UN FESTIN AUX REQUINS
(art moderne et âgisme)
Scandale à MAC2000/macparis, les candidats sont sélectionnés en fonction de leur âge.
Démographe
Devant une pénurie de jeunes frais sortis des écoles d’art, nostalgique façon Antonioni, le président Hervé Bourdin commet LA bourde aggravée pour un salon « non lucratif » et, soit dit en passant, prétendument de « gauche » : fraîcheur oblige, la sélection au faciès a pour premier critère une date de naissance, jeune de préférence. Date de péremption au-delà du quadra, dont le cota sur le plateau (petits légumes crus, salade en garniture) autour du hors-d’œuvre du « Maître » ne doit point dépasser l’assiette…
Bourdin en cordon bleu
Les bouées d’amour sont donc personæ non gratæ pour ce capitaine, et, certes, le fonds de sauce est un peu le nerf de la guerre des subventions, mais juste une question qui fâche : Pourquoi ne pas accepter un petit cota de « défraîchis » ? Le maître à bord ne tolérerait-il aucune concurrence ?
ENQUÊTE EXCLUSIVE CHEZ LES BOBOS DE L’ART
Témoignage d’un candidat sélectionné par mégarde, en raison d’une confusion sur son âge.
Du loup de mer
En 2016, monsieur Durand est sélectionné ; s’ensuit une visite d’atelier. Le choc : où est le petit étudiant en art de la Villa Arson présumément logé chez l’habitant ? Stratégie de survie : l’on promet le prochain salon, plus intimiste ; ce sera donc au printemps prochain, et pas pour le mois de novembre. Ah ! Mais… À moins que vous ayez de grandes pièces, ou de celles qui ont du néon pour bonimenter le public ? Ah ! Non ?… Ben, alors rendez-vous au printemps prochain. Bien, bien. L’on papote, au moins pendant 3/4 d’heure. De la pluie et du beau temps de l’art, de la jeunesse qui n’y est plus, et préfère l’autonomie et les squats, etc. M. Bourdin rentre enfin, dûment guidé par son GPS.
Tombée des masques
Le printemps arrive, et tiens ! Pas de nouvelles… Le dernier petit mail du mois précédent était pourtant sympa. (Le témoin cite : « Bonjour et merci de tes envois. (…) Bon été à vous deux. ») Notre quinqua, pas tant défraîchi que ça, postule donc et, oh « bonheur » ! il y a désormais une case : ÂGE… À MAC2000/macparis l’on n’aime pas se fourvoyer, et l’on tire les leçons des bévues passées.
Une carcasse insistante
Voyons-donc. Tiens, le dossier quinqua comporte désormais, en plus des œuvres intimistes, du (très) grand format, et même du néon ! Bah, n’allez pas croire : il ne sera pas dit que du quinqua grand format néontisé et intimiste fera masse à côté du plat principal à la MAC2000/macparis édition 2017. End of the story ? (Rires.)
Que nenni
« Votre candidature (…) », signé Hervé Bourdin. (L’on est très loin du petit mail intimiste et du tutoiement du 20/07/2016.) Est-il nécessaire de préciser que, de la part de « Noé », aucune réponse ne sera plus accordée au mauvais quinqua. Persona non grata ipso facto rejetée à la mer, elle ferait, s’il faut en croire un charmant petit bouquin intitulé Noé (et dont l’auteur n’est autre que notre cher et regretté Roger Caillois), un festin aux requins.
Pour aller plus loin
Pour aller plus loin dans le portrait de l’homme à la barre de l’art parisien, notre témoin nous présentait quelques vignettes croquées sur le motif.
Choquant
Voici. « Il nous confiait (une personne accompagnait notre témoin) que l’ancienne présidente du salon exposait des artistes jeunes et qu’elle-même, bien que "médiocre artiste", pouvait ainsi exposer. » Tiens donc. « Que ces artistes représentaient toutes les tendances de la gauche d’alors. C’étaient des ultras, comme ils n’étaient pas encore épinglés : des maos, des trotskistes, quelques situs, etc. Que cela foutait le bordel, et qu’il y avait des pugilats pas seulement oratoires (sic), mais que, toutes ces luttes intestines, toutes ces contradictions étaient aussi, surtout, d’une grande richesse créatrice… » Possible.
Ringard
« Enfin, revenant aux jeunes de notre époque, qui ne peuvent mener un projet car ils se couchent à point d’heure et descendent au café dès le réveil à 11 h 00 pour discuter et ne remontent à l’atelier que vers 14 h 00 ou 15 h 00, y travaillant en tout et pour tout trois, disons quatre heures au maximum par jour… » Etc. Le tout à l’avenant.
Productiviste
Le pater familias de l’arche MAC2000/macparis, qui semble avoir droit dans son discours de vie sur les œuvres à traire de ses petits « protégés », leur assène alors un avis : « Travailler. Il est préférable de travailler. Juste un petit boulot, de quoi se nourrir et acheter les matériaux pour créer le soir, la nuit, les week-ends. » Eh oui, il paraît que le travail rend libre…
Note de la rédactrice
Le quinqua a une durée de vie artistique assez relativement brève, autrement dit, peu de spéculation sur le long terme : il ne saurait engraisser (placement, spéculation) un portefeuille client. Il ne génère pas les aides de l’État, de la Région (la « pression des subventionneurs », dixit HB). Il est rétif au don des œuvres à l’endroit de son protecteur, à la dépense fastueuse, au sens de Bataille ; il est plus enclin à la critique. Il n’a pas nécessité de céder une ou deux de ses œuvres contre un mois de villégiature dans la résidence de quelque mécène de l’art…
Zuria Buztingorri
http://antecimaise.org/contact
Répondre à ce message