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Gilets Jaunes contre oligarchie et « peste bleue », généalogie d’une guerre ouverte

samedi 15 juin 2019, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 15 juin 2019).

Pour la France, le choix de Jean Monnet fut une évidence de part ses liens étroits avec l’establishment américain et la CIA, l’ex. collaborateur sans convictions personnelles du régime de Vichy Robert Schuman fut également de la partie. Pour l’Allemagne, on recycla l’ancien nazi Walter Hallstein qui devint plus tard le premier président de la commission européenne.


Gilets Jaunes contre oligarchie et « peste bleue », généalogie d’une guerre ouverte

https://www.legrandsoir.info/gilets…

13 juin 2019

Zevengeur

Comme le souligne Emmanuel Todd [1], les dissidents de la pensée unique politico-médiatique avaient presque perdu l’espoir que le peuple Français ait conservé sa capacité à se soulever contre ses oppresseurs.

La révolte des gilets jaunes fut donc la bonne surprise de la fin d’année 2018 et une certaine fierté peut en être tirée après toutes ces années de soumission à la dystopie mondialiste.

Ce mouvement n’est donc que l’aboutissement d’un demi-siècle d’une politique des petits pas ayant consisté à hypothéquer la démocratie au profit des puissances financières et au détriment des intérêts de la grande majorité de la population.

Le principal vecteur de cette tyrannie est le machin supranational appelé « Union Européenne » construit ex-nihilo à partir de la fin de la guerre.

Les traités européens ratifiés dans le cadre de cette « peste bleue » sont la source de la plupart des problèmes majeurs ayant induit l’explosion récente du mouvement des gilets jaunes.

Mais d’où viennent donc les concepts fondateurs de l’idéologie inspiratrice de ces traités ?

Nous allons voir que la racine du mal tire sa source d’un contexte géopolitique ayant fait des États-Unis d’Amérique la principale superpuissance à la sortie de la guerre, cette dernière a alors profité d’une fantastique opportunité pour imposer son modèle idéologique en commençant par l’Europe de l’ouest.

A l’instar de celle de l’Union Soviétique, cette idéologie contenait cependant les germes endogènes de sa propre destruction. Historiquement, cette dernière prend sa source dans le modèle anglo-saxon et plus précisément dans sa déclinaison américaine avec la croyance de cette nation en une « destinée manifeste ».

Avant d’aller au-delà, il est nécessaire de comprendre le système de pensée américain.

Le modèle américain et la « destinée manifeste »

Au XVIIe siècle, les britanniques ont dans un premier temps fondé sur la côte est du continent américain leurs fameuses treize colonies.

Dans un second temps, les colons ont entrepris la célèbre conquête de l’ouest afin d’étendre leur contrôle sur de nouvelles terres.

Point de détail, ces dernières étaient déjà occupées par la population autochtone amérindienne. La question fut rapidement résolue par l’éradication des gêneurs afin de prendre possession de leurs territoires.

La nation américaine s’est donc construite sur l’acte fondateur du génocide de tout un peuple.

Les succès sanglants de la conquête de l’ouest induisirent alors une sorte d’hubris avec le développement de la croyance des colons en un statut de « peuple élu » associée à la notion théologique d’une « destinée manifeste » :

https://www.europe1.fr/politique/in…

Cette croyance mystique n’a jamais quitté les élites américaines à tel point qu’elle fut étendue à un projet d’hégémonie mondiale destiné à imposer par la ruse ou par la force le modèle américain à toute la planète.

Sociologiquement, ce modèle de souche culturelle britannique a été théorisé par Emmanuel Todd. Selon les travaux de ce dernier, il est basé sur une structure familiale de type « Famille nucléaire absolue » ou libertaire/inégalitaire. Autrement dit, dans un tel système, la liberté individuelle doit être totale et les inégalités sont parfaitement normales.

L’idéologie économique anglo-saxonne néolibérale, compatible avec ce modèle, fut quant à elle théorisée au début du XXe siècle dans le cadre de l’École de Chicago par les célèbres Milton Friedman et Friedrich Hayek.

En synthèse, les marchés privés étant considérés comme omniscients, tout doit leur être confié en ne laissant aux états supposés incompétents que des responsabilités minimum. Notons également que la nation américaine restera historiquement forte en dépit de son idéologie du tout privé.

La crise de 1929 induite par un libéralisme exacerbé fut cependant suivie par une période de régulation étatique emmenée par des économistes tels que John Meynard Keynes. Le néolibéralisme ne tarda hélas pas à refaire surface avec le colloque Lippmann tenu à Paris en 1938, ayant débouché sur les accords de Bretton Woods en 1944.

Ces considérations liminaires étant posées, nous pouvons commencer l’analyse de la situation et de ses causes en fixant le début de l’histoire à la débâcle de juin 1940.

Les racines du mal : la vassalisation américaine de l’Europe

Après la défaite militaire française des Ardennes contre les allemands, le combat aurait pu continuer dans les colonies. Cependant, le gouvernement Lebrun pris de panique confia avec l’aval du parlement les pleins pouvoirs à Pétain qui mit en place le régime de Vichy.

Dans une grande tradition historique [2], nous vîmes alors durant cette période l’oligarchie nationale copieusement collaborer avec l’occupant nazi.

En parallèle pendant le conflit, sous l’impulsion du général De Gaulle et de l’action de Jean Moulin, le célèbre programme consensuel du CNR fut élaboré afin d’être immédiatement appliqué à la libération.

Coté américain, n’oublions pas que le débarquement en Normandie n’avait pour but que d’éviter que l’Europe de l’ouest ne tombe entre les mains de l’URSS qui était en train de gagner la guerre grâce à ses succès sur le front est.

Cependant, durant le conflit les américains ont vu leurs capacités industrielles exploser avec l’effort de guerre. Par ailleurs, contrairement aux autres nations, ils n’ont subit aucune destructions de leurs infrastructures.

L’URSS constituant une superpuissance affaiblie par la guerre, les États-Unis étaient donc devenus pour un temps la nation la plus puissante de la planète. Il ne leur avait pas échappé que la fin du conflit représentait pour eux un kairos, autrement dit il y avait là un moment unique leur permettant dans le cadre de la « destiné manifeste » de lancer leur projet d’hégémonie mondiale.

Instrumentalisant le débarquement en Normandie, les américains considérèrent que l’Europe de l’ouest avait une dette envers eux. En effet, il fallait lui faire payer le prix du sang pour leurs boys tués sur les côte normandes ainsi que pour l’argent prêté un peu plus tard dans le cadre du plan Marshall.

L’Europe fut donc tout naturellement choisie comme zone pilote pour les objectif de vassalisation mondiale de nos « alliés » américain.

Autre point à remplir avant de lancer concrètement le projet, il fallait identifier un certain nombre de relais fiables dans les deux principales puissances européennes continentales.

Pour la France, le choix de Jean Monnet fut une évidence de part ses liens étroits avec l’establishment américain et la CIA, l’ex. collaborateur sans convictions personnelles du régime de Vichy Robert Schuman fut également de la partie. Pour l’Allemagne, on recycla l’ancien nazi Walter Hallstein qui devint plus tard le premier président de la commission européenne.

Attribuons cependant une note positive au chancelier Konrad Adenauer qui œuvra avec Charles De Gaulle à la réconciliation France/Allemagne.

Pour en savoir plus sur ces fameux « pères fondateurs » de l’Europe, je renvoie aux travaux de Jean-Pierre Chevènement, Annie Lacroix-Riz, aux analyses de François Asselineau et surtout à l’excellent livre de Philippe De Villiers « J’ai tiré sur le fil du mensonge et tout est venu » [3].

Restait le problème de l’adhésion des peuples.

L’histoire du XXe siècle ayant montré que les régimes totalitaires (nazisme, fascisme, communisme) avaient leurs limites, il fallait trouver un moyen plus subtil d’assujettir les peuples à l’idéologie néolibérale.

La fabrication du consentement

Les objectifs américains de l’après-guerre étaient clairs, mais il était au préalable nécessaire d’associer au projet un storytelling à destination des peuples qui n’auraient jamais accepté les véritables enjeux.

L’intellectuel américain Walter Lippmann (1889-1974), déjà évoqué, théorisa dans les années 20 le modèle de la « fabrication du consentement (des peuples) » dans le cadre des démocraties. C’est Noam Chomsky qui dénonça dans son ouvrage paru 1988 la collaboration active des médias dans la mise en œuvre de ce processus.

(Voir également ici l’interview sur Thinkerview de la philosophe Barbara Stiegler).

On inventa donc une histoire lénifiante d’union supranationale des nations devant en principe éviter la répétition des conflits sanglants ayant marqué l’histoire de l’Europe.

Durant les décennies qui suivirent, cette idéologie anglo-saxonne allait faire des émules chez les classes dirigeantes qui n’eurent jamais conscience de ses véritables origines. Elle fit en particulier des ravages dans la technostructure française composée de hauts fonctionnaires en déficit d’idées personnelles dont le seul moteur était de faire carrière.

Nous avions donc un projet sur le long terme, une idéologie, des hommes de mains à la botte des américains et un plan de communication.

A partir de ce qui précède, le « sous-projet français » a cependant rencontré un obstacle de taille en la personne du général De Gaulle. Ce dernier fut le grain de sable ayant fait perdre plus de vingt années à la construction de cette entité supranationale de vassalisation de l’Europe.

De Gaulle, le CNR et le circuit du trésor

Après la guerre, le gouvernement provisoire De Gaulle applique le programme du CNR avec en particulier la mise en place d’un système bancaire et financier au service de la collectivité et piloté par l’État appelé « circuit du trésor ».

A la sortie de la guerre, la dette était d’un montant de 200% du PIB. Le circuit du trésor a permis de résorber cette dernière en moins de dix années grâce à une forte croissance et une inflation élevée mais maîtrisée.

Puis durant une trentaine d’années, ce système a permis d’éviter tout déficit public avant que l’oligarchie ne réussisse à le mettre au tapis au milieu des années 70 au profit d’un « circuit de la dette ».

Toute cette histoire est racontée dans l’article ici [4] ;

https://www.legrandsoir.info/2019/0…

Ce premier acte de la reprise en main de la finance publique par des intérêts privés obligea donc l’état à financer ses éventuels déficits sur les marchés mondiaux, l’étape suivante consista à assécher ses sources de revenus.

Le départ de Charles de Gaulle fin 1946 et l’instabilité politique de la quatrième République permit au projet américain d’avancer avec la création de la CECA en 1952. Ensuite, la signature du traité de Rome entre les six pays du marché commun ouvrait la porte à de futures avancées supranationales.

Ce ne fut que le début d’une politique des petits pas [5] ayant progressivement retiré à l’État la plupart de ses moyens d’actions au profit d’intérêts privés. Cette politique s’illustra par la création d’institutions spécifiques qui allaient concerner un ensemble en expansion permanente de pays européens.

Traités européens et institutions supranationales

Le traité de Rome de 1957 vit la création de la CEE et de la commission européenne.

La CEE était une zone de libre échange comprenant six pays signataires appelée « Marché commun européen ».

Cette première phase n’était pas incohérente car ces six pays souverains formaient une zone économique homogène. L’honnêteté intellectuelle impose de reconnaitre que fut une réussite en ayant permis le développement des échanges dans la zone.

La lutte entre les tenants du supranationalisme et d’une Europe des nations défendue par Charles De Gaulle fit rage durant les années 1960. On citera en particulier le bras de fer entre ce dernier et la commission Hallstein avec la fameuse politique de la chaise vide. Cette action d’éclat visait à s’opposer à une tentative « discrète » de la commission de faire passer le principe de prises de décisions à la majorité des états membres à la place de la règle l’unanimité.

La suite ici :

https://www.legrandsoir.info/gilets…

1 Message

  • Quelques rappels historiques utiles, dans cette étude, mais quelques approximations, aussi, dont celle-ci, concernant les questions économiques, au delà de quelques évidences, effectivement oubliées, et donc toujours bonnes à rappeler… :

    « En synthèse, la monnaie unique favorise les exportations de l’Allemagne aussi bien dans la zone Euro qu’à l’extérieur et à l’inverse pénalise celles de la France. En témoigne les excédents commerciaux monstrueux de l’Allemagne et les déficits colossaux de la France. »

    Ce n’est pas l’euro le responsable, ici, mais bien la différence de politique économique des deux Etats : la France a choisi de saborder presque entièrement sa propre industrie au profit de l’importation japonaise, puis, et surtout, chinoise, alors que l’Allemagne a su préserver des pans essentiels de la sienne.

    L’article a donc néanmoins le mérite de souligner l’hétérogénéité de l’UE.

    Ce qui est en contradiction avec le principe de la « libre concurrence non faussée », faussée de fait, et de manière délibérée, vu les inégalités.

    Le but réel de l’UE est donc de les creuser, plutôt que de les réduire. Le « libéralisme », même « néo- », n’est toujours que le faux nez du capitalisme monopoliste d’Etat des principales nations européennes. Et donc, à moins de vouloir revenir au petit capitalisme pré-industriel, et au niveau et style de vie qui allait avec, c’est bien ce qu’il faut dénoncer, et non pas l’ « ultra-libéralisme » de l’UE, qui n’est qu’un paravent idéologique derrière lequel les comptes se règlent à couteaux tirés, en fait d’ « Unité Européenne », sorte de syndicat du crime économique.

    Ce n’est pas le syndicat, qu’il faut dénoncer, mais le crime lui-même. Sortir le « criminel », qu’il s’appelle « Macron », « Le Pen » ou autre, du syndicat, cela n’empêchera pas le crime, comme le « brexit » est en train de le montrer, si on avait encore un doute.

    Pour l’instant ce n’est pas l’UE qui empêche les revendications des Gilets Jaunes d’aboutir, mais bien leur propre incapacité à les formuler clairement et à désigner la cible, à savoir, le capitalisme.

    Malgré le rapport de force soudainement redevenu favorable par la révolte du 17 Novembre, ils n’ont pas su, et certainement, pour leurs « leaders », pas voulu, tout simplement, créer l’organisation de masse nécessaire à cet aboutissement.

    Ressasser les espoirs déçus du CNR ne mène à rien, et pour au moins deux raisons évidentes :

    __Ils reposaient sur une alliance avec une partie « progressiste » de la bourgeoisie nationale, classe sociale aujourd’hui disparue, « progressiste » ou non. Les forces productives encore utiles restantes sont toutes aux mains de la bourgeoisie monopoliste.

    __Cette alliance reposait sur plusieurs clauses qui impliquaient la liquidation de la résistance prolétarienne armée et autonome : le programme ne pouvait donc être « appliqué » que dans l’intérêt de la bourgeoisie, et de ce fait, de sa fraction la plus réactionnaire, fut-elle « gaulliste ». Les concessions sociales, certes non négligeables, étaient donc néanmoins la contrepartie de la restauration de l’empire colonial français et de ses pratiques criminelles.

    https://tribunemlreypa.wordpress.com/2017/04/03/le-mythe-du-nouveau-cnr-vieux-serpent-de-mer-du-social-chauvinisme/

    Et sinon, à propos de "répression stalinienne", c’est effectivement donner dans le consensus anticommuniste et antisoviétique, et donc, d’une manière ou d’une autre, légitimer le capitalisme. Non pas qu’il faille opposer un panégyrique fétichiste de Staline, comme le font encore certains, au panégyrique fétichiste du capitalisme, même "anti-libéral", mais simplement une analyse matérialiste dialectique de l’histoire du socialisme en URSS, dont on puisse tirer des leçons utiles aujourd’hui, face aux problématiques insolubles que révèle l’analyse matérialiste dialectique de la présente crise du capital.

    https://tribunemlreypa.wordpress.com/2018/05/17/marx-200-ans-quelle-signification-de-son-detour-russe/

    https://tribunemlreypa.wordpress.com/2019/06/10/chine-usa-2014-2019-chronique-dune-guerre-economique-annoncee/

    https://tribunemlreypa.wordpress.com/marxisme-leninisme-marx-lenine-ml-en-deux-mots-cest-quoi-partie-1/

    Luniterre

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