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Pour la Palestine. Entre Deal du Siècle et évolutions récentes de l’impérialisme US.

lundi 10 février 2020, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 10 février 2020).

Pour la Palestine. Entre Deal du Siècle et évolutions récentes de l’impérialisme US. Une analyse du Collectif novembre pour le socialisme.

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8 février 2020

« Collectif novembre pour la souveraineté nationale, l’économie autocentrée et le socialisme. »

Le « Collectif novembre pour la souveraineté nationale, l’économie autocentrée et le socialisme. » est un cercle d’études et de réflexion. Il a pour secrétaire Mohamed Bouhamidi.

Pour nous contacter : collectifnovembre@yahoo.com

Trump vient d’imposer son « deal du siècle ». Ce plan destiné à liquider la question palestinienne reflétant, au plus profond de sa réalité, la mutation d’une globalisation financiarisée à la confirmation de l’hégémonie américaine, sous le slogan prôné par le président Trump : America First. Cette transformation imposée, y compris, aux alliés des USA sous les coups des sanctions , des menaces, ou du racket éhonté dont s’investissent les tribunaux américains. Fait subir aux alliés de la veille, un unilatéralisme qui ne fait que dévoiler les contradictions inter-impérialistes que la globalisation et la croissance dissimulaient au mieux. Trump n’a pas imposé son deal aux seuls palestiniens, il l’a imposé aux autres puissances dont Israël était la « colonie multinationale », engendrée par un partage du monde, issu de la première guerre mondiale. Il s’agit bien de la seule colonie née « multinationale », franco-anglaise, au plus haut degré des tensions, lors de la 1re guerre mondiale, comme l’archétype de la guerre pour les colonies et le partage du monde. Ses initiateurs sionistes proposaient d’ailleurs la création de cette entité dans le but d’aider non pas un projet colonial ou impérialiste d’un seul pays mais de tous les pays impérialistes. Mais par son action, Trump vient de faire de cette entité la colonie exclusive des USA.

Personne au monde n’a plus rien à dire sur la possession US. Pour laquelle, depuis fort longtemps, Israël est devenu une question de politique nationale des USA, comme toutes les colonies l’ont été pour chacun des pays colonisateurs.

Dans ce contexte, la France et l’Angleterre, premiers parrains d’Israël, l’Allemagne, l’Italie et la constellation d’États qui, traditionnellement, se débarrassent de leurs culpabilités envers les juifs d’Europe, ou parmi ceux qui réclament la protection de l’empire, s’empressent de reconnaitre : le « Deal du siècle », un autre Sykes-Picot. Ou l’accord d’un nouvel impérialisme qui ne dispose plus que « des guerres, à n’en pas finir » – afin d’assurer encore des profits, à son complexe militaro-industriel et à son capitalisme financiarisé- d’une part, et de l’escalade de l’« hubris » guerrier d’autre part, pour intimider, faire peur, faire plier… Ces méthodes de gangsters trouvent leurs racines dans l’anthropologie, non d’un peuple, mais de cet État US. La première anthropologie à avoir été entièrement fabriquée, notamment par le cinéma, est bien une anthropologie du génocide et de la violence « préventive », au prétexte des menaces indiennes devenues avec le temps des menaces à l’identité « plastique ». De là, l’évidence pour l’État US, d’un refoulement légitime des palestiniens dans des réserves, tient autant de cette anthropologie que des nécessités tactiques de domination du Monde. Cette anthropologie fait l’unité des Démocrates et des Républicains, les nécessités tactiques en accentue le besoin et en diversifie les méthodes.

Toutefois, la décision de Trump, sous l’apparence fantasque d’une décision individuelle, est le résultat d’un processus commencé à Oslo. Ce « Deal » a été perçu comme possible au bout d’une vingtaine d’années d’affaiblissement des États arabes. C’est un rapport de force développé autour de leur amoindrissement depuis les premières fissures à Camp David, jusqu’aux révolutions colorées labellisées « printemps arabe », en passant par le plan de paix du Liban en 2002 et la destruction de l’Irak en 2003. Le deal du siècle est donc la conclusion de ce processus. Trump n’apporte rien de nouveau, sinon la légalisation de ce qui existait de fait : Golan occupé, territoires palestiniens confisqués jusqu’à être réduits à la portion congrue, traîtrise des régimes arabes serviles des USA et alliés secrètement et depuis toujours à Israël. Sur le terrain, Israël n’obtient pas un centimètre de plus que ce qu’il n’aurait déjà dans les faits, et le Monde arabe s’est re-fractionné entre pays du Front du Refus à Camp David, et camp de la compromission et de la soumission. Au contraire, la cause palestinienne gagne un nouveau soutien et un soutien très fort, celui de la Tunisie de Kays Saied.

Si Trump ne fait que légaliser un état de fait, qu’y a-t-il de nouveau alors ?

A travers cette décision, il étend au plan politique ce qu’il a déjà réussi sur le plan de l’économie : l’universalité de ses lois et sanctions économiques au champ des décisions politiques. Israël et le Moyen-Orient deviennent selon cette décision (et ses fantasmes) le champ des seuls enjeux US. Il frappe les intérêts des Européens, lesquels consistaient à laisser encore trainer « les négociations pour les négociations », facticité d’autant plus abjecte qu’elle avait pour corollaire, sur le terrain, une « pression maximale » contre les palestiniens : bombardements, assassinats de masse ou ciblés, arrestations arbitraires, confiscations des terres et des biens, séquestration dans les enclaves, le tout en bavardant à l’ONU sur « le processus de paix ». Trump, autant pour sauver sa peau que celle des USA, a tranché dans ce nœud gordien d’hypocrisie atlantiste, en éjectant ses « partenaires » européens de la mainmise sur la colonie multinationale qu’était jusqu’alors l’entité sioniste. Lesdits partenaires ne s’y sont pas trompés : l’Allemagne réclame de la France qu’elle partage son arsenal nucléaire avec elle et le reste de l’UE, tandis que Macron, après avoir décrété la mort clinique de l’OTAN, déclare que la Russie est européenne.

Le deal du siècle est donc le sommet du rapport de force construit depuis Oslo, mais qui ne prend pas en considération le nouveau poids de la Russie, de la Chine et de l’Iran. Ce qui fait que les USA ne peuvent plus tenir leurs positions, de plus en plus investies par la Russie et la Chine (Pakistan, Inde, Venezuela, Corne de l’Afrique).

Aussi, parmi les buts inavoués de ce deal du siècle figure le projet d’un OTAN arabe adossé à l’appui des Européens de l’OTAN. Trump veut une alliance dont le but le plus évident sur le plan géostratégique est de bloquer la plateforme stratégique qu’est l’Iran pour la nouvelle route de la soie. La décision de Trump est contre tous les peuples du monde, mais surtout contre le trio Russie, Chine, Iran. Et il s’agit de faire faire le travail par des supplétifs, tout en taxant les pays qui bénéficient déjà de la « protection » de l’armée US. La devise de Trump est : vous devrez dorénavant payer pour nos bases installées chez vous, et qui plus est aller au charbon pour nos intérêts géostratégiques ! Derrière la réactivation du vieux rêve de Shimon Peres (science juive + capitaux arabes + main d’œuvre égyptienne), Trump fait appels aux forces rétrogrades que sont Israël renfloué des capitaux arabes afin de barrer la route aux routes de la soie.

L’Iran est la plate-forme géographique parfaite pour une réussite complète du Corridor Economique Chine-Pakistan et ses développements vers de nombreuses directions. Le pivot du Pakistan vers une continuité stratégique Chine-Pakistan-Iran ruinerait des décennies d’investissement de l’impérialisme US et constituerait un retournement géo-stratégique majeur en faveur des pôles Chine-Russie. L’Eurasie serait définitivement fermée aux empires d’Occident. Frapper l’Iran devient une nécessité géo-stratégique pour barrer la route aux nouvelles Routes de la Soie (One Blet One Road). La position de la plupart des pays arabes de « Camp David » en faveur du deal, s’explique aussi par leur peur fantasmée d’une concurrence d’un gaz iranien débouchant sur la Méditerranée et d’une puissance iranienne décuplée par OBOR (4).

L’Europe paiera aussi

Au vu de ce que nous avons examiné plus bas, nous pouvons dire qu’une nouvelle phase politique dans l’histoire de l’impérialisme vient de naître, celle de l’unilatéralisme américain supranational. Il faudra bien que nous parlions des dernières évolutions concrètes et parfois inédites, aussi que nous les nommions dans le processus de compréhension et de combat :

Le deal du Siècle est une manifestation de la fin des souverainetés, de toutes les souverainetés, à l’intérieur et à la périphérie du monde occidental, puisqu’il faut bien nommer l’aire de la naissance et du développement du capitalisme. Mais il est surtout l’enfant de la crise générale du capitalisme. Arrivée à des dimensions gigantesques, cette crise oblige chaque centre historique du capitalisme, USA, Angleterre, France, Allemagne à chercher des solutions en dehors des fantasmes de la globalisation, tués par l’émergence de nouveaux pôles économiques, comme marchés alternatifs, eux-mêmes mondialisés (Chine, Eurasie, BRICS) et en voie de dé-dollarisation. La seule issue pour ces centres historiques du capitalisme est le retour à leurs empires. Le grand large et l’Asie pour l’Angleterre, l’Afrique pour la France et l’Est Européen pour l’Allemagne plus leur alliance pour leur survie. Les politiques impériales US et celles des centres historiques du capitalisme expriment l’aggravation de la crise chronique du capitalisme. Aucun créneau de substitution à la chute tendancielle du taux de profit n’atténue cette crise, ni les marchés espérés au nom de l’écologie, encore moins l’austérité imposée à tous les peuples du monde. Seule la guerre est une garantie d’élargissement des profits actuels, par la vente des armes, et l’ouverture d’un nouveau champ commercial, par la location des armées régulières, elles-mêmes appelées à devenir des armées mercenaires.

Ce qui précéde nous fait prendre conscience que tous les autres peuples, États, nations ou sociétés doivent se plier à la volonté américaine. Sous le feu des armes ou sous celui des sièges moyenâgeux, qui privent non plus des villes mais des pays entiers des nécessités élémentaires de la vie. Toutes les royautés pétrolières arabes vont payer encore plus. Comme l’argent des programmes précédents dédiés aux Palestiniens, les cinquante milliards de dollars passeront par le gouvernement israélien avant de passer dans les poches de ses entreprises qui construiront pour les palestiniens ; une partie servira à créer une oligarchie docile (harkie terme non adapté au contexte palestinien) pour les besoins en gardes-chiourmes. L’Europe payera aussi pour une école par-ci, une salle de cinéma par-là, pour un bol de semoule et pour sa honte de voir ses dons aux Palestiniens détruits au sol ou par avion, pour sa honte d’être prise dans la traite des blanches.

Le Deal du Siècle est une déclaration de guerre à tous les peuples du monde. Pas seulement arabes mais les peuples européens compris. Que dire du peuple américain ? Sait-il même où se trouve l’Iran ou Israël ?

La recomposition des frontières, celles de la Jordanie sans aucun doute, que sous-tend ce deal est une promesse de violences renouvelées. Car l’attitude des États arabes nous dit combien ces États et ces gouvernements, circonvenus par des années d’endettement, d’appauvrissement de nos peuples, de désespérance programmée de nos sociétés sont incapables de mener une résistance. Mais le deal du siècle a aussi pour premier effet, sur le plan politique, de dissoudre la facticité d’une identité arabe prisonnière, faut-il le rappeler, de la Ligue Arabe créée par Anthony Eden, et de dévoiler la véritable ligne de clivage qui se situe à l’intérieur du monde arabe : rien, absolument rien n’est plus éloigné d’un Arabe anti-impérialiste qu’un Arabe pro-impérialiste. Cette ligne de partage, une fois réactivée, va permettre de renforcer le camp anti-impérialiste qui s’est construit dans les luttes en Irak, en Syrie, en Iran, en Palestine.

La révélation au grand jour des amitiés cachées avec Israël dissout les unités de façade qui paralysaient les forces anti-impérialistes. Cette trahison éhontée les libère, en mettant au premier plan la ligne de clivage anti-impérialiste, au-dessus des faux clivages ethnico-confessionnels. Nous avons donc plus de chances de lutter contre l’impérialisme maintenant qu’il y a vingt ans, avec la manifestation du caractère servile des régimes arabes, caractère que plus aucun cosmétique, religieux ou ethnique, ne peut déguiser. L’impression de triomphe de Trump ne résulte que de cette servilité, tandis que le Deal du siècle signale, en vérité, le déclin de l’empire.

Cette guerre nous touchera

Si le deal du Siècle est la fin des souverainetés, aussi bien au centre qu’à la périphérie du monde occidental, notre pays [l’Algérie] est dans la plus proche périphérie. Nous ne nous faisons aucune illusion sur l’aggravation des contradictions inter-impérialistes et leur impact sur notre sécurité et notre souveraineté, par l’aggravation de l’agressivité à notre égard, afin de nous inféoder à un camp ou à un autre.

Il est donc temps que les consciences nationales prennent parti et position pour le soutien aux luttes du peuple palestinien, tout le peuple palestinien. Il est urgent que les Algériens anticolonialistes et anti-impérialistes exploitent toutes les formes possibles et imaginables pour soutenir la cause palestinienne. Le lieu qui nous semble le plus emblématique pour cette mobilisation est l’université. Il est grand temps également de faire face aux campagnes hideuses de la cinquième colonne, dont les idoles adulés refusent le soutien aux Palestiniens parce qu’ils sont arabes, c’est-à-dire par racisme. Il est temps de s’opposer et de dénoncer les multiples et jamais interrompues normalisations avec Israël, au prétexte de la culture et que les écrivains et artistes sont « citoyens du monde », oubliant que la « citoyenneté au monde », ou « du monde », impose encore plus de devoirs face aux grands problèmes du monde.

L’amitié ouverte ou dissimulée avec Israël s’est beaucoup développée dans notre pays. En parallèle un racisme anti-arabe aveugle et idiot a gagné du terrain et ceux qui l’affichent ne se rendent même pas compte qu’ils sont, eux et les « bédouins » qu’ils insultent, « frères en normalisation avec Israël ».

Nous devons par ailleurs rester vigilants quant à nos alliances avec les pays du Golfe, dont la duplicité des régimes s’est révélée au grand jour. En parallèle, nous devons œuvrer pour une alliance au niveau maghrébin en faveur de la Palestine. Nous devons repenser la question de notre souveraineté, notre indépendance, notre immunité face à l’agressivité croissante des impérialismes en général et de l’impérialisme US en particulier. Le Deal du Siècle, c’est le renforcement territorial de la plus grande base américaine au monde qu’est Israël, c’est plus de capacité et de richesses en eaux de la vallée du Jourdain, c’est l’alliance des techniques militaires concédées à Israël avec l’argent des royautés arabes, c’est la préparation de la grande bataille autour du gaz en Méditerranée. Cette guerre du gaz fera peser sur notre pays, notre État les plus graves menaces. Elle est déjà en cours en Libye pour ce gaz. Couplées à celle du Mali, elle nous met, nous peuple algérien, dans la nécessité de nous battre contre les guerres, contre les agressions, de faire appel aux peuples européens pour qu’ils retrouvent la voie des grandes manifestations contre les expéditions impérialistes.

En dehors de l’État et du gouvernement, notre mobilisation populaire est décisive pour faire barrage. Consciente, raisonnée, libérée des raccourcis aveugles et à la diversité souvent contradictoire des perceptions du fait palestinien, elle jouera un grand rôle. Pourrons-nous en tant que citoyens retrouver les chemins des solidarités antiimpérialistes et des conférences, rencontres, meetings ou manifestations ?

Notes :

1. https://www.capital.fr/economie-pol…

2. https://reseauinternational.net/mac…

3. https://www.dedefensa.org/article/u…

4. https://www.mondialisation.ca/expan…

3 Messages de forum

  • Il ne faut pas prendre les états-uniens pour plus idiots qu’ils ne sont. Si beaucoup d’entre eux sont des racistes capables de s’enrôler dans la pire armée du monde et de s’exclamer "Je viens de tuer un chien" en voyant le missile lâché par le drone qu’il pilote à distance exploser un malheureux gamin dont le seul tord fut d’avoir été là à ce moment, beaucoup d’autres se rendent comptent de la réalité et, par exemple sur la Suisse, non seulement ils savent où c’est, mais ils savent ce que peu de suisses et suissesses savent car, à moins d’étudier l’histoire suisse à l’université, on ne nous l’apprend pas à l’école, à savoir que le Suisse fut, avec l’Allemagne et l’Italie, le seul pays à avoir été déclaré perdant à la fin de la deuxième guerre mondiale, ceci autant pour son rôle financier que pour son rôle de fabricant et fournisseur d’armes.

    Comme les alliés n’avaient pas envie que leur propres banquiers se retrouvent sur le banc des accusés, la Suisse s’en est tirée avec des excuses. Cela aussi, beaucoup d’états-uniens le savent.

    Après demander aux peuples d’Europe de se réveiller et de faire la révolution sans la nommer est très bien et nécessaire, mais comme l’Europe est vassale des USA depuis le plan Mashall et que près de 50% du PIB des USA dépend de la guerre, cela ne servira à rien tant que le peuple US continue à roupiller et à collaborer.

    à rien ? Pas tout à fait car l’Europe vassale est aussi le principal allié des USA et tout ce qui peut contribuer à améliorer le sort des peuples européens sans être manipulé depuis les USA contribuera à affaiblir la domination des USA sur l’Europe et donc au final, à affaiblir les USA.

    Je voudrais sans la nommer vous parler d’elle :

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