Laurent Joffrin de Libé : Dans le trio des leaders de Mai 68, il était le jeune premier, candide et incisif. A côté de Daniel Cohn-Bendit, Till l’espiègle aux yeux bleus, orateur né, anar imprévisible, et d’Alain Geismar, plus rond et plus âgé, Jacques Sauvageot était un vice-président de l’Unef au visage d’ange, entre Saint-Just et Dorian Gray. Il est mort samedi 28 octobre 2017 à 74 ans des suites d’un accident de la circulation.
Personnage sensible, cultivé, amateur de beaux-arts et d’architecture, il fait mentir cette idée selon laquelle les anciens de Mai se sont retrouvés ensuite au sommet de la société. Professeur humble et compétent, Sauvageot enseigne tout le reste de sa carrière, écrit des livres d’architecture, dirige l’école des Beaux-arts de Rennes et traverse la fin du siècle et le début du suivant sans chercher le strass, refusant la fonction un peu ridicule d’ancien combattant, gardant les mêmes idées libertaires et égalitaires. Leader d’une révolte sans chefs, il a refusé d’en devenir un. A l’esprit de Mai 68, il est ainsi resté l’un des plus fidèles…
Note de do : Cet article est intéressant parce qu’il donne une version de mai 68 et de ses liens avec les comités Vietnam. Je cite Joffrin : « les éléments avancés d’une génération d’adolescents nourris de musique rock et de contestation, sur fond de révolution sexuelle et de révolte étudiante contre la guerre du Vietnam. »