCF a besoin de fonds et d’armes, s’il est organisé en conséquence. En 1947 Thorez ose affirmer que c’est le cas, au moment même, alors que les responsables de la « reconstitution » ces hypothétiques « réseaux » dont il parle sont benoîtement en pleine campagne …électorale !
Luniterre
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