Si on plante, c’est qu’on s’est planté
Gaspard d’Allens pour Reporterre, 10 novembre 2022 :
Emmanuel Macron veut planter « 1 milliard d’arbres d’ici 2030 » pour faire face aux conséquences du réchauffement climatique. Une « politique du chiffre néfaste » : mieux vaut préserver les vieilles forêts.
Le nombre d’arbres plantés est un très mauvais indicateur pour évaluer une politique forestière. On alimente une vision biaisée de la forêt. Une forêt, normalement, ne se plante pas. Elle croît et pousse par elle-même avec ses forces spontanées. Elle se régénère naturellement, en symbiose avec les êtres, la faune et la flore qui la compose.
Les vieilles forêts abritent des cortèges d’espèces qui n’existent nulle part ailleurs.
On prend trop souvent les plantations d’arbres pour de véritables forêts. Elles n’ont pourtant rien à voir. Les plantations sont des systèmes artificiels qui nécessitent des investissements lourds, un suivi sur le long terme et des travaux forestiers. Ce sont des champs d’arbres rectilignes, tracés au cordeau où la biodiversité est très limitée.
Les récents incendies dans les Landes de Gascogne l’ont encore démontré. Les forêts naturelles ont mieux résisté que les monocultures de pins maritimes, sous perfusion d’engrais et au sol labouré, toutes parties en fumée.
En ville aussi, les arbres centenaires déjà existants — très souvent menacés par les projets d’aménagement — survivent bien mieux et captent plus de carbone que lesdites forêts Miyawaki que les élus plantent à grand renfort de communication pour verdir leur bulletin municipal.