Hongkong : appel à la grève générale et au boycott des cours dans les universités
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AFP
Publié le 02/09/2019 à 09:01
Mis à jour le 02/09/2019 à 21:10
Après un week-end particulièrement violent, les manifestants hongkongais ont, dès lundi matin, mené des actions dans les stations de métro. Devant les lycées, les élèves ont formé une chaîne humaine en signe de protestation.
Hongkong vivait lundi de nouvelles turbulences après un week-end marqué par des violences parmi les plus graves depuis le début du mouvement de contestation il y a trois mois. Les autorités de l’ancienne colonie britannique ont autorisé deux nouvelles manifestations, alors que plusieurs mouvements d’opposition ont appelé à un boycott des cours dans les universités et à la grève générale, mais celle-ci ne semblait pas avoir pris en milieu de journée.
Dès les premières heures de la journée, les manifestants ont semé le chaos dans les métros et trains durant les heures de pointe. Habillés de noir, un certain nombre d’entre eux ont bloqué les portes des trains dans plusieurs stations, les empêchant de démarrer et causant d’importants retards sur tout le réseau.
L’ampleur des perturbations générées a cependant été sans aucune mesure avec le chaos créé le 5 août, quand des opérations de blocage avaient paralysé pendant plusieurs heures l’ensemble d’un réseau d’ordinaire d’une efficacité remarquable.
Par ailleurs, les universités devaient reprendre les cours lundi après les vacances d’été, mais les étudiants, qui forment la colonne vertébrale des protestataires antigouvernementaux, ont appelé à boycotter les cours pendant deux semaines ainsi qu’à un rassemblement dans l’après-midi. Des élèves du secondaire ont formé des chaînes humaines devant plusieurs lycées publics. Certains portaient des masques à gaz, des casques et des lunettes de protection, comme le font les manifestants pour se protéger des lacrymogènes.
Dans un établissement, une statue de Sun Yat-sen, grande figure politique qui avait proclamé la République chinoise en 1912, a été affublée d’un masque et de lunettes. Des élèves ont même séché les cours pour se rendre à une manifestation dans le centre de l’ex-colonie britannique. « Hongkong est notre maison. Nous sommes l’avenir de la ville et nous devons prendre nos responsabilités pour la sauver », a déclaré une élève de 17 ans se faisant appeler Wong.
Les militantes cibles d’attaques sexistes
Des militantes pro-démocratie assurent cependant avoir été victimes d’attaques sexistes en ligne, en représailles à leurs prises de position. Menaces de viol, photos humiliantes ou montages : les Hongkongaises soutenant le mouvement pro-démocratie affirment être harcelées sur internet par des internautes, qualifiés de « trolls », qui seraient à la solde de Pékin. Ils ne s’en prennent pas à mes opinions ou quoi que ce soit d’autre, ils m’attaquent simplement parce que je suis une femme », soutient Mickey Leung Ho Wun, lycéenne à Hong Kong.
La jeune femme de 17 ans a eu la surprise de découvrir sur Facebook, via une page de soutien à la police, un photomontage réalisé à partir d’un cliché pris au cours d’un rassemblement pro-démocratie. Sur la photo originale, Wun se tenait à côté d’une banderole sur laquelle était écrit : « Je suis une lycéenne ». Sur la version détournée, on pouvait lire : « Je ne porte pas de sous-vêtements ».
Sur les murs de la ville fleurissent des photos du visage de la cheffe de l’exécutif hongkongais Carrie Lam collé sur des corps à peine vêtus. De leur côté, des épouses de policiers ont été identifiées par les utilisateurs de l’application de messagerie Telegram. Ces derniers ont lancé un sondage invitant à voter pour la femme avec laquelle ils préféreraient « coucher », selon une source policière.
Hongkong a connu samedi une journée de protestations parmi les plus violentes depuis le début du mouvement. Et dimanche, des milliers de manifestants prodémocratie ont tenté de bloquer les accès de l’aéroport en érigeant des barricades à l’aide de chariots à bagages, avant d’être chassés par la police. Vingt-cinq vols ont été annulés dimanche, ont indiqué les autorités aéroportuaires, ajoutant que les transports étaient en grande partie revenus à la normale.
Ils ont aussi utilisé des tuyaux pour inonder la station de métro de Tung Chung, localité voisine de l’aéroport, et aussi brûlé un drapeau chinois, un geste susceptible de provoquer la fureur de Pékin.
Né en juin du rejet d’un projet de loi qui devait autoriser les extraditions vers la Chine, le mouvement de contestation a depuis considérablement élargi ses revendications. Celles-ci renvoient toutes à la dénonciation d’un recul des libertés et de l’ingérence grandissante de Pékin en violation du principe « Un pays, Deux systèmes » qui avait présidé à la rétrocession en 1997.