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Sylvia Revello
Publié mardi 11 juillet 2017 à 14:44, modifié mardi 11 juillet 2017 à 17:14
Selon des chercheurs américains et mexicains, le recul des espèces vertébrées s’accélère sur la planète, en partie à cause de l’activité humaine. Avec un fort risque « d’anéantissement biologique »
La disparition des espèces vertébrées est telle, qu’elle s’apparente à un « anéantissement biologique ». Lundi, des chercheurs américains et mexicains ont livré un constat sans appel dans la revue scientifique PNAS : 32% des animaux étudiés déclinent en termes de populations et de périmètre géographique. Une sixième extinction de masse, largement sous-estimée, comme le relaye Le Monde.
En clair, les espèces sont globalement moins nombreuses, tout comme les groupes d’animaux répertoriés sur un territoire donné. Ce qui est tout aussi grave, préviennent les auteurs spécialistes de l’érosion de la biodiversité, Gerardo Ceballos, de l’Université autonome du Mexique, Paul Ehrlich et Rodolfo Dirzo, de l’université Stanford. « La disparition des populations est un prélude à celle des espèces, précisent-ils. Une analyse détaillée du déclin effectif d’animaux rend le problème bien plus clair et inquiétant. »
27 600 espèces étudiées
Dans leur étude, les scientifiques ont observé quelque 27 600 espèces de mammifères, de reptiles et d’amphibiens terrestres sur les cinq continents. Avec, comme point de départ, la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature, inventaire le plus complet sur la biodiversité. L’évolution de l’aire de répartition de 177 mammifères entre 1900 et 2015 a également été passée au crible. Verdict : 30% des espèces font l’objet d’une « faible préoccupation », alors que les chercheurs les jugent en danger et plus de 50% des animaux ont disparu depuis quarante ans. Des conclusions qui confirment le rapport du WWF « Planète vivante » publié en 2016 et leur précédente étude réalisée en 2015.
Parmi les zones les plus touchées : l’Amazonie, le bassin du Congo et l’Asie du Sud-Est. Les orangs-outans de Bornéo ont perdu 25% de leur population cette dernière décennie. On recensait 115 000 girafes en 1985, elles n’étaient plus que 97 000 en 2015. Guépards et lions ont eux aussi reculé de 43% depuis 1983. Fait notable : le lion occupait jadis l’Afrique, le sud de l’Europe et du Moyen-Orient et le nord-ouest de l’Inde, on ne le trouve plus qu’en Afrique subsaharienne et dans le sanctuaire de Gir en Inde aujourd’hui. Quant aux petits fourmiliers nommés « pangolin », ils ont été décimés.
Surpopulation et surconsommation
Quelles sont les causes de ce déclin ? Il y a bien sûr la dégradation de l’habitat due à l’agriculture et à la déforestation, mais aussi la croissance humaine. « Les moteurs ultimes de la sixième extinction de masse sont moins souvent cités, jugent les auteurs. Il s’agit de la surpopulation humaine, liée à une croissance continue de la population, et de la surconsommation, en particulier par les riches. »
Face à l’urgence de la situation, les chercheurs donnent deux ou trois décennies pour enrayer la tendance. Au risque de déstabiliser l’ensemble de la planète. « L’érosion des espèces entraîne de graves conséquences en cascade sur l’ensemble des écosystèmes, ainsi que des impacts économiques et sociaux pour l’humain », rappelle Gerardo Ceballos.