Certes, nous ne savions pas que la société suisse Crypto AG avait permis à la CIA d’espionner 120 pays pendant quarante ans en faisant semblant de vendre des codes sûrs mais qui étaient décryptables par les services secrets américains. C’étaient des faux codes.
Mais, nous savons très bien que les "poulets végétaux" sont des faux poulets et les "steak végétaux" des faux steaks. Cependant, nous acceptons à tord de les appeler "poulets" et "steaks".
C’est le phénomène de la double-pensée telle que la décrit Orwell dans son 1984 : nous savons au moins partiellement que ce que nous vivons est faux ; mais, nous faisons semblant que ce soit quand même vrai. Ainsi les faux steaks sont appelés quand même "steaks", et les faux poulets "poulets".
Nous savons vaguement que nous vivons dans la société de l’arnaque ; mais, refusons d’en prendre vraiment conscience. La conscience que nous en avons n’est pas vraie : c’est de la fausse conscience.
Aujourd’hui, tout est faux !
C’est le bon moment pour citer une phrase célèbre de La société du spectacle que Guy Debord publia l’année précédant mai 68 : « Dans le monde réellement renversé, le vrai est un moment du faux »
L’arnaque est le stade suprême de la société spectaculaire marchande.