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Du Chili en 1973 au Venezuela en 2017, l’effondrement idéologique de la “gauche” française

dimanche 20 août 2017, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 20 août 2017).

Note de do :

Dans le système, la gauche sert à détourner la lutte de classe vers les élections. Elle est là pour la récupérer et l’amoindrir le plus possible, voire l’annihiler. Les leaders de la gauche, pour pouvoir récupérer la lutte de classe doivent donc tenir des discours d’autant plus radicaux que cette lutte est radicale. L’effondrement idéologique de la gauche n’est donc en fait que le symptôme de l’effondrement de la lutte de classe.

Pour bien comprendre, il faut se rappeler la promesse électorale de Léon Blum pour les élections de 1936 : « Nous armerons le prolétariat… tout le reste n’est que littérature ! ». voilà le genre de discours que devait tenir la gauche pour que les exploités se déplacent aux urnes en 1936. Quant à aujourd’hui, c’est tout juste si on a le droit d’avoir un couteau dans la poche, et le pire c’est que de plus en plus de monde trouve ça normal.

1973-2017 : l’effondrement idéologique de la “gauche” française

https://www.legrandsoir.info/1973-2…

20 août 2017

Bruno GUIGUE

En 1973, le coup d’Etat du général Pinochet contre le gouvernement d’Unité populaire au Chili provoqua une vague d’indignation sans précédent dans les milieux progressistes du monde entier. La gauche européenne en fit le symbole du cynisme des classes dominantes qui appuyèrent ce “pronunciamiento”. Elle accusa Washington, complice du futur dictateur, d’avoir tué la démocratie en armant le bras meurtrier des militaires putschistes. En 2017, au contraire, les tentatives de déstabilisation du pouvoir légitime au Vénézuéla ne recueillent au mieux qu’un silence gêné, un sermon moralisateur, quand ce n’est pas une diatribe antichaviste de la part des milieux de gauche, qu’il s’agisse des responsables politiques, des intellectuels qui ont pignon sur rue ou des organes de presse à gros tirage.

Du PS à l’extrême-gauche (à l’exception du “Pôle de renaissance communiste en France”, qui a les idées claires), on louvoie, on ménage la chèvre et le chou, on reproche au président Maduro son “autoritarisme” tout en accusant l’opposition de se montrer intransigeante. Dans le meilleur des cas, on demande au pouvoir légal de faire des compromis, dans le pire on exige qu’il se démette. Manuel Valls, ancien premier ministre “socialiste”, dénonce la “dictature de Maduro”. Son homologue espagnol, Felipe Gonzalez, trouve scandaleux l’appel aux urnes, et il incrime “le montage frauduleux de la Constituante”. Mouvement dirigé par la députée de la “France Insoumise” Clémentine Autain, “Ensemble” condamne le “caudillisme” du pouvoir chaviste. Eric Coquerel, également député de la FI et porte-parole du Parti de gauche, renvoie dos-à-dos les fauteurs de violence qui seraient à la manœuvre “des deux côtés”, tout en avouant ingénument qu’il n’a “pas envie de critiquer Maduro”.

Entre 1973 et 2017, que s’est-il passé ? Il y a un demi-siècle, la gauche française et européenne était généralement solidaire - au moins en parole - des progressistes et révolutionnaires des pays du Sud. Sans méconnaître les erreurs commises et les difficultés imprévues, elle ne tirait pas une balle dans le dos à ses camarades latino-américains. Elle ne distribuait pas les responsabilités entre les putschistes et leurs victimes en rendant une sorte de jugement de Salomon. Elle prenait parti, quitte à se tromper, et ne pratiquait pas, comme la gauche actuelle, l’autocensure trouillarde et la concession à l’adversaire en guise de défense. Elle ne disait pas : tout cela, c’est très vilain, et tout le monde a sa part de culpabilité dans ces violences regrettables. La gauche française et européenne des années 70 était sans doute naïve, mais elle n’avait pas peur de son ombre, et elle ne bêtifiait pas à tout bout de champ lorsqu’il s’agissait d’analyser une situation concrète. C’est incroyable, mais même les socialistes, comme Salvador Allende, pensaient qu’ils étaient socialistes au point d’y laisser leur peau.

A voir l’ampleur du fossé qui nous sépare de cette époque, on est pris de vertige. La crise vénézuélienne fournit un exemple commode de cette régression parce qu’elle se prête à une comparaison avec le Chili de 1973. Mais si l’on élargit le spectre de l’analyse, on voit bien que le délabrement idéologique est général, qu’il traverse les frontières. Lors de la libération d’Alep par l’armée nationale syrienne, en décembre 2016, les mêmes “progressistes” qui font la fine bouche devant les difficultés du chavisme ont fait chorus avec les médias détenus par l’oligarchie pour accuser Moscou et Damas des pires atrocités. Et la plupart des “partis de gauche” français (PS, PCF, PG, NPA, Ensemble, EELV) ont appelé à manifester devant l’ambassade de Russie, à Paris, pour protester contre le “massacre” des civils “pris en otage” dans la capitale économique du pays.

Bien sûr, cette indignation morale à sens unique occultait la véritable signification d’une “prise d’otages” qui eut lieu, en effet, mais par les milices islamistes, et non par les forces syriennes. On put le constater dès que les premiers couloirs d’évacuation furent mis en place par les autorités légales : les civils fuirent en masse vers la zone gouvernementale, parfois sous les balles de leurs gentils protecteurs en “casque blanc” qui jouaient au brancardier côté cour et au djihadiste côté jardin. Pour la “gauche”, le million de Syriens d’Alep-Ouest bombardés par les extrémistes customisés en “rebelles modérés” d’Alep-Est ne comptaient pas, la souveraineté de la Syrie non plus. La libération d’Alep restera dans les annales comme un tournant de la guerre par procuration menée contre la Syrie. Le destin aura aussi voulu, malheureusement, qu’elle signale un saut qualitatif dans l’avachissement cérébral de la gauche française.

Syrie, Vénézuéla : ces deux exemples illustrent les ravages causés par l’indigence de l’analyse conjuguée à la couardise politique. Tout se passe comme si les forces qui tenaient lieu de “forces vives” dans ce pays avaient été anesthésiées par on ne sait quel puissant sédatif. Parti des sphères de la “gauche de gouvernement”, le ralliement à la doxa diffusée par les médias dominants est général. Convertie au néo-libéralisme mondialisé, l’ancienne social-démocratie ne s’est pas contentée de tirer une balle dans le dos à ses ex-camarades des pays du Sud, elle s’est aussi tirée une balle dans le pied. Transformé en courant minoritaire - social-libéral - au sein d’une droite plus dévouée que jamais au capital, le PS s’est laissé cannibaliser par Macron, la savonnette à tout faire de l’oligarchie capitaliste euratlantique. Dans les années 70, même la droite française “libérale éclairée”, avec Giscard d’Estaing, était plus à gauche que le PS d’aujourd’hui, ce résidu vermoulu dont l’unique fonction est de distribuer les sinécures aux rescapés du hollandisme.

La page de Solférino une fois tournée, on pouvait alors espérer que la “gauche radicale” prendrait le relais en soldant les comptes des errements passés. Mais la “France insoumise”, malgré son succès électoral du 23 avril 2017, est un grand corps mou, sans colonne vertébrale. On y trouve des gens qui pensent que Maduro est un dictateur et d’autres qui pensent qu’il défend son peuple. Ceux qui dénoncent l’adhésion de la France à l’OTAN pleuraient à chaudes larmes sur le sort de ses mercenaires wahhabites à Alep. La main sur le cœur, on se proclame contre l’ingérence étrangère et l’arrogance néo-coloniale au Moyen-Orient, mais on veut “envoyer Assad devant la CPI”, ce tribunal d’exception réservé aux parias du nouvel ordre mondial. Le président syrien, nous dit-on, est un “criminel”, mais on compte quand même sur le sacrifice de ses soldats pour éliminer Daech et Al-Qaida. Ces contradictions seraient risibles, si elles ne témoignaient d’un délabrement plus profond, d’un véritable collapsus idéologique.

Elle a beau vouloir rompre avec la social-démocratie, cette gauche adhère à la vision occidentale du monde et à son droit-de-l’hommisme à géométrie variable. Sa vision des relations internationales est directement importée de la doxa pseudo-humaniste qui partage le monde en sympathiques démocraties (nos amis) et abominables dictatures (nos ennemis). Ethnocentrique, elle regarde de haut l’anti-impérialisme légué par les nationalismes révolutionnaires du Tiers Monde et le mouvement communiste international. Au lieu de se mettre à l’école d’Ho Chi-Minh, Lumumba, Mandela, Castro, Nasser, Che Guevara, Chavez et Morales, elle lit Marianne et regarde France 24. Elle croit qu’il y a des bons et des méchants, que les bons nous ressemblent et qu’il faut taper sur les méchants. Elle est indignée - ou gênée - lorsque le chef de la droite vénézuélienne, formé aux USA par les néo-conservateurs pour éliminer le chavisme, est mis sous les verrous pour avoir tenté un coup d’Etat. Mais elle est incapable d’expliquer les raisons de la crise économique et politique au Vénézuéla. Pour éviter les critiques, elle répugne à décrire comment la rupture des approvisionnements a été provoquée par une bourgeoisie importatrice qui trafique avec les dollars et organise la paralysie des réseaux de distribution en espérant saper la légitimité du président Maduro.

Indifférente aux mouvements de fond, cette gauche se contente de participer à l’agitation de surface. En proie à une sorte de divertissement pascalien qui la distrait de l’essentiel, elle ignore le poids des structures. A croire que pour elle, la politique n’est pas un champ de forces, mais un théâtre d’ombres. Elle prend parti pour les minorités opprimées à travers le monde en omettant de se demander pourquoi certaines sont visibles et d’autres non. Elle préfère les Kurdes syriens aux Syriens tout court parce qu’ils sont minoritaires, sans voir que cette préférence sert leur instrumentalisation par Washington qui en fait ses supplétifs et cautionne un démembrement de la Syrie conforme au projet néo-conservateur. Elle refuse de voir que le respect de la souveraineté des Etats n’est pas une question accessoire, qu’elle est la revendication majeure des peuples face aux prétentions hégémoniques d’un Occident vassalisé par Washington, et que l’idéologie des droits de l’homme et la défense des LGBT servent souvent de paravent à un interventionnisme occidental qui s’intéresse surtout aux hydrocarbures et aux richesses minières.

On pourra chercher longtemps, dans la production littéraire de cette gauche qui se veut radicale, des articles expliquant pourquoi à Cuba, malgré le blocus, le taux de mortalité infantile est inférieur à celui des USA, l’espérance de vie est celle d’un pays développé, l’alphabétisation est de 98% et il y a 48% de femmes à l’Assemblée du pouvoir populaire (merci à Salim Lamrani et à Flavien Ramonet, enfin, de l’avoir fait). On n’y lira jamais, non plus, pourquoi le Kérala, cet Etat de 33 millions d’habitants dirigé par les communistes et leurs alliés depuis les années 50, a l’indice de développement humain de loin le plus élevé de l’Union indienne, et pour quelle raison les femmes y jouent un rôle social et politique de premier plan. Car les expériences de développement autonome et de transformation sociale menées loin des projecteurs dans des contrées exotiques n’intéressent guère nos progressistes, fascinés par l’écume télévisuelle et les péripéties du barnum politicien.

Dopée à la moraline, intoxiquée par le formalisme petit-bourgeois, la gauche boboïsée signe des pétitions, elle intente des procès et lance des anathèmes contre des chefs d’Etat qui ont la fâcheuse manie de défendre la souveraineté de leur pays. Ce manichéisme lui ôte la pénible tâche d’analyser chaque situation concrète et de regarder plus loin que le bout de son nez. Elle fait comme si le monde était un, homogène, traversé par les mêmes idées, comme si toutes les sociétés obéissaient aux mêmes principes anthropologiques, évoluaient selon les mêmes rythmes. Elle confond volontiers le droit des peuples à s’auto-déterminer et le devoir des Etats de se conformer aux réquisits d’un Occident qui s’érige en juge suprême. Elle fait penser à l’abolitionnisme européen du XIXe siècle, qui voulait supprimer l’esclavage chez les indigènes en y apportant les lumières de la civilisation au bout du fusil. La gauche devrait savoir que l’enfer de l’impérialisme aujourd’hui, comme du colonialisme hier, est toujours pavé de bonnes intentions. Lors de l’invasion occidentale de l’Afghanistan, en 2001, on n’a jamais lu autant d’articles, dans la presse progressiste, sur l’oppression des femmes afghanes et l’impératif moral de leur libération. Après quinze ans d’émancipation féminine au canon de 105, elles sont plus couvertes et illettrées que jamais.

LE SUFFRAGE UNIVERSEL, CHARME DISCRET DE LA DEMOCRATIE BOURGEOISE

http://mai68.org/spip/spip.php?article1550

"La discussion fut ajournée, mais le suffrage universel immédiatement proclamé. Il fallait en effet calmer des insurgés menaçants et contrebalancer des mesures d’austérité." Cette citation de Monsieur le Professeur de science politique Alain Garrigou, tirée de son article au "Monde diplomatique" sur le suffrage universel, pourrait résumer la réponse que je fais ici à ce même article.

Le dessin ci-dessus, illustrant l’article d’Alain Garrigou, pourrait tout aussi bien illustrer mon texte, mais ironiquement, non pour montrer la "conquête" de 1848, mais pour expliquer comment la bourgeoisie a désarmé la révolution (sur ce dessin d’époque, on voit un "homme" remplaçant son fusil par un bulletin de vote).

La bourgeoisie préfère la lutte électorale à la lutte des classes. Et le pseudo-combat entre droite politicienne et gauche politicienne n’est que le spectacle (au sens de Debord) de la lutte des classes. C’est-à-dire que, par un subterfuge bien mené, le pouvoir prestidigitateur a pu subtiliser la lutte des classes et la remplacer par le pseudo-combat électoral droite-gauche sans que personne ne s’en rende compte. Les vaincus ferment les yeux : il est plus facile de ramper vers une urne que de se lever comme le Che, kalachnikov à la main.

Cliquer ici pour l’article et les commentaires

Léon Blum - « Nous armerons le prolétariat… tout le reste n’est que littérature ! » (vidéo 36’’)

http://mai68.org/spip/spip.php?article5381

« Nous procèderons à l’armement du prolétariat ! »

Telle fut la La promesse électorale de léon Blum !

Cliquer sur l’image pour voir la vidéo.

Bien sûr, Léon Blum n’a pas armé le prolétariat, et il n’a même pas aidé les révolutionnaires espagnols de 1936 contre Franco. Mais constatez-le, voilà ce qu’il fallait dire à cette époque pour gagner une élection. Et constatez autre chose : la prétendue "extrême gauche" d’aujourd’hui en France est bien moins à gauche, dans le discours tout au moins, que la vieille SFIO de Léon Blum. Il faut en revenir à un tel rapport de force, à une telle conscience de classe, qu’un candidat de gauche, pour se faire élire, soit obligé comme Léon Blum de promettre l’armement du prolétariat !

Cliquer ici pour les commentaires.

2 Messages de forum

  • Ce constat, assez réaliste, de la descente aux enfers de la « gauche » française, est probablement encore en dessous de la triste vérité, et surtout, ne va pas vraiment chercher les cause objectives du problème…

    En effet, si l’on remonte aux années 60-70, alors qu’on en était au début du « déclin » par rapport aux fameuses « 30 glorieuses », ce qui est à priori plutôt étonnant, c’est la survivance, à cette époque de relative « abondance » pour les classes populaires françaises, d’idéologies révolutionnaires fortement marquées par les utopies ouvrières du début du 20e siècle et par la révolution bolchévique… Même si c’était sous des formes déjà largement édulcorées par l’idéalisme « humaniste » petit bourgeois…

    En réalité, cela traduit simplement le retard d’évolution de la superstructure par rapport à l’infrastructure… En fait, les classes populaires ont seulement fini, dans les années 80-2000, par intégrer les idéologies potentiellement véhiculées par l’état des rapports sociaux de cette époque antérieure, et se réveillent aujourd’hui à peine pour défendre leurs acquis sociaux, en réalité déjà condamnés par la crise et l’évolution actuelle du système…

    Évidemment, cela ne peut donc aller jusqu’à le remettre en cause, puisqu’il s’agit de conserver inconsciemment ce que l’on croit enfin être un modèle acquis… Même les combats du « désespoir » des licenciés sans rémission n’éveillent qu’une solidarité vague et mitigée…

    L’évidence que ce modèle est condamné est encore loin d’être perçue, même si personne ne croit plus vraiment à une sortie de crise…

    La « solution » apparaît comme une sorte « stase », de phase d’adaptation à la crise, comme si tout pouvait encore se stabiliser en l’état…

    Alors que les reculs sont constants et inexorables.

    Mais il ne le paraissent pas encore dans leurs conséquences.

    Les conditions "infrastructurelles" d’un nouveau bouleversement social ne sont peut-être pas très loin devant nous, mais les superstructures idéologiques pour la transformation réelle des rapports sociaux sont restées déjà trop loin en arrière par rapport aux dernières secousses sérieuses (36, la Résistance), et finissent seulement de s’effondrer. Mai 68, en fait de « Répétition générale », c’était plutôt carrément la queue de la comète, ses dernières étincelles…

    Pour en rallumer d’autres il faudrait faire très fort sur les silex, si l’on veut ranimer la flamme, et déjà, rassembler une tribu entièrement nouvelle, modeste mais déterminée… Il n’y a pas de « spontanéisme » là dedans…

    D’une part, la « cote de popularité » de Macron, elle, paraît « sombrer » sans qu’une seule ride n’apparaisse à la surface de l’eau, ce qui est tout aussi logique, si l’on se rappelle les conditions de son « élection », c’est-à-dire de sa « nomination » par le système, et d’autre part, la petite bourgeoisie « progressiste » espère encore, ou plutôt, enfin, pouvoir se vautrer dans les fauteuils avachis et sans ressorts d’un pouvoir à son image…

    L’auteur nous dis lui-même qu’elle n’est plus capable de produire des analyses, même approximatives…

    Mais pourquoi le devrait-elle ? Son heure est en train de passer et celle du prolétariat n’a pas encore réellement sonné.

    Quelques étincelles jailliront-elles à l’aube ?

    Il y faudrait au moins quelques silex…

    Luniterre

    PS : Rapport à un autre problème historique, la même question de rapports infrastructure/superstructure a été évoquée, récemment, sur TML :

    https://tribunemlreypa.wordpress.com/2017/08/18/doctobre-a-la-chute-de-lurss-problematique-du-rapport-de-force-et-de-la-superstructure/

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  • L’effondrement idéologique de la gauche n’est de loin pas limité à la France, c’est mondial. Comme le fait très bien remarquer do, la gauche sert à détourner la lutte de classe vers les élections. De plus, Marx avait l’honnêteté intellectuelle de reconnaître que ses théories manquaient de cohérence. Visiblement en regardant l’histoire de la gauche, une telle modestie n’est pas une vertu de la gauche qui a toujours considéré les théories de Marx comme les religieux considèrent les tablettes de la loi et n’a jamais chercher à comprendre les raisons de ce manque de cohérence.

    Pour qui s’intéresse aux peuples indigènes, les raisons de ce manque de cohérence sont évidentes. Ces peuples furent les premières victimes des colonisations, lesquelles de leur point de vue peuvent se résumer à une extermination massive (Hitler n’a rien inventé, il n’a fait que faire subir à des blancs européens ce que ceux-ci ont fait subir avant lui aux peuples du reste du monde). Aujourd’hui encore et quelque soit la couleur politique des gouvernements de leurs pays, leur survie est menacée car notre mode de vie, la société industrielle de consommation veut transformer leurs territoires en déserts en y construisant des voies de communication et des mines, et en transformant au passage leurs forêts en planches et en copeaux.

    Or ces peuples indigènes ont toujours été très clairs. Lors de la conquête de l’Ouest, ils nous ont expliqué qu’un être humain qui ne respecte pas son environnement est incapable de respecter ses semblables, et que nous ne comprendront que l’argent ne se mange pas que le jour où il ne restera rien d’autre.

    Depuis ils ont lu Marx et ils considèrent que le marxisme n’est que le revers de la médaille de notre civilisation industrielle. Pour eux, le problème est notre mode de vie, notre concept de civilisation suprématiste qui ne pense qu’à dominer et exploiter la nature et ses ressources, dont l’homme. Ils remarquent avec justesse que notre concept de civilisation est basé sur 3 principe de base :

    1) le progrès qui a partir des premières routes de l’Antiquité à permis aujourd’hui de construire la civilisation industrielle de consommation.

    2) le productivisme ou travail obligatoire qui a pris différentes formes à travers l’histoire, esclavage, servage, prolétariat, etc.

    3) l’argent pour financer le progrès et son système.

    Il constatent que Marx ne s’attaque qu’à l’argent et qu’ainsi le marxisme, incapable de se débarrasser du progressisme et du productivisme ne se débarrassera jamais de l’argent et que donc il ne fait que participer au développement de cette civilisation suprématiste vers plus d’efficacité. En effet, en pratique que proposent les marxistes : ils proposent juste de se débarrasser des bourgeois en les astreignant au travail obligatoire, ce qui ne règle pas le problème de fond, à savoir notre mode de vie suprématiste, lequel avec l’industrialisation est devenu mortifère.

    Nous savons aujourd’hui que notre mode de vie, cette société industrielle de consommation est en train de tuer le vivant. Nous savons aussi que tout ce que la gauche propose est de repeindre ce mode de vie en rouge-vert. La bonne question est donc de savoir si nous voulons nous attaquer à résoudre le vrai problème qui est celui d’un mode de vie mortifère, ou si nous voulons continuer la fuite en avant vers le suicide collectif.

    Pour ne pas participer à cette course au suicide, un axe de lutte est de se libérer des idéologies et de ne pas céder à l’évangile des temps modernes qu’est la publicité. La pub, c’est mieux que Mein Kampf pour endoctriner les masses car son message unique est tellement simplissime qu’il peut se résumer en 2 mots : "Consommons plus !".

    Ce qui revient à dire comme le dit très bien HK : "Niquons la planète !"

    Le problème de base est de court-circuiter le système. Pour cela il faut dés aujourd’hui développer des alternatives non marchandes et respectueuses de l’environnement. Par exemple revenir au troc quand c’est possible. Ou plutôt que d’acheter sa nourriture dans les grandes surfaces, l’acheter au marché chez des producteurs locaux et en parallèle faire son propre jardin.

    Sur le long terme, il faut développer des alternatives locales et durables dans tous les domaines, et quand ce n’est pas possible, se faire une raison et abandonner ces domaines d’activités. Une activité basée sur des technologies ou des ressources non locales ne sera jamais durable et implique un mode de vie suprématiste car basé sur l’exploitation des autres et de leurs ressources.

    En parallèle, il faut arrêter la civilisation industrielle, mais ça c’est la partie facile, il suffira de lui couper les veines en faisant sauter les autoroutes énergétiques que sont les pylônes électriques et les pipelines. De plus, sans développer des alternatives locales dans tous les domaines d’activité, arrêter notre mode de vie aboutirait au même résultat que continuer à le laisser faire, au suicide collectif de notre espèce.

    Mais de tout cela, les marxistes comme les capitalistes n’en ont cure, car ils sont tout deux persuadés que notre mode de vie, la civilisation industrielle, n’est pas négociable, que le travail obligatoire de son productivisme est le but de la vie des esclaves du système, et que le progrès qui tue le vivant résoudra tous nos problèmes, quitte à nous transformer en cyborgs d’ici à 20 ou 30 ans.

    Il n’est dés lors pas étonnant de constater que la gauche ne récolte encore des voix en nombre que dans les pays en voie de développement, c’est-à-dire dans les pays en voie d’industrialisation. Chez nous, beaucoup de gens ne sont pas dupes et ne vont simplement plus voter. Ils ont compris qu’aucune solution ne viendra jamais de l’intérieur du système qui domine nos vies et exploite l’intégralité du vivant et des ressources de la Terre.

    Par contre la plupart des gens chez nous, dans les pays riches, se comportent comme des zombies, comme des ombres. Ils sont tellement soumis au système, tellement domestiqués et résignés, que même s’ils se rendent compte qu’aucune solution ne viendra du système ou de ses sbires, ils ne savent pas comment faire pour court-circuiter le système et faire autre chose que collaborer avec lui en continuant à aller bosser et à consommer.

    C’est là où la gauche aurait un rôle à jouer : montrer aux gens comment court-circuiter le système en leur montrant comment s’organiser pour développer des alternatives comme occuper les maisons vides, faire des jardins collectifs, etc. Mais malheureusement, elle ne pense qu’à lutter pour le pouvoir et considère qu’une écologie non consumériste n’est pas porteuse, que l’internationalisme n’est pas porteur, que l’anti-impérialisme n’est pas porteur, etc.

    Bref, nous avons une gauche qui dés son origine n’a jamais su faire son autocritique, et qui donc n’a jamais su évoluer. Au lieu de cela elle n’a su que se diviser en un nombre infini de sectes, qui toutes brandissent les mêmes tablettes de la loi marxiste, et trahir ses idéaux.

    La solution ? elle est très simple. En même temps elle semble absolument inatteignable à la plupart d’entre nous tant ils sont soumis et domestiqués. Un être humain normal a à faire un choix : celui de son mode de vie. À partir de ce choix, il peut décider des combats qu’il veut mener.

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