Extractivisme au Venezuela
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J’ai été hier à une soirée d’information de l’Espace autogéré de Lausanne sur le Venezuela. Un pote anarchiste vénézuélien, Esteban, a présenté le documentaire Extractivisme au Venezuela. Un débat sur la situation au Venezuela a suivi.
Le Venezuela aujourd’hui
Je n’ai pas pris de notes. Ce sont donc mes impressions sur ce qui a été dit.
Le gouvernement Maduro et avant lui celui de Chavez sont des gouvernements militaires. Or des militaires restent des militaires quelque soit leur couleur politique. Il s’ensuit une répression féroce avec assassinats extra-judiciaires et tortures. Esteban a fait l’objet de tortures. Il a craint pour sa vie à plusieurs reprises et il nous a fait part de la mort de plusieurs camarades avec une grande émotion et souvent avec les larmes aux yeux.
L’histoire la plus représentative qu’il nous a racontée est celui d’un chef de village dont le père de 104 ans a été assassiné par les forces spéciales. Puis ce fut le tour de son fils quelques années plus tard. Et enfin le sien.
Sous Chavez et alors que le prix du pétrole était élevé, la "révolution" bolivarienne pouvait fonctionner. Mais avec la crise, le gouvernement Maduro a endetté le pays (principalement envers la Chine mais aussi envers les USA qui ont racheté une partie de cette dette) et l’a engagé dans une politique de développement des exploitations minières étrangères (avant tout chinoises), l’écosocialisme (En Equateur c’est pareil avec le slogan "Plus d’extractivisme pour moins d’extractivisme".). Cette politique est marquée par une dépendance vis-à-vis de l’exportation de matières premières non transformées encore plus grande qu’avec le pétrole car le Venezuela sait transformer le pétrole, mais pas ces nouvelles exportations. Les populations concernées par ces exploitations minières n’ont pas été consultées et comme en Equateur, elles font face à une répression encore pire que du temps des dictatures de droite.
La crise a eu d’autres conséquences comme l’inflation, ceci dans un pays où la corruption est endémique. Par exemple, un pain d’un kilo qui coûtait 1500 bolivars il y a 1 année en coûte aujourd’hui 8000 alors que le salaire moyen est de 5000 bolivars par jours. Les routes qui devaient être construites ne l’ont été que partiellement, 3 km par ci, 5 km par là et 1 km au milieu. L’argent pour construire les bouts manquants a disparu dans les poches de l’élite politico-économique du pays.
Aussi, même du temps de Chavez, les peuples indigènes n’ont pratiquement rien vu des programmes d’éducation, de santé et de développement.
Quand à la situation politique, elle est désastreuse. La gauche comme la droite ne sont intéressées que par le pouvoir et elles se livrent une véritable guerre civile. Les morts sont beaucoup plus nombreuses que celles relatées par les chiffres officiels car les liquidations extra-judiciaires sont comptabilisées comme de la violence ordinaire. Une estimation fait mention de 6500 pour l’année passée. Comme les prisons sont archi-pleines, les forces du régime ont reçu l’ordre de ne pas faire de prisonniers, donc de tirer. Nous sommes là bien loin de la propagande du régime qui veut faire croire qu’il a donné l’ordre de ne pas tirer. En pratique, si les flics ne tirent pas sur les manifestants des quartiers riches, dés qu’ils sont dans des endroits reculés ou simplement loin des caméras, ils font ce qu’ils veulent.
Le gouvernement bolivarien a aussi créé des forces spéciales aux prérogatives semblables à celles de leurs homologues des dictatures genre Pinochet. Il a aussi passé des lois qui violent la constitution et des accords internationaux pour pouvoir chasser les peuples indigènes et transformer leur territoire en exploitations minières.
Enfin, la majorité du peuple ne croit plus en la "révolution" bolivarienne. Celle-ci aura fait des dégâts énormes à l’image de la gauche, à tel point qu’il est même difficile de s’identifier comme anarchiste auprès de la plupart des gens. Tu leur dit autogestion, elles pensent corruption. Tu leur dis coopérative, elles pensent argent facile.
Inflation oblige, la classe moyenne n’existe plus. Si les premières manifestations étaient le fait de la classe supérieure de droite, les manifestations actuelles sont en train de s’étendre à toutes les villes du pays et à toutes les classes sociales.
Vu cette situation complexe, bien malin celui qui peut dire ce que le Venezuela va devenir dans un avenir proche.
Cela n’empêche ni les gens de vivre, ni Esteban et d’autres militants de continuer la lutte. Esteban a plusieurs projets dont celui de racheter un vieux cinéma pour en faire un centre culturel alternatif.
http://venezuela-centro.contrapoder…
Extractvisme au Venezuela
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