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Élections européennes 2019. La joute se simplifie. Le capital choisi ses polichinelles politiques

dimanche 2 juin 2019, par Robert Bibeau

Les résultats

Les grands titres de la journée de lundi en Europe continentale mettent en lumière quatre "évènements significatifs" qui ouvrent la porte à de nouveaux équilibres impérialistes sur le continent. Toutes les portes ouvertes ne seront pas forcément franchies, mais … Et si pour une fois le résultat d’une élection européenne nous disait quelque chose sur l’avenir du continent ?

RÉSULTAT DES ÉLECTIONS EUROPÉENNES-FRANCE

Marine Lepen surpasse Macron … de 1%. Et Salvini est consacré, reléguant le M5S au rôle de comparse et faisant de Lega la première option au Nord et au Sud de l’Italie. (Ce qui signifie que le grand capital parvient à nouveau à faire accepter ses tonitruants ténors populistes comme il le fit dans les années trente du siècle dernier. Le profilage gauche et droite nous sera resservi sous une nouvelle forme revampée, mélangeant le vert, l’orange et le jaune. NdT)

L’éditorial est disponible en 5 langues sur le webmagazine : http://www.les7duquebec.com/7-au-fr…

Les Verts remportent la deuxième place en Allemagne et la troisième en France, poussés par la pression médiatique insupportable de la "Croisade des enfants" (sic) organisée par l’État lui-même. Le SPD va jusqu’au bout, rendant la "grande coalition" non viable dans ses termes actuels et confirmant la stratégie franco-allemande visant à convertir l’environnementalisme en drapeau idéologique de l’impérialisme européen. (Hier, c’était le patriotisme nationaliste chauvin qui servait de prétexte pour justifier le sacrifice de millions de vies humaines sur les champs de bataille. Aujourd’hui, c’est l’écologisme-environnementalisme-vert qui réclame des millions de vies pour sauver la vie sur terre. NdT)

SALVINI AVEC ORBAN - UN AUTRE GRAND GAGNANT DE LA NUIT ÉLECTORALE - ET D’AUTRES LEADERS EUROPÉENS APPELÉS « ULTRAS »

Le "Brexit Party" de Farage gagne les Européens en Grande-Bretagne, laissant la place à un parti conservateur délabré et divisé en deux par l’alternative d’orientation impérialiste décidée sous le Brexit. En bref : la faction proaméricaine et anti-UE de la bourgeoisie britannique est renforcée par la victoire de Farage - qui triple presque les votes des conservateurs - montrant que ni le parti conservateur ni le parti travailliste ne seront épargnés s’il gouverne, car il peut capitaliser sur la révolte petite-bourgeoise locale et l’utiliser comme bélier contre l’appareil politique britannique et européenne. (Nous ne croyons pas à cette hypothèse – Farage est un pantin et en aucun cas l’oracle de cette misérable tactique du Brexit qui a échoué lamentablement face à la rigidité du capital allemand. Il ne reste plus au capital britannique qu’a rentré ses griffes et à rentrer au bercail européen qui était – est – et sera son unique foyer – le Royaume-Uni est en Europe avec laquelle il fait le gros de son commerce. Espérons pour le capital britannique que l’Allemagne aura la victoire moins arrogante que ne le fut la victoire des Alliées. NdT)

L’important : Les « nettoyeurs »

Syriza a perdu les élections en Grèce et Tsipras a immédiatement convoqué des élections en ouvrant un petit séisme politique local. Ce n’est pas la seule star de la décennie à être éclipsée. L’expression de gauche de la révolte petite-bourgeoise paneuropéenne, de la "France Insoumise" de Mélenchon à Podemos en Espagne, est épuisée et en voie d’être liquidée. (Du côté gauche de l’alternative bourgeoise, le jeu est en effet plus compliqué étant donné que la gauche s’est prostituée sans se ménager au cours du dernier siècle et le prolétariat à la mémoire longue et la conscience de classe profonde – une nouvelle formule « gauchiste » reste à inventer de ce côté. NdT)

De manière générale, les résultats montrent que la bourgeoisie européenne continue de faire face à ses propres fractures internes - comme le préconise les États-Unis -, au renouvèlement de son appareil politique et à la pression d’une petite bourgeoisie en révolte, mais désorientée. Révolte qui semble enfin avoir oublié ses penchants gauchistes (Mélenchon, Tsipras, Podemos, …) et pris le chemin d’un nationalisme populiste (Farage), autoritaire (Orban, Lepen) et même « socialiste » dans la - tradition fasciste italienne - avec Salvini.

Bizness as usual

Mais il y a autre chose, une nouvelle qui semble masquée par l’obsession des données électorales : Fiat proposera à Renault une fusion qui ferait concurrence aux constructeurs allemands et surpasserait General Motors … au prix, surement, d’une rupture avec Nissan Mitsubishi. Nous comprenons maintenant l’épopée et la persécution de Carlos Ghosn, président étoile de Nissan et architecte derrière la scène de la pièce tragicomique française.

C’est-à-dire qu’il y a des mouvements et des tendances du capital non seulement en Italie, mais, ce qui est beaucoup plus important, en France, frustrée par l’attitude de l’empire allemand et alerté par les pressions de la Chine (et ses « Routes de la soie » auxquelles l’Italie et quelques pays européens ont adhéré récemment. NdT), ils misent et insistent pour la construction d’un nouvel axe européen Paris-Rome qui séparerait l’Europe méditerranéenne de Berlin … et disposerait d’options pour la déplacer en Méditerranée et en Amérique du Sud. Ces forces se voient renforcées après la "grande nuit" de Lepen … mais ne misent pas nécessairement sur le RN pour se réaliser. (Nous pensons plutôt que le capital français pousse du pied le capital allemand afin qu’il lui donne plus de place dans l’alliance franco-allemande – dont la menace italienne est la monnaie d’échange (de toute façon un axe franco-italien ne serait pas de taille à affronter l’Allemagne). De fraiche mémoire, le BREXIT fut entre les mains calcinées du capital britannique un piège amer de surenchère auquel l’Allemagne a répondu par le mépris. NdT)

L’unité impériale se construit dans l’adversité

Une porte s’ouvre, plusieurs en fait : le Brexit ou un partenariat "plus étroit" avec la Grande-Bretagne ; la consolidation de l’environnementalisme en tant que nouvelle démocratie sociale "pour l’exportation" et le drapeau impérial européen, l’affirmation d’un nouvel axe impérialiste intraeuropéen entre Paris et Rome … (confirmant l’axe Berlin-Paris. Tous ne seront pas exhaussés, mais à travers ces aléas l’Europe est en train de forger son unité afin de jouer sa partie concurrentielle face au géant américain en déclin et face à l’alliance Chine-Russie émergente. NdT)

Un détail à souligner est que la révolte des petits bourgeois européens, qui, il y a deux ans à peine, mettait en péril tout l’appareil étatique institutionnel (du Brexit à l’indépendance écossaise et catalane) est déjà pleinement intégrée aux batailles et aux fronts intérieurs de la bourgeoisie dans chaque pays européen. Comment pourrait-il en être autrement avec cette classe sociale qui n’a aucune alternative historique, qui est devenue une force subordonnée, un pion bruyant d’un plus grand jeu qui lui reste étranger  ? (En effet, tout comme lors de la Seconde Guerre mondiale, la petite-bourgeoisie aigrie, tordue, désespérée ne peut que regimbée pour vendre ses services de propagandes et d’encadrement du prolétariat le plus chèrement possible – mais sa mission de courroie de transmission et de chien de garde du grand capital sera toujours la même (avec ou sans gilets jaunes). En frappant sans cesse la petite-bourgeoisie et ses idéaux (roses – oranges – verts – jaunes ), le prolétariat frappe directement leurs maitres du grand capital. NdT)

Source : https://nuevocurso.org/una-nueva-eu…

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