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LA GUERRE EN AFGHANISTAN MARQUE-T-ELLE UN TOURNANT ?

lundi 11 septembre 2017, par Robert Bibeau

La guerre en Afghanistan a-t-elle constitué un tournant historique en précipitant l’effondrement d’une idéologie (socialiste totalitaire) en lutte contre une idéologie opposée (capitaliste libérale) ?

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Selon cette mythologie, largement répandue par les idéologues bourgeois et repris par les cassandres petits-bourgeois gauchistes, l’effort que cette guerre aurait réclamé de la part du camp soviétique, couplé à l’effort de riposter à la « Guerre des étoiles » lancée par Ronald Reagan, aurait entrainé l’effondrement du mode de production socialiste éreinté, sous-productif, et techniquement attardé. La guerre d’Afghanistan serait-elle la matrice des guerres modernes qui expliquerait à la fois la défaite soviétique ancienne et la défaite américaine moderne forçant le « pacifiste » Donald Trump à se transformer en hydre de guerre et à prolonger l’occupation américaine en Afghanistan (1) ?

La guerre afghane est une guerre nationaliste classique semblable à toutes les guerres antiimpérialistes de soi-disant « libération nationale » bidon menée par les talibans, comme hier elles furent menées par les bolcheviques, le Vietcong, les Khmers rouges, le MPLA, les castristes, les guévaristes, les sandinistes, les kadhafistes, les bolivariens, etc.

La guerre en Afghanistan fut effectivement l’un des fronts de guerre entre les deux alliances impérialistes comme le furent les guerres de Corée, d’Indochine, d’Angola, du Nicaragua, d’Algérie, de Cuba, de Palestine, de Libye, de Syrie, etc. Ce qui différentie la guerre d’Afghanistan c’est que les deux classes dominantes dans ce pays sont installées aux commandes de l’État national et des gouvernements régionaux, et elles se livrent une guerre de classe fratricide acharnée. Les féodaux au pouvoir dans les bourgades et les régions, contestaient, et contestent toujours, le pouvoir de la bourgeoisie commerciale (peu ou prou d’industrie) au pouvoir à Kaboul, la capitale. Le commerce de l’opium constitue la base économique de ce pouvoir bourgeois capitaliste mercantile. Le marché occidental constitue le déversoir de cette manne meurtrière. Voilà pourquoi les talibans au pouvoir interdirent la culture du pavot, non pas pour des motifs religieux comme les gauchistes et les féministes le répètent sur les traces des « néocons » occidentaux, mais pour tarir la base économique et détruire la base sociale de la bourgeoisie marchande émergente, d’abord sponsoriser par l’ambassade de Russie toute proche, puis, qui accepta de s’acoquiner avec les Américains quand le vent tourna, les talibans se retrouvant orphelins de leur parrain, mais toujours « libérateurs » nationalistes convaincus.

Il ne faut jamais oublier que toute décision politique – juridique – diplomatique – et militaire a toujours un fondement économique. La guerre d’Afghanistan perdure encore aujourd’hui et c’est la preuve que l’affrontement entre l’idéologie « communiste » et l’idéologie « capitaliste » n’était pas le motif de cette guerre – car même la Russie devenue ouvertement capitaliste financière – la guerre se poursuit, les USA ayant hérité de cette guerre nationale entre deux modes de production, entre deux classes sociales dominantes et antagonistes, prétendant toutes deux à l’hégémonie sur leur pays – féodaux contre bourgeois commerciaux (2).

Incidemment, le terme « Taliban » est une appellation générique pour identifier tous les clans de féodaux régionaux en guerre ouverte pour maintenir les anciens rapports de production tribaux contre les nouveaux rapports de production capitalistes commerciaux portés par la bourgeoisie mercantile. Le renforcement du contingent expéditionnaire américain n’aura aucune incidence sur le déroulement de la guerre tribale en Afghanistan (3). Les USA courent à leur défaite, peu importe ce qu’ils feront, même s’ils massacraient la moitié des trente-quatre millions d’afghans, la moitié restante leur tiendrait tête…n’en déplaise aux féministes Occidentales proguerres.

C’est pour conserver leur ancien mode de production de servage féodal sur les terres ancestrales, l’eau et le cheptel (les moyens de production agraire) que les soi-disant talibans (l’amalgame de tous les chefs de clans opposés à la mutation du pays vers l’économie de marché) interdisent l’école, la télévision et le mode de vie occidental que ce soit sous la houlette russe ou étatsunienne.

Quiconque voudrait mettre fin à cette guerre investirait massivement dans le pays, et créerait des usines, achèterait les récoltes de céréales des agriculteurs à prix convenu – complèterait la réforme agraire que l’ex-gouvernement prorusse avait entreprise.

Tout ceci n’a rien à voir avec l’empire anglo-saxon – le socialisme – le « communisme », le prolétariat (inexistant en Afghanistan), mais beaucoup à voir avec le Moyen-âge et le mode de production féodal en putréfaction ainsi qu’avec le mode de production capitaliste en déliquescence, incapable de s’imposer dans cette contrée que l’histoire a oubliée où la seule tactique que trouve l’impérialisme est de bombarder les populations civiles pour freiner l’avancée des talibans, renforçant d’autant le recrutement de leurs combattants.

Évidemment, il est aussi possible que les États-Unis garde un pied dans ce fatras économique afin d’empêcher la Chine d’y mettre la patte comme le propose un géostratège atlantiste (4). Pour la classe ouvrière mondiale, la tactique de la canonnière est à proscrire et il revient au peuple afghan de mener sa lutte de libération nationale pour accéder au mode de production capitaliste – transformer les paysans serfs en prolétaires salariés pour apporter leur contribution à la révolution prolétarienne mondiale comme nous le suggérons dans notre dernière publication (5).

(1) Près de 4000 soldats renforceront les 11 000 soldats américains déjà en Afghanistan https://fr.sputniknews.com/internat…

(2) https://fr.sputniknews.com/internat…

(3) https://fr.sputniknews.com/internat…

(4) http://www.mondialisation.ca/plus-d…

(5) Robert Bibeau (2017) Question nationale et révolution prolétarienne sous l’impérialisme moderne. L’Harmattan. Paris. 145 pages. Sur Amazon

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