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Huawei doit apprendre à vivre sans Google

jeudi 2 juillet 2020, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 2 juillet 2020).

https://www.letemps.ch/economie/hua…

Publié mercredi 1 juillet 2020 à 21:10
Modifié mercredi 1 juillet 2020 à 21:24

Anouch Seydtaghia

Le groupe chinois, frappé par des sanctions américaines, commercialise depuis ce printemps en Suisse un smartphone sans aucun service de Google. Pour son responsable national, les solutions alternatives trouvées par Huawei vont séduire le consommateur

Est-il possible de vivre sans Google ? Cette question, le groupe chinois Huawei se la pose depuis l’année passée, lorsque les premières sanctions commerciales américaines commençaient à le frapper. Cette interrogation est aussi celle du consommateur suisse : actuellement, le smartphone haut de gamme P40 de Huawei est vendu sans aucun service de Google et uniquement avec une version libre et édulcorée du système Android. Pas de magasin d’applications Play Store, pas d’app pour YouTube, Gmail, Maps ou encore GDrive. Il est uniquement possible d’accéder à ces services via le navigateur web – ce qui est peu pratique et n’offre aucune interaction entre les apps.

Pour un appareil vendu tout de même 999 francs par Sunrise, le client peut hésiter. C’est pour tenter de dissiper ces doutes que la firme chinoise lance une campagne de communication, en s’adjoignant notamment les services de son ambassadrice Christa Rigozzi, Miss Suisse 2006. Ce jeudi, c’est en sa compagnie que Steven Huang, directeur de Huawei pour la Suisse, reçoit les médias dans un palace de Lausanne. Quelques heures avant, Le Temps s’est entretenu avec lui pour évoquer les sanctions qui frappent sa société. Accusée par Washington de collusion avec le pouvoir chinois, Huawei ne peut plus utiliser les services de Google pour ses nouveaux téléphones.

Numéro trois en Suisse

Au niveau mondial, Huawei a talonné Samsung pour la place de numéro un sur le marché des smartphones au premier trimestre, avec 17,6% des ventes, contre 21,2% pour son rival sud-coréen et 14,3% pour Apple, selon la société de recherche Strategy Analytics. En mai, Huawei est même passé devant Samsung, selon le cabinet de consultants Counterpoint Research. « En Suisse, notre position demeure extrêmement solide, affirme Steven Huang. Nous sommes numéro trois, derrière Samsung et Apple, avec 11% de parts de marché, selon le cabinet de recherche GFK. Il n’y a aucune raison pour que nous reculions en Suisse, un marché important pour nous. »

Et pourtant, le modèle haut de gamme P40 est l’une des premières victimes de l’embargo américain – Sunrise y a apposé, sur son site, l’avertissement « sans services Google Mobile ». Quant à Swisscom, il ne compte pas proposer ce modèle pour le moment. La société chinoise a été contrainte de développer les Huawei Mobile Services (HMS), sa propre boutique d’applications.

« Notre modèle P40 est très attractif, poursuit Steven Huang. C’est un téléphone 5G puissant, doté d’un très bon capteur photo. Et n’oubliez pas qu’il tourne avec une version open source d’Android. Via le système HMS, nous avons créé un écosystème d’applications très utiles, que ce soit pour des services de stockage dans le cloud, les galeries d’images, pour écouter de la musique ou simplement pour surfer sur internet. » La société est aussi fière de proposer le logiciel Petal Search, système permettant tant de trouver des apps que d’effectuer des recherches sur internet, en partenariat avec le moteur de recherche européen Qwant.

Avec UBS et les CFF

Huawei conçoit donc ses propres apps pour remplacer celles de Google. « Nous travaillons aussi étroitement avec des entreprises suisses telles que UBS, les CFF, la Banque Migros et TX Group pour rendre disponibles les principales apps suisses dans notre boutique », promet le responsable de Huawei. Mais malgré les moyens déployés par le groupe chinois, son magasin d’applications (environ 50 000 programmes) n’est en rien comparable avec ceux de Google et d’Apple, qui proposent chacun plus de 2 millions de programmes.

Steven Huang le reconnaît volontiers : « Le but n’est pas forcément de se passer de Google, mais d’offrir au client le choix. Plus de 5000 ingénieurs travaillent dur pour développer notre nouvel écosystème et aider les créateurs d’apps. Nous demeurons l’un des leaders sur le marché des smartphones. En avril, nous avons d’ailleurs été classé numéro un mondial. Nous ne sommes pas inquiets, nos clients non plus. »

L’énigme Harmony OS

Pas d’inquiétude en surface, donc, mais par prudence le groupe chinois développe depuis des mois son propre système d’exploitation pour mobile, baptisé Harmony OS. L’objectif, c’est d’imiter Apple, en concevant les téléphones, les applications et le système d’exploitation. Mais pour l’heure, Harmony OS n’a été déployé sur aucun smartphone. Il ne fonctionne que sur des téléviseurs. Et même si Huawei affirme qu’il peut le déployer rapidement, en cas de nécessité, sur des téléphones, la plupart des experts estiment que ce système n’est pas encore mûr – sans parler de la difficulté qu’il y aura à le faire accepter à des consommateurs occidentaux habitués au duopole constitué d’Android (Google) et d’iOS (Apple).

A noter que Steven Huang n’a pas souhaité s’exprimer sur la 5G, celle-ci n’étant pas sous sa supervision.

Huawei désigné comme menace pour la sécurité nationale américaine

La pression américaine contre Huawei se renforce. Mardi, la Federal Communications Commission (FCC), le gendarme américain des télécoms, a classé Huawei et son compatriote ZTE comme des menaces pour la sécurité nationale. Conséquence : les 8 milliards de dollars dont dispose chaque année la FCC pour son fonds de service universel ne pourront pas être utilisés pour acheter des équipements auprès de ces deux sociétés chinoises. Selon le président de la FCC, Ajit Pai, les deux sociétés « ont des liens étroits avec le Parti communiste chinois et l’appareil militaire chinois ». Aucune preuve concernant ces accusations n’a été rendue publique par Washington.

Cette annonce intervient alors que le Royaume-Uni s’apprête à afficher une ligne plus dure envers Huawei. En janvier, Londres avait décidé d’interdire à ses opérateurs télécoms d’acheter des éléments dits « sensibles » pour les réseaux 5G auprès de la société chinoise. Les opérateurs ne devaient pas non plus acquérir, au total, plus de 35% de leurs équipements 5G auprès de Huawei. Cette semaine, plusieurs ministres anglais ont affirmé que des sanctions plus dures seraient bientôt décidées, sans être plus précis. Un bannissement total de Huawei pour la 5G est possible.

Une telle option n’est pas envisagée en Suisse, les autorités ayant donné, en 2019, le feu vert à la société chinoise pour qu’elle poursuive ses activités en Suisse. Huawei développe le réseau mobile de Sunrise, dont celui en 5G, et fournit des équipements à Swisscom pour son réseau fixe. A.S.

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