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Europe,Israël - 23 avril 2013 - une alliance contre nature

mardi 23 avril 2013 (Date de rédaction antérieure : 23 avril 2013).

Europe,Israël : une alliance contre nature

http://www.michelcollon.info/Europe-Israel-une-alliance-contre.html

18 avril 2013

Les critiques sont, à juste titre, élogieuses. Un livre important pour Ken Loach. Robert Fisk, lui , a eu le souffle coupé. Avec « Europe, Israël : une alliance contre nature », David Cronin signe en effet un ouvrage capital, une enquête approfondie qui met en lumière les liens étroits que les milieux politiques et économiques du Vieux Continent ont tissés avec l’État colonial du Proche-Orient. Journaliste irlandais ayant notamment évolué au Guardian avant de rejoindre l’Electronic Intifada, David Cronin vit à Bruxelles et est un fin connaisseur des arcanes de l’Union européenne. Nous vous proposons régulièrement des traductions de ses articles. Aujourd’hui, nous vous dévoilons une partie de son dernier livre paru en français aux éditions La Guillotine.

L’approfondissement des relations économiques et politiques de l’Europe avec Israël ne peut pas être dissocié de cette empreinte néolibérale. Cela est devenu encore plus clair en novembre 2007 lors du « dialogue commercial UE-Israël », où des hommes d’affaires ont réfléchi sur la meilleure manière de démanteler les « barrières au commerce et à l’investissement ».

Le matériel promotionnel de ce « dialogue » ne disait pas que parmi les entreprises israéliennes présentes, un grand nombre se retrouve impliqué dans des activités en Palestine occupée et dans certains cas dans des activités que l’Union européenne rejette formellement. En voici quelques exemples :

Elbit : en plus de fabriquer des drones et d’autres armes pour l’armée israélienne, elle fournit des équipements électroniques pour le « mur de l’apartheid » qu’Israël construit. La Norvège a estimé que cette implication était si grave, qu’en septembre 2009 un fonds de pension détenu par l’État a retiré ses six millions de dollars d’investissements dans Elbit car le mur avait été déclaré illégal par la Cour internationale de justice. « Nous ne souhaitons pas financer des entreprises qui participent directement à des violations du droit humanitaire international », a déclaré la ministre des Finances.

Saban Capital : ce groupe est dirigé par Haim Saban, propriétaire de nombreux médias avec la double nationalité étasunienne et israélienne et qui figurait à la 261e place du classement Forbes des milliardaires en 2009. Il est l’un des propriétaires de Bezeq, une entreprise de télécommunication qui fournit des services dans les colonies en Cisjordanie et sur le plateau du Golan, ainsi que pour les bases militaires israéliennes et les checkpoints de Cisjordanie. Une de ses filiales, Pelephone, fournit des services de téléphonie mobile à l’armée et a installé une centaine d’antennes et d’autres installations dans les territoires palestiniens occupés.

Leumi : la seconde plus grande banque d’Israël a des succursales dans quelques établissements israéliens en Cisjordanie. Elle offre des prêts aux colons pour construire leurs maisons. Elle contrôle en partie Paz Oil et SuperPharm qui détiennent des stations services et des pharmacies dans les colonies.

Selon la Commission européenne, l’établissement de ce dialogue est le fruit de conversations commencées en 2005 entre Ehud Olmert et Günter Verheugen, Commissaire à l’industrie. En mettant sur pied cet organe, l’Union européenne a placé le minuscule Israël sur un pied d’égalité avec des pays comme les États-Unis, la Russie, le Japon et l’Inde. D’un certain point de vue, cela semble incroyable. Mais d’une perspective froidement économique, cela prend tout son sens étant donné qu’Israël est un concurrent de la Silicon Valley. Pour encourager les entreprises européennes à s’engager davantage en Israël où le secteur de l’industrie hightech représente 7% du PIB, Verheugen a rappelé : « Il y a un énorme potentiel économique qui n’a pas encore été pleinement exploité. »

Le premier président de ce dialogue a été Yossi Vardi, mieux connu pour être un pionnier dans la messagerie instantanée sur Internet avec son entreprise ICQ. Cet homme n’est pas seulement expert en télécommunication, mais aussi dans la capacité à adapter ses messages en fonction du public. Il a par exemple tenté de se présenter comme une sorte de pacifiste. Bavardant avec le correspondant du New York Times, il a déclaré entre deux gorgées de cabernet sauvignon :

Cet endroit est fou : un boom technologique côtoie une situation politique inacceptable et le chaos dans une bande de Gaza où la plus grande partie de la population vit avec moins de deux dollars par jour. Ce n’est pas juste, ni soutenable ! Vous savez, le pouvoir corrompt et l’occupation représente la manifestation ultime du pouvoir. Il n’existe aucun contrôle, aucune contrepoids. L’occupation, après quarante ans, corrompt totalement.

Vardi a également reconnu avec un malin plaisir que les prouesses technologiques israéliennes étaient inextricablement liées à l’occupation. Dans un reportage de la BBC, il a soutenu que la guerre de 1967 avait été un pivot important pour le développement industriel du pays parce qu’elle avait mené Israël à une situation qui l’avait obligé à dépasser le sentiment d’avoir été banni (particulièrement par la France qui avait imposé un embargo sur les armes) : « Les deux vrais pères de la high-tech israélienne sont le boycott des Arabes et Charles de Gaulle parce qu’ils nous ont contraints à développer ce secteur. »


Préface d’Omar Barghouti : Israël est souvent perçu comme le 51e État des États-Unis. Désormais, il serait en passe de devenir membre de l’Union européenne. David Cronin a parcouru les couloirs de Bruxelles pour interroger hauts fonctionnaires et diplomates. Il a épluché les programmes européens et examiné les liens étroits que tissent les entreprises du continent avec ce petit État du Moyen-Orient. Loin des discours officiels, vous trouverez dans ce livre les résultats d’une enquête déroutante qui montre comment le prix Nobel de la paix 2012 participe à l’occupation de la Palestine et à l’oppression d’un peuple.

Ken Loach : Un livre important qui explore les relations complexes empêchant les pays européens de tenir Israël pour responsable.

Un livre remarquable, précis. Je suis resté le souffle coupé. Robert Fisk, The Independent :

http://assolaguillotine.wordpress.c…

Une étude bienvenue pour une réalité sous-examinée. Khaled Diab, The Guardian :

http://www.guardian.co.uk/commentis…

Un excellent livre sur l’hypocrisie européenne, Jean Bricmont, Université Catholique de Louvain :

http://assolaguillotine.wordpress.c…


David Cronin est un journaliste irlandais. Il a été rédacteur pour The Guardian, The Wall Street Journal Europe, European Voice, The Sunday Tribune et Inter Press Service. Il travaille actuellement pour The Electronic Intifada et vit à Bruxelles. Ce livre est la traduction de Europe’s Alliance with Israel paru chez Pluto Press en novembre 2010. Son blog : http://www.dvcronin.blogspot.fr/ ET articles traduits en français par Investig’Action


Commander le livre :

http://assolaguillotine.wordpress.com/commander/

4 Messages de forum

  • Les USA alliés d’Israël, et l’Europe ?

    http://www.michelcollon.info/Les-USA-allies-d-Israel-et-l.html

    18 avril 2013

    (Extrait du livre de David Cronin)

    Par le passé, les gouvernements européens ont parfois dit des choses qu’Israël a pu juger désagréables. En 1980, par exemple, une déclaration des neuf pays qui composaient alors la CEE disait que les colonies israéliennes en Cisjordanie et à Gaza étaient illégales au regard du droit international. Ils ont même insisté en déclarant que des mesures unilatérales pour changer le statut de Jérusalem n’étaient pas acceptable et appelèrent à des négociations entre Israël et l’OLP.

    Se dresser face à l’agression israélienne est une chose. Mais prendre une position de principe indépendante de l’influence américaine est une toute autre affaire, et c’est quelque chose que l’Union européenne n’a pas été en mesure de faire sérieusement depuis qu’elle est devenue un acteur important de la diplomatie internationale. Indépendamment de qui a occupé la Maison-Blanche, les États-Unis ont toujours fait tout ce qu’ils estimaient nécessaire pour affirmer leur suprématie au Moyen-Orient. La crise de Suez dans les années 1950 marque le début de cette hégémonie. Après l’attaque de l’Égypte par la Grande-Bretagne, la France et Israël en réponse à la nationalisation du canal, les USA ont déclenché une ruée sur la livre sterling. Les conséquences de cette action ont été si graves que la Grande-Bretagne est sortie d’Égypte, avec la France et Israël derrière elle. Washington n’allait plus rien tolérer dans la région sans sa permission.

    Une anecdote circulant parmi les initiés de la politique étrangère de Bruxelles nous offre un indice sur la perception d’Israël dans les couloirs des institutions européennes.
    Lors du premier mandat de Netanyahou comme Premier ministre dans les années 1990, un député espagnol a rappelé que les activités d’Israël dans les territoires occupés étaient tellement litigieuses que même le gouvernement de Clinton était mal à l’aise avec cette situation. Netanyahou aurait riposté de façon méprisante : « Vous, Européens, ne regardez que ce qu’il se passe au-dessus de la table. Si vous regardiez en dessous, vous verriez que nous tenons les Américains par les couilles. »
    Prétendre qu’Israël manipulerait les États-Unis de cette élégante manière est un point de vue discutable. Même s’il ne manque pas de preuves quant à l’énorme poids du lobby pro-israélien sur Washington, les USA utilisent aussi cette alliance pour leurs propres intérêts coloniaux au Moyen-Orient. Malgré les nombreux cas de tensions entre les deux nations dans les premières décennies suivant 1948, Israël a été considéré comme un « État client » de plus en plus important dès la présidence de Richard Nixon au début des années 1970. Quand il est devenu clair que la guerre du Vietnam était perdue, Nixon a développé une nouvelle doctrine : les États-Unis devaient éviter la confrontation directe dans les pays du « tiers-monde » et s’appuyer plutôt sur des « laquais » comme Israël ou l’Iran (conduite par le Chah à l’époque).

    Pendant la guerre froide, l’Ouest étaient engagé dans la lutte contre le nationalisme arabe et l’influence soviétique dans cette région. Pourtant à la chute du communisme, le Pentagone ne s’est pas détourné du Moyen-Orient. Bien au contraire ! L’historien palestinien Rashid Khalidi a fait remarquer que les néo-conservateurs s’étaient fixés un agenda pour établir une nouvelle forme d’hégémonie américaine sur la région en collaboration avec Israël. Programme clairement affiché dans un document de 1996 que Richard Perle – un personnage important du Pentagone et un ardent défenseur de la guerre en Irak – avait écrit pour Netanyahou. Préconisant un changement de régime à Bagdad, il insistait pour que les USA et Israël aient un objectif identique de « paix à travers la force », métaphore orwellienne pour ne pas utiliser le mot « guerre ».

    Le rapprochement d’Israël vers l’Union européenne a été le fruit de la coopération dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme » que George W. Bush a déclarée suite aux atrocités du 11 septembre. Parce que les élans unilatéraux de Bush se sont révélés un facteur de division, il serait facile de penser qu’il y avait un désaccord transatlantique grave au cours de son premier mandat. En effet, avec Jacques Chirac et Gerhard Schröder contre la guerre en Irak, un débat surréaliste a eu lieu fin 2002. Les éditorialistes faisaient courir des histoires comme quoi des Américains en colère avaient rebaptisé leurs french fries en freedom fries ; boycottaient les vins de Bordeaux ; étaient révoltés de l’ingratitude envers les vaillants soldats américains venus mourir sur les plages de Normandie. Les conversations que j’ai eues avec des diplomates US de cette période ont été parmi les plus étranges de ma vie. Je me souviens d’un fonctionnaire dire sérieusement que les Français ne pouvaient pas s’opposer à la guerre parce qu’ils l’avaient soumis au tabagisme passif dans un café parisien le week-end précédent ! Je sais que la nicotine est nuisible, mais une agression militaire l’est-elle moins ?

  • « L’UE subventionne l’occupation de la Palestine » - Entretien avec David Cronin :

    http://www.michelcollon.info/L-UE-subventionne-l-occupation-de.html

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