Severn Suzuki à RIO en 1992 au sommet de la terre
Du 3 au 14 juin 1992, un Sommet de la Terre organisé par l’ONU a lieu à Rio de Janeiro. Il réunit de grands représentants de gouvernements mondiaux et plus de 1500 ONG pour répondre aux problèmes environnementaux. Il reste aujourd’hui le plus grand rassemblement de dirigeants mondiaux et est considéré comme une réussite. En effet, ce sommet a donné un coup d’envoi à un programme ambitieux de lutte contre les changements climatiques, notamment la ratification de protocoles contraignants comme celui de Kyoto. Severn Suzuki a alors 12 ans et a réuni les fonds nécessaires avec sa classe et son organisation (ECO — Environmental Children’s Organization) pour faire le voyage jusque Rio de Janeiro et espérer pouvoir prendre la parole devant les représentants. Le dernier jour du sommet, alors qu’elle comptait partir, on lui accorde un temps de parole à la conférence. Ce sera la première fois dans l’histoire de l’humanité qu’une enfant s’adresse aux grands responsables du monde.
Severn est une activiste et écrivaine qui a parlé de justice sociale et d’environement depuis qu’elle est une enfant. À l’âge de 9 ans, elle a fondé avec un groupe de potes l’Environmental Children’s Organization (ECO), laquelle se consacre à partager et enseigner aux autres les questions environnementales.
En 1992, avec l’ECO, Severn Suzuki s’est rendue au Sommet de la Terre de Rio, où à l’âge de 12 ans, elle a délivré un message puissant qui avait obtenu une audience mondiale. Pour cette action, elle a reçu l’année suivante la récompense global 500 du programme de l’ONU pour l’environnement à Beijing. Depuis, Severn s’est investie dans la Earth Charter Commission de l’ONU et dans le Comité de conseils spéciaux de Kofi Annan’s lors du sommet mondial de 2002 sur le développement durable à Johannesburg. Elle a aussi cofondé le Skyfish Project, un centre de réflexion basé sur Internet qui encourage les jeunes à parler de leur futur et à adopter un mode de vie durable. En 2000, elle et ses potes ont réalisé Powershift — une campagne cycliste à travers le Canada afin de sensibiliser l’opinion sur les changements climatiques et la pollution de l’air.
Severn a obtenu un baccalauréat en écologie scientifique et biologie moléculaire de l’université de Yale ainsi qu’un diplôme de maîtrise en ethnoécologie de l’université de Victoria en Colombie Britannique, où elle a étudié avec les anciens de Kwakwaka’wakw (une tribu d’indiens proche de Vancouver) sur la côte du Pacifique Nord. Elle a réalisé plusieurs tournées au Japon avec le club Namakemono et elle a publié plusieurs ouvrages comme "Tell the World" (1993), "The Day You Will Change the World" (2003), et — comme éditrice — "Notes from Canada’s Young Activists" (2007). Comme une jeune, Severn a coorganisé les séries télé pour les jeunes "Suzuki’s NatureQuest".
À l’heure actuelle (avril 2019), Severn vit dans l’archipel de la côte ouest du Pacifique de Haida Gwaii avec son mari et leur petit garçon. Elle y étudie le langage Haida et organise "APTN’s Samaqan — Water Stories" — une série sur les nations premières et les problèmes de l’eau qui entre dans sa troisième saison. Elle est membre de la Fondation David Suzuki et de la Haida Gwaii Higher Education Society, commissaire de la Girls Action Foundation, et une oratrice mondialement connue sur la durabilité des sociétés. Elle espère pouvoir continuer ses recherches scientifiques et traditionnelles et à se dédier à utiliser sa voix pour aider à promouvoir une culture diversifiée, durable et joyeuse.
Note perso : Ce discours de 1992 à la conférence sur l’environnement et le développement de Rio est bien plus incisif et réaliste que celui de mouvements comme les jeunes grévistes du climat ou XR. En résumé, elle constate que "Vous ne pouvez pas plus que moi ressusciter les espèces disparues,… vous devez donc cesser de les exterminer… et cesser toutes ces guerres."
Quand l’on voit que depuis lors, le problème a empiré car les économistes de tous bords, capitalistes et marxistes confondus, continuent à considérer que la nature est une variable externe. Autrement dit, ils considèrent que la nature doit s’adapter à l’industrialisation, ce qui est impossible. C’est impossible car la nature est, pour le meilleur comme pour le pire, notre seule source de vie, ce qui implique que c’est elle qui nous fixe les limites ultimes que nous ne devons pas dépassés.
Considérer la nature comme une variable externe qui doit se plier à l’industrialisation est donc de l’hypocrisie totale, du suprématisme à l’état pur, bref de la psychopathologie. Or, quelqu’un de normalement intelligent ne perd pas son temps à discuter avec un psychopathe, il le stoppe !